Le pire et le meilleur du procès Bettencourt : le "César de la délinquance" pour François-Marie Banier

Publié le 23 février 2015 à 18h22
Le pire et le meilleur du procès Bettencourt : le "César de la délinquance" pour François-Marie Banier

JUSTICE - Alors que le procès s'achève jeudi à Bordeaux, cette semaine est consacrée aux plaidoiries de la défense. A l'heure du bilan de ce procès-fleuve, Metronews brosse le portrait des prévenus et ce qu'il fallait retenir de leurs auditions. Aujourd'hui, le photographe et ex-confident de la milliardaire, François-Marie Banier.

Qui est-il ?

François-Marie Banier, 67 ans, est le principal prévenu du procès Bettencourt. Artiste touche-à-tout (romancier, écrivain, photographe), il fut depuis les années 1990 jusqu'en 2010 un des plus proches amis de la milliardaire Liliane Bettencourt. Celui qui n'hésitait pas à s'allonger sur le lit de la femme la plus riche du monde - en gardant ses chaussures - et à se permettre, dit-on, de la surnommer "la grosse" est aussi celui qui a touché le plus : près d'un milliard d'euros en vingt ans d'amitié. C'est d'ailleurs par lui que tout a commencé quand, en septembre 2007, la fille de l’héritière a porté plainte pour "abus de faiblesse" sur sa mère. Le parquet a requis la peine maximale : trois ans de prison et 375.000 euros d'amende. Mais il risque aussi la confiscation de tous ses biens.

Son profil : délicieusement irritant

Il est drôle, orgueilleux, élégant, et délicieusement irritant, ce François-Marie Banier. Dès les premiers jours, l'homme a mis de la couleur dans ce procès des cols blancs. Même si son costume est sage (noir et blanc, invariablement), l'artiste donne vite le ton : son phrasé théâtral, son auto-promotion permanente et son culot face aux magistrats ont rapidement fait de lui l'attraction du procès. Il semble d'ailleurs se complaire dans ce nouveau rôle. Toujours souriant quand il se présente chaque matin au tribunal, l'homme papote, entre deux audiences, avec les journalistes et les policiers, prend même quelques photographies avec son vieux Leica dans la salle des Pas perdus. Au point que l'on se demande parfois si cet artiste à l’ego démesuré n'a pas trouvé dans ce procès la publicité dont il a toujours rêvé...

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Ce que l'on retient : son double visage

Loin de son personnage de dandy rêveur, les débats ont montré que François Marie-Banier était aussi un homme avide. Avide d'attention, certes, mais aussi de richesse. Auprès de sa chère Liliane, celui qui jure "ne pas être un homme d'argent" en fait pourtant beaucoup pour bénéficier de ses largesses. "Lui est le gourou. Elle, dans ses filets, devient sa chose", résume le procureur Gérard Aldigé. François Marie-Banier séduit, amuse, et flatte son amie de sorte qu'elle lui donnera toujours ce qu'il réclame. Des millions d'euros et des œuvres d'art surtout. Mais ce n'est pas assez.

On apprendra notamment qu'à peine André Bettencourt enterré, François-Marie Banier tente de se faire adopter par la veuve. Mais l'opération s'avère délicate. D'autant qu'à l'époque, la milliardaire est "complètement à l'ouest", selon ses proches, qui racontent qu'elle "se perd dans sa maison". Alors François-Marie, qui bénéficie déjà des contrats d'assurance vie de l'héritière (il y en a pour près de 262 millions d'euros) va manœuvrer pour se faire désigner légataire universel. Le testament sera finalement révoqué en 2010. Mais il s'en est fallu de peu pour que l'artiste devienne l'un des hommes les plus riches de France. "Si un jour il y a un César de la délinquance, il faudra le récompenser", avait résumé l'avocat de Liliane Bettencourt, Me Ducos-Ader.

Le moment gênant : le "petit tas de secrets minables"

Ils portent la trace de sa double personnalité. François-Marie Banier, jusque sur les bancs du tribunal, écrit sur ses petits carnets. Certains extraits, lus par le tribunal, donnent à voir un homme capricieux, parfois grossier, qui tranche radicalement avec l'homme doux et aimable qui écrit quasi-quotidiennement à sa "chère Liliane". Et témoignent, selon l'accusation, de ses talents de manipulateur.

"Merci de ces moments dont chaque jour me fait découvrir en vous une chaleur, une poésie", écrit-il ainsi un jour à son amie. Mais quand, en 2002, Liliane Bettencourt lui offre du vin à Noël, Banier note dans ses calepins : "sur 4.000 bouteilles (de sa cave), elle m'en envoie 12 (…). Un autre indice de sa médiocrité". Ou encore lorsqu'il s'inquiète sur le paiement par l'héritière des droits liés à la donation : "J'ai 56 ans, je ne vais pas attendre 81 ans pour toucher les sous (...) elle manque de classe, elle ne veut pas un reçu ?" Que penser enfin de cette réflexion, consignée dans son carnet : "C'est à 80 ans que tout cela va me tomber sur la tête. Elle rit de me voir vieillard couvert d'or. Pas moi". Invité à s'expliquer, François-Marie Banier, comme à chaque fois qu'il ne trouve pas les mots, emprunte ceux d'un autre. Il choisit alors Malraux : "Chaque homme est un petit tas de secrets minables".

► Vous ne comprenez rien à l'affaire Bettencourt ? Metronews vous explique tout dans une infographie animée ci-dessous. Suivez le guide !


 


La rédaction de TF1info

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