Les papys veulent engager un tueur à gages, ils tombent sur un gendarme

par Maud VALLEREAU
Publié le 19 novembre 2014 à 19h05
Les papys veulent engager un tueur à gages, ils tombent sur un gendarme

JUSTICE - Deux hommes comparaissent jeudi devant le tribunal correctionnel d'Evry pour une affaire rocambolesque. André et Serge sont accusés d'avoir contacté "Gino", faux tueur à gages et vrai gendarme infiltré, pour infliger une correction à l'homme qu'ils n'aimaient pas.

Le marché est conclu l'été dernier avec "Gino" dans un petit village de l'Essonne. Les deux papys commanditaires ignorent alors que derrière le tueur à gages à consonance italienne se cache un gendarme français infiltré. "C'est une histoire dingue", concède Pascale Poussin, l'avocate d'un des deux accusés - Serge D. 65 ans et André B. 70 ans - qui comparaissent jeudi devant le tribunal d'Evry pour "association de malfaiteurs en vue de commettre un délit".

"Comment des bons pères de famille ont-ils pu fomenter cela ?", s'était même interrogé le président du tribunal le mois dernier en présentant l'affaire avant que celle-ci ne soit renvoyée. La rancœur de "deux pieds nickelés" envers un "type pas très honnête", répondra leur défense. Serge en voulait à celui-ci d'être partie avec sa femme. Laquelle, en brisant son cœur, avait également réclamé la moitié des biens, l'obligeant à vendre le restaurant dont il était propriétaire à Vert-le-Grand. André, l'éclairagiste d’œuvres d’art à la retraite, était quant à lui "à bout des dix années de procédure passées avec cet homme qui lui avait acheté son entreprise sans jamais le payer, explique Me Poussin. Il ne croyait plus en la justice". Mais entre colère et vengeance, il y a une frontière que les deux comparses ont voulu franchir. Sans vraiment y parvenir, Gino n'ayant pas tout à fait honoré son contrat.

"Gino", l'arme fatale

"L'enquête a débuté par 'un tuyau' reçu par la gendarmerie. Une personne avait entendu parler de ces deux hommes qui proposaient un contrat pour la tête d'un autre", nous détaille une source proche du dossier. Pour vérifier les dires de leur informateur, les enquêteurs ont sorti l'arme fatale : "Gino", faux tueur à gages, vrai flic. Les rencontres avec ses futurs commanditaires s'enchaînent. On y parle "assassinat pour 12.000 euros" avant de finalement fixer un "contrat à 3.000 pour infliger une bonne leçon", poursuit la même source. Gino devra briser les jambes de sa cible. L'argent sera livré contre preuve.

Les gendarmes maquillent alors la victime : un œil au beurre noir, des jambes de mannequin ensanglantées et un homme allongé au sol près d'une voiture. Les photos donnent le change. Satisfaits, André et Serge paient comptant. Quelques heures plus tard, ils sont interpellés. En garde à vue, ils reconnaîtront les faits et exprimeront des regrets. "Ça ne leur ressemble pas du tout. Ils étaient juste perdus et se sont monté la tête l'un l'autre sans mesurer vraiment les conséquences", fait valoir Jacques Bourdais, l'avocat de Serge D. qui fustige au passage les méthodes "peu loyales" des enquêteurs. "Ils ont été un peu loin dans le cinéma quand même. Une rencontre entre eux et ce 'Gino' aurait suffi pour les faire tomber". Les deux papys flingueurs encourent cinq ans de prison.


Maud VALLEREAU

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