Meurtre du petit Bastien : la perpétuité requise contre le père

par Maud VALLEREAU
Publié le 11 septembre 2015 à 12h36, mis à jour le 13 octobre 2018 à 8h47
Meurtre du petit Bastien : la perpétuité requise contre le père

JUSTICE - A l'issue de quatre journées particulièrement éprouvantes, la cour d'assises de Seine-et-Marne rend vendredi son verdict dans le procès des parents de Bastien, accusés d'avoir tué leur fils dans des conditions terribles, en l'enfermant dans un lave-linge en marche. Le procureur a requis la perpétuité pour le père, cinq ans de prison pour la mère.

"J'ai de nombreux procès derrière moi. Je dois vous l'avouer, jamais je n'avais vu ce niveau d'horreur. Le confinement dans un espace si restreint, cela veut dire le noir, les secousses, les accélérations et les décélérations. De longues minutes. L'enfant a eu le temps de supplier ses parents, ils n'ont pas voulu l'entendre". Pour Christophe Champenois, l'avocat général requiert la perpétuité, assortie d'une peine de sûreté de 30 ans. Pour Charlène Cotte, 5 ans d'emprisonnement pour "violences". 

Si sur le plan de la morale, Eric de Valroger aurait envoyé à "l'échafaud" la mère de Bastien, 3 ans, tué un soir de novembre 2011 dans une machine à laver, sur le plan du droit, il ne peut retenir la "complicité de meurtre". Les défenseurs des parties civiles venaient pourtant tour à tour d'accabler Charlène Cotte que ses avocats avaient décrite au moment des faits comme une femme "qui a peur" et "sous l'emprise" du "tyran domestique", Christophe Champenois. Les associations étaient revenues sur ce "fait divers exceptionnel", cette "émotion qui avait étreint tout le monde au procès, sauf peut-être elle", et ce "petit bonhomme chosifié, lessivé dans une machine comme du linge sale et qu'elle n'avait pas voulu sauver".

"Unis dans un comportement mortifère"

"Charlène Cotte faisait un puzzle avec sa fille pendant que son fils criait dans la machine !", avaient-ils répété en boucle. Pour eux, les parents étaient "unis dans le même comportement mortifère". "Il a mis l'enfant dans le lave-linge, et a appuyé sur le bouton essorage. Elle, durant un temps très long, elle va garantir l'accomplissement de l'acte meurtrier en distrayant sa fille aînée", avait développé Rodolphe Costantino, d'Enfance et partage.

Une démonstration de complicité qui, pour l'avocat général, ne tient pas. "La petite fille n'avait pas la possibilité d'intervenir. Ça ne servait à rien de la distraire, que vouliez-vous qu'elle fasse à 5 ans pour empêcher cela ?", interroge-t-il. Eric de Valroger préfère pointer du doigt "celui qui frappe sa femme", "ses enfants", celui qui "referme le couvercle sur la tête" du petit Bastien. "Vous saviez que vous alliez tuer votre fils en le mettant dans la machine à laver, qu'il allait souffrir le martyr ! La société vous en veut, elle ne vous pardonnera jamais, rien ne peut vous sauver Monsieur Champenois".

"Sa haine plus forte que moi"

L'avocat de l'accusé avait alors tenté de redonner un visage humain à celui dont l'acte dépasse "l'entendement". "Quand on regarde un homme comme un salaud, on regarde un salaud, pas un homme", plaidera Me Ramadier, lequel tentera d'atténuer le portrait du "monstre" et de rééquilibrer les responsabilités et les peines, qui pour son client, semblaient jouées d'avance. "Il n'y aurait pas eu de basculement dans l'horreur si Charlène Cotte n'avait pas allumé la mèche, dégoupillé la grenade Champenois", assénera l'avocat.

"Mon fils, je l'ai aimé, je n'ai pas voulu sa mort, je ne pensais pas qu'en disant qu'il avait été méchant à l'école ce soir-là, 'monsieur' irait jusque là, expliquera Charlène Cotte, une dernière fois invitée à s'exprimer à la barre. D'habitude, j'arrivais à calmer 'monsieur' mais sa haine a été plus forte ce jour-là".  La parole reviendra au père du petit garçon qui conclura tremblant et en larmes : "J'ai vraiment aimé mon fils. Ce procès a été très, très dur. Les murs étaient glacials..." Un procès rude, éprouvant, que les deux accusés n'auront pas adouci en campant sur leur ligne de défense pour tenter, sinon de comprendre, mettre des mots sur la mort atroce de leur enfant. Le père ne se rappelant de rien, la mère n'y étant pour rien. Verdict attendu dans la soirée.

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Maud VALLEREAU

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