Paris : un policier mis en examen 2 ans après la mort d'Amadou Koumé au commissariat du 10e arrondissement

Publié le 5 avril 2017 à 10h50, mis à jour le 5 avril 2017 à 12h06
Paris : un policier mis en examen 2 ans après la mort d'Amadou Koumé au commissariat du 10e arrondissement

JUSTICE - Un gardien de la paix est poursuivi pour "coups mortels" après la mort d'Amadou Koumé, 33 ans, dans la nuit du 5 au 6 mars 2015 dans l'enceinte du commissariat du 10e arrondissement de Paris. Des poursuites qui interviennent alors que le parquet de Paris avait, le 9 novembre 2015, classé l'affaire sans suite, estimant l'infraction "insuffisamment caractérisée".

Pour l'avocat comme pour la famille de la victime, c'est "une véritable avancée dans le dossier". Un peu plus de deux ans après la mort d'Amadou Koumé, 33 ans, dans le commissariat du 10e arrondissement de Paris, un policier de la BAC a été mis en examen le 28 mars 2017 pour "violences volontaires ayant entraîné la mort sans intention de la donner".

En novembre 2015 pourtant, huit mois après le décès du trentenaire, le parquet de Paris avait  classé l'affaire sans suite, estimant l'infraction "insuffisamment caractérisée". En juin 2016, une information judiciaire avait été ouverte et aujourd'hui, un policier est poursuivi pour "coups mortels", rappelle Le Parisien qui révèle l'information ce mercredi.  

Violences policières : marche pour la justice et la dignitéSource : Sujet JT LCI
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"Etranglement arrière"

Le 5 mars 2016, Amadou Koumé, 33 ans, se trouve dans un bar situé à proximité de la gare du Nord. "J'ai vu qu'il n'allait pas bien parce qu'il n'arrêtait pas de dire : 'Ils veulent me tuer'", a raconté le videur de cet établissement où Amadou s'est rendu vers 23h30 ce soir-là. La police est alors alertée et trois policiers se rendent sur place, à 00h06 précisément. Constatant que l'individu n'est pas dans un état normal, qu'il montre des signes de paranoïa et qu'il fait preuve d'une résistance et d'une force physique selon eux considérable, les policiers décident alors d'appeler des renforts. 

Trois équipes de la Brigade anti-criminalité se présentent ensuite successivement. "Je suis parti derrière l'individu pour pratiquer un étranglement arrière. [...] J'ai réussi à faire venir en arrière Monsieur Koumé qui s'est retrouvé en position assise", a témoigné devant l'inspection générale de la police nationale (IGPN) le gardien de la paix qui vient d'être mis en examen. Mais l'individu interpellé, originaire de Saint-Quentin dans l'Aisne, continue à se débattre. "J'ai retourné M. Koumé sur le ventre et j'ai pratiqué de nouveau un étranglement arrière", a-t-il poursuivi.

Il fait un malaise

Finalement maîtrisé par les forces de l'ordre, entravé au niveau des chevilles, Amadou Koumé"va rester quatre minutes allongé sur le sol et menotté dans le dos alors que la doctrine préconise de limiter au maximum cette position", souligne Le Parisien. Conduit au commissariat du 10e arrondissement de Paris en fourgon, l'individu interpellé fera un malaise à son arrivée. 

Malgré l'intervention des pompiers, le trentenaire ne pourra être sauvé. Le décès est prononcé à 2h10. Les légistes concluent qu'il a succombé à un œdème pulmonaire majeur qui "résulte de l'association d'une asphyxie mécanique par traumatisme cervical et laryngé et d'une intoxication à la cocaïne."

"Devant la juge, le policier de la BAC, déjà sanctionné d'un blâme pour usage disproportionné de la force, a considéré qu'il n'avait aucune part de responsabilité dans ce décès. 'A aucun moment je n'ai étranglé Amadou Koumé. [...] Il n'y a pas eu de pression exercée sur sa gorge', a-t-il insisté", précise le quotidien.

Pour Me Vannina Versini, avocate du fonctionnaire, "il n'y a eu aucune violence policière et l'action était légitime. Cette mise en examen est totalement injustifiée."


La rédaction de TF1info

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