Pédophilie à l'école de Villefontaine : l'ex-directeur avait filmé plusieurs agressions

Publié le 19 mars 2016 à 10h15
Pédophilie à l'école de Villefontaine : l'ex-directeur avait filmé plusieurs agressions

FAIT DIVERS – Il y a un an, le 19 mars 2015, débutait l'affaire de pédophilie de Villefontaine (Isère). Ce samedi, l'avocat de plusieurs parties civiles révèle à metronews que l'ancien directeur de l'école, Romain Farina, 46 ans, a filmé et photographié plusieurs des agressions qu'il est accusé d'avoir commises dans l'enceinte de l'établissement, dans le cadre de ce qu'il avait appelé des "ateliers du goût". Placé en détention provisoire fin mars 2015, il devrait être jugé au cours du premier semestre 2017.

Triste anniversaire en plein scandale chez les évêques et un mois après l'affaire de pédophilie de Villemoisson (Essonne), qui a suscité une nouvelle onde de choc. Il y a un an jour pour jour, le 19 mars 2015, une petite fille en classe de CP à l'école de Villefontaine (Isère) déclarait devant tous ses camarades avoir "vu le zizi" du maître alors que ce dernier faisait un "atelier du goût" avec une de ses élèves. Le lendemain, les parents des deux victimes se rendaient chez les gendarmes pour dénoncer ces faits. "C'était un vendredi, les gendarmes ont laissé passer le week-end et sont allés interpeller Monsieur Romain Farina le lundi 23 mars après avoir entendu plusieurs parents d'élèves", précise Me Patrice Reviron, qui défend six familles dans ce dossier.

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Dans un premier temps, l'instituteur et directeur d'école, marié et père de deux enfants, a nié. Puis il a reconnu quelques agressions, et puis d'autres. "Les enquêteurs ont retrouvé des preuves matérielles à son domicile. Parmi elles, des photos et des vidéos prises avec caméra et appareil photo au cours de ces ateliers du goût dans l'école de Villefontaine, révèle Me Reviron à metronews. Selon les déclarations des enfants, les "ateliers du goût" étaient organisés au fond de la classe derrière un paravent. Là, leurs yeux étaient bandés et leur professeur leur plaçait quelque chose dans la bouche. Certains parents ont vu les images de ces ateliers, ils ont été très choqués. S'imaginer c'est une chose, voir, c'en est une autre....".

Un récidiviste qui craignait de passer à l'acte

Un an après les faits, les parents des victimes ne comprennent toujours pas comment tout ceci a pu arriver. " Le 25 juin 2008, il a été condamné par le tribunal de Bourgoin-Jallieu à six mois de prison avec sursis et mise à l'épreuve pendant deux ans pour détention, recel et diffusion d'images à caractère pédopornographique, rappelle Patrice Reviron. Devant l'officier de police judiciaire, quand il avait été entendu pour ces faits, il avait déclaré qu'il pouvait craindre de passer à l'acte... Malgré cela, rien n'a été fait. L'enquêteur et le parquet n'ont pas tiré la sonnette d'alarme. Si on avait pris en compte ses déclarations à ce moment-là, les évènements survenus par la suite ne seraient peut-être jamais arrivés".

Malgré cette condamnation, Romain Farina a pu continuer à son métier d'enseignant auprès des enfants. "Comme la communication entre la justice et l'Education nationale n'a pas été faite, comme la condamnation n'a pas été transmise, il a pu reprendre le chemin de l'école, comme si de rien n'était ", regrette Me Reviron.

61 enfants l'accusent

A ce jour sont reprochés à Monsieur Farina des faits commis entre 2012 et 2015. Lui aurait reconnu des viols, mais uniquement sur 2014-2015 . "Il a 'justifié' cela en disant qu'il prenait un traitement médicamenteux lourd suite à des problèmes avec l'équipe avec il travaillait. Selon lui, ce traitement l'aurait 'débridé' en quelque sorte" commente Me Reviron. Des faits de 2001 ont été révélés en 2015. Désormais, Romain Farina reconnaît des agressions antérieures à 2014-2015.

En mars 2016, il y avait 61 saisines du procureur de la République de Grenoble Jean-Yves Coquillat. Plusieurs faits seraient basés sur des preuves. Outre les images des ateliers, les enquêteurs ont également découvert chez l'instituteur des montages photos dans lesquels il se mettait en scène avec des enfants de sa classe. On ignore si ces images ont été ou non diffusées sur darknet. "La question peut se poser de savoir si ces images ont été échangées avec l'extérieur, lui-même étant très consommateur", note Me Reviron.

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Aurélie SARROT

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