FAIT DIVERS - Six jours après les faits, l'IGPN, la "police des polices", a été saisie de l'enquête sur une interpellation à Mantes-la-Jolie au cours de laquelle un homme de 27 ans a été grièvement brûlé au niveau des mains, a annoncé lundi le procureur de la République de Versailles.
L'Inspection générale de la police nationale, la "police des polices", a été saisie de l'enquête sur une interpellation à Mantes-la-Jolie au cours de laquelle un homme de 27 ans a été grièvement brûlé au niveau des mains, a annoncé lundi 13 novembre le procureur de la République de Versailles. Le parquet a décidé de faire poursuivre l'enquête ouverte jeudi 9 novembre pour "violences par dépositaire de l'autorité publique" par l'IGPN, a indiqué le procureur Vincent Lesclous dans un communiqué.
L'enquête avait été dans un premier temps confiée au bureau de déontologie de la Direction départementale de la sécurité publique (DDSP), après une plainte déposée par les soeurs de la victime présumée auprès d'une brigade de gendarmerie des Yvelines.
L'individu avait été interpellé mardi 7 novembre vers 17 heures, dans la cité du Val-Fourré. Selon l'avocat du plaignant, Me Calvin Job, le jeune homme avait dit avoir été frappé, victime d'injures racistes, et maintenu, menotté, contre un chauffage dans le fourgon qui l'emmenait au commissariat de Mantes-la-Jolie, malgré ses cris de douleur.
Versions contradictoires
Selon la procédure initiale établie par la police, citée par le parquet, une patrouille à pied inspectait des véhicules stationnés dans un parking quand elle a été "prise à partie" par cet homme, qui les a insultés, selon le communiqué du parquet. "Lors de son interpellation, il s'est rebellé et à tenté de prendre la fuite", poursuit le parquet.
Dans le fourgon, toujours selon la procédure initiale, le plaignant s'est "débattu" avant d'être "allongé sur le dos au sol" puis "maintenu par trois fonctionnaires de police". Il a continué à "insulter" les policiers, précise le parquet. Une version contestée par Me Job, selon qui son client a consenti sans "aucune opposition" au contrôle d'identité qui lui était notifié, fournissant une vidéo qu'il présente comme celle de l'interpellation.
"Gravité de cette affaire"
Placé dans un premier temps en garde à vue pour "outrage et rébellion", le jeune homme a ensuite été acheminé à l'hôpital de Mantes où sa garde à vue a été levée. "Cet hôpital a déterminé le 8 novembre une incapacité temporaire de travail de deux jours, ajoute le parquet. Après un bref retour à son domicile, le 8 novembre vers 18h, l'individu a regagné à son initiative l'hôpital de Mantes-la-Jolie vers 19h30, qui l'a orienté vers l'hôpital Saint-Louis à Paris, qui dispose d'un service spécialisé. Dans cet établissement où il a été hospitalisé, ont été diagnostiquées des brûlures au deuxième et troisième degré, aggravées par le diabète dont souffre le patient.
Une plainte a été déposée le jeudi 9 novembre 2017 par les soeurs de l'intéressé dans une brigade de gendarmerie des Yvelines. A cette plainte étaient jointes divers documents, en cours d'exploitation. "Informé de cette plainte, le parquet de Versailles a immédiatement ouvert le jour même une enquête confiée au bureau de déontologie de la direction départementale de la sécurité publique. Ce bureau s'est mis en contact avec les soeurs de l'intéressé et a procédé dès le 10 novembre à divers actes d'enquête", indique le parquet. Le patient, lui, a été opéré vendredi 10 novembre et devrait rester hospitalisé une semaine, a indiqué son avocat.
"L'enquête préliminaire ouverte du chef de violences par dépositaire de l'autorité publique se poursuit. Elle est désormais confiée à l'IGPN. Compte tenu de la gravité de cette affaire et des blessures constatées sur l'individu, le parquet de Versailles tiendra la famille informée de l'avancée de l'enquête. D'ores et déjà, un dispositif propre aux victimes gravement traumatisées a été activé", conclut le procureur de la République de Versailles.