Policiers tués à Magnanville : le point sur l'enquête

Publié le 14 juin 2016 à 17h36
Policiers tués à Magnanville : le point sur l'enquête

TERRORISME - Le procureur de la République de Paris a livré plusieurs informations concernant le double assassinat de Magnanville qui a coûté la vie aux officiers de police Jessica Schneider, 36 ans, et Jean-Baptiste Salvaing, 42 ans. Larossi Abballa a été tué la nuit dernière dans le pavillon du couple par les hommes du Raid. Trois personnes ont été placées en garde à vue ce mardi. Metronews fait le point les nouveaux éléments donnés par le magistrat.

 Larossi Abballa tue le policier, puis sa compagne
Jean-Baptiste Salvaing, 42 ans, a été assassiné entre 20 heures et 20 h 20 à coups de couteau devant l'entrée de son domicile allée des Perdrix à Magnanville (Yvelines). "Le terroriste meurtrier a ensuite séquestré la compagne du policier (Jessica Schenider, 36 ans, ndlr) et leur jeune enfant de 3 ans et demi. Il a ensuite assassiné la jeune femme par arme blanche", a indiqué François Molins, procureur de la République de Paris au cours d'un point presse ce mardi. L'alerte a été donnée par son voisin qui a déclenché l'intervention des policiers de la Bac locale puis du Raid.

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Une "surprise" pour la police
Au cours des négociations avec le Raid, le tueur a indiqué "être musulman pratiquant et faire le ramadan". Selon le procureur, Larossi Abballa a précisé avoir prêté allégeance trois semaines plus tôt au commandant des croyants de l'EI, al-Baghdadi. Il a ajouté avoir répondu à un communiqué de cet émir qui demandait de 'tuer des mécréants chez eux et avec leur famille'". Le tueur a affirmé par ailleurs "connaître la qualité de policier de la victime et a menacé de tout faire sauter si les policiers investissaient les lieux, disant leur réserver 'une surprise' et n'attendre que ça en évoquant l'intervention à venir des policiers spécialisés'". Il a fini par exiger que les hommes du Raid s'éloignent de la porte du domicile et il a ensuite rompu tout contact avec eux. 

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► Mathieu, 3 ans et demi, "en état de sidération"
A minuit les policiers du Raid ont pris d'assaut le pavillon avant de neutraliser le terroriste "mortellement blessé", ajoute le procureur. Au domicile, ils ont découvert le petit Mathieu, 3 ans et demi. "Le jeune enfant sain et sauf mais en état de sidération, a été pris en charge par le Raid avant d'être hospitalisé". Mathieu a été admis à l'hôpital Necker, à Paris. 

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 Une enquête ouverte
Une enquête en flagrance a été ouverte des chefs d'assassinats sur personnes dépositaires sur personne autoritaire de l'autorité publique, tentative d'assassinat sur mineur de 15 ans, séquestration sans libération volontaire avant le 7e jour, infractions toutes en relation avec une entreprise terroriste ainsi que pour association de malfaiteurs terroristes en vue de la préparation d'un ou plusieurs crime d'atteintes aux personnes.

Des personnalités publiques et des professions ciblées
A l'intérieur du pavillon, les enquêteurs ont saisi un document écrit avec "une liste de cibles mentionnant des personnalités ou des professions: rappeurs, journalistes, policiers ou personnalités publiques". Larossi Abballa a également lu à voix haute les noms de ces personnes dans une vidéo publiée sur Facebook. Vidéo qui a été supprimée depuis, avant d'être diffusée une nouvelle fois par l'agence Amaq. Au domicile des victimes, les policiers ont également saisi "trois téléphones, trois couteaux et en particulier un couteau ensanglanté posé sur la table, a souligné le magistrat. Dans son véhicule garé à proximité du pavillon, ont été découverts un Coran, une djellaba blanche, deux livres intitulés La croyance Authentique et l'explication des trois fondements".

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► Des revendications sur Facebook et Twitter
François Molins a par ailleurs dit qu'un "certain nombre de revendications sont intervenus de la part de Larossi Abballa. Via un compte Facebook, le terroriste a ainsi pu publier à 20h52 une vidéo de revendications de 12 minutes qu'il a pu envoyer à une centaine de contacts. Il a en outre envoyé deux tweets de revendications via un compte Twitter ouvert le 8 juin 2016".

 Documents et matériels informatiques saisis
Larossi Abballa est né le 28 mars 1991 à Meulan dans les Yvelines. "Il a été formellement identifié par la comparaison au fichier automatisé des empreintes digitales de ses empreintes papillaires" a dit le procureur. Aucune arme et aucun explosif n'a été retrouvé au cours des perquisitions menées à son domicile de Mantes-la-Jolie (Yvelines). En revanche, des documents et matériels informatiques ont été saisis.

► Condamné puis libéré en 2013
Larossi Abballa avait été condamné pour "association de malfaiteurs terroristes à raison de son implication dans une filière pakistano-afghane" par le tribunal correctionnel de Paris le 30 septembre 2013 à une peine de 3 ans dont 6 mois assortisd'un sursis avec mise à l'épreuve. La peine prononcée couvrait la détention provisoire du 14 mai 2011 au 30 septembre 2013. Il a été mis en liberté immédiatement après le jugement du tribunal correctionnel. Pendant son incarcération, Larossi Abballa "s'est livré à des actes de prosélytisme d'islamisme radical qui lui avait valu d'être remarqué par l'Administration pénitentiaire". Jusqu'au 30 novembre 2015, il a été astreint à un certain nombre d'obligations, notamment des convocations. Aucun incident n'a été signalé au Juge d'application des peines.

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► Le tueur était sur écoute depuis plusieurs mois
Larossi Abbala "fait partie des personnes visées par des investigations actuellement conduites sur commission rogatoire par un magistrat instructeur antiterroriste, a précisé François Molins. Il s'agit d'une procédure d'information judiciaire qui a été ouverte contre X par le parquet de Paris le 11 février 2016 des chefs de participation d'association de malfaiteurs en vue de commettre des actes de terrorisme concernant une filière de départ vers la zone syrienne".

Dans le cadre de ce dossier, "plusieurs interceptions téléphoniques et géolocatisations ont été ordonnées par le magistrat instructeur saisi du dossier sur diverses lignes téléphoniques et notamment celles de Larossi Abballa. Ces interceptions téléphoniques n'avaient pas à ce jour mis en évidence le moindre élément permettant de déceler la préparation d'un passage à l'acte violent. Elles ne pouvaient donc pas à ce stade justifier une interpellation à l'initiative du juge d'instruction".

Trois hommes en garde à vue
Trois hommes de l'entourage de Larossi Abballa, âgés de 27, 29 et 44 ans ont été interpellés ce mardi. Deux ce matin et l'autre à midi. Ils ont été placés en garde à vue. Les investigations se poursuivent.


Aurélie SARROT

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