Procès Carlton : Dodo la Saumure et ses "filles", le contrat "d'indépendance"

par Maud VALLEREAU
Publié le 5 février 2015 à 18h21, mis à jour le 13 octobre 2018 à 9h00
Procès Carlton : Dodo la Saumure et ses "filles", le contrat "d'indépendance"

JUSTICE - Jeudi, le tribunal correctionnel de Lille a poussé la porte des clubs de Dodo la Saumure, poursuivi pour proxénétisme aggravé dans l'affaire du Carlton. Le tenancier de maisons closes belges le répète : circulez, y'a rien à voir.

Dodo la Saumure est un maquereau moderne. Les filles qui travaillent chez lui sont "indépendantes". Il aime le rappeler au tribunal entre deux sorties théâtrales . Car, s'il adore amuser la galerie, le tenancier de maisons closes qui joue avec le feu en Belgique sait aussi qu'il doit montrer patte blanche en France. Dominique Alderweireld est soupçonné d'avoir fourni des filles à son ami de longue date René Kojfer, l'ancien chargé des relations publiques du Carlton, pour ses riches clients.

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"Quand on me demande d'amener une prostituée en France, je dis : 'C'est hors de question venez la chercher. Je ne conteste pas que mes filles aient été dans l'hôtel mais dans ce cas, c'était de leur propre fait. Elles ont un contrat d'indépendance", assure celui qui fête ses 66 ans à la barre ce jeudi. Une sorte de proxénète réglo dont la version est mise à mal par le témoignage de Jade , ancienne travailleuse du sexe dans un des clubs de Dodo. Il appelait régulièrement pour demander "trois filles pour Lille", explique la jeune femme dissimulée sous une perruque. Un échange selon elle négocié avec René Kojfer.

"J'fais de l'Audiard !"

Le casier de Dodo fait état de 14 mentions dont deux pour proxénétisme. Il en encourt aujourd'hui une troisième. "J'ai fait une licence de droit. Mais j'ai dû mal comprendre les règles. J'aurais dû faire la maîtrise", commente l'homme jamais à court d'un bon mot quand on déroule son pedigree. Mais le "souteneur", comme il se définit, connaît par cœur celles qui régissent le "métier". "Si je ramène une fille de France en Belgique ça devient un délit. Je préfère recruter en Espagne, la loi l'autorise."

A l'intérieur de ses "maisons de tolérance", l'homme jure qu'il n'y a rien à voir. Il prend 50% pour la location de la chambre, 5 euros pour le ménage et 40% sur les boissons. Dans le monde de Dodo, la prostitution n'est ni inique, ni misérable. "Au cours des écoutes téléphoniques, on vous entend tout de même dire 'je remonte avec du cheptel'. Vous parlez comme ça des femmes ?", relève le président. "C'est ma façon de parler, j'fais de l'Audiard !" Dodo la Saumure a réponse à tout. Sauf peut-être quand une ancienne fille de joie qui travaillait pour lui raconte l'envers du décor : "Lorsque le client sonnait, je rejoignais les autres filles. On était exposées comme de la viande. Il fallait une certaine variété pour qu'il puisse faire son marché : des minces, des grosses, des blondes, des noires, des Asiatiques...". Celui qui tire son surnom de la marinade pour maquereau confesse alors : "Que ce ne soit pas aussi luxueux qu'au Carlton, je veux bien le croire."


Maud VALLEREAU

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