Procès du Carlton : affaire classée (X) pour DSK ?

par Maud VALLEREAU
Publié le 12 février 2015 à 18h02, mis à jour le 13 octobre 2018 à 8h57
Procès du Carlton : affaire classée (X) pour DSK ?

JUSTICE - Le tribunal s'est penché jeudi matin sur les textos de DSK et sa garçonnière parisienne. Pour sa troisième et dernière audition, l'ancien patron du FMI n'a pas franchement été mis en danger. En toute décontraction et en l'absence de contradicteurs, il a (encore) joué la carte du candide libertin qui ignorait tout du statut de prostituées des jeunes femmes.

L'audience n'est ouverte que depuis une heure trente. "Si vous n'avez plus de questions à poser à M. Strauss-Kahn...", conclut pourtant le président du tribunal correctionnel de Lille . Les seuls éléments à charge contre l'ancien patron du FMI viennent d'être balayés en une petite matinée d'audience. Après le grand déballage sur ses "pratiques sexuelles rudes" la veille, il y avait pourtant matière à discuter jeudi autour des deux points autrement plus saillants de la procédure : ses SMS ambigus échangés avec son ami Fabrice Paszkowski et sa mystérieuse garçonnière parisienne. Mais l'examen de ce volet est retombé comme un soufflé.

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"Vous envoyez beaucoup de SMS", note le président Bernard Lemaire qui lit les 35 textos versés au dossier dont le contenu révélé dans la presse avait à l'époque fait grand bruit. "C'est vrai. Parfois, on se dit qu'on aurait mieux fait de se parler par téléphone", sourit Dominique Strauss-Kahn. "Matériel", "délégation de copines", "phénomènes", "nouvelles candidatures", "belles choses à tester"... Pour les juges d'instruction, un code pour parler de prostituées. Pour l'intéressé, le langage du "libertin". "Ce sont des formules malvenues et c'est effectivement un vocabulaire de corps de garde, reconnaît l'ex-figure socialiste. Mais ces textos n'étaient pas destinés à être lus par d'autres, on se lâche facilement entre copains".

"J'étais un homme marié"

Lorsque le tribunal évoque son rôle "d'instigateur", Dominique Strauss-Kahn lève ses yeux fatigués au ciel. Son agacement contenu, il reprend d'une voix calme : "Fabrice me propose des soirées, cela ne veut pas dire se soumettre à mon bon vouloir. Je dis oui, je dis non. Je m'adapte aussi à leur emploi du temps." Après son arrestation aux Etats-Unis, les parties fines avaient pourtant cessé, remarque le président. Fabrice Paszkowski, le fidèle ami, se charge d'expliquer : "Nous étions sous le choc, c'était une période compliquée pour tout le monde, on ne pensait plus vraiment à ça". Et répétera que Dominique Strauss-Kahn ne savait pas qu'il s'agissait de filles de joie.

Le volet des textos fermé, le tribunal pousse la porte de l'appartement de la rue d'Iéna. Une garçonnière de 45 mètres carrés dans le très chic 16e arrondissement de Paris qui a abrité plusieurs "après-midi libertines". La mise à disposition de locaux pour des rencontres sexuelles rémunérées est l'une des infractions qui caractérisent le proxénétisme, rappelle le tribunal. Les juges avaient mis du temps à s'apercevoir que l'ex-ministre en était le locataire. "J'ai demandé à un ami de mettre le bail à son nom. Je suis à l'époque un homme politique et un homme marié. J'ai besoin d'un appartement pour des rencontres professionnelles discrètes mais aussi pour des relations personnelles avec des femmes, justifie l'ex-époux d'Anne Sinclair. 

"C'est d'une simplicité biblique". "Pourquoi avoir continué à cacher l'existence de cet appartement durant l'instruction ?", tente l'un des avocats des parties civiles. "Parce que j'étais toujours marié". Plus de questions. Durant une heure trente, le procureur habituellement féroce avec les prévenus n'a pipé mot. A l'époque, il avait réclamé un non lieu en faveur du candide libertin. 

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Maud VALLEREAU

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