Procès du vol de cocaïne au 36, quai des Orfèvres : après s'être rebiffé, "Robert" l'indic présumé charge les policiers des stups

Publié le 9 mars 2017 à 22h13
Procès du vol de cocaïne au 36, quai des Orfèvres : après s'être rebiffé, "Robert" l'indic présumé charge les policiers des stups
Source : AFP

JUSTICE – Farid Kharraki, dit Robert, est jugé depuis mardi devant la 14e chambre du tribunal correctionnel de Paris, avec 9 autres personnes, dans le cadre du procès du vol d'une cinquantaine de kilos de cocaïne à l'été 2014 au 36, quai des Orfèvres. Il est soupçonné d'avoir revendu la drogue volée. Mercredi, il avait pour la première fois nommément désigné Jonathan Guyot, ex-brigadier des stups et principal prévenu, comme le voleur. Ce jeudi encore, il s'en est pris sans retenue à la police.

Il n'avait pas supporté mercredi d'entendre l'ex-brigadier des  stups Jonathan Guyot, principal prévenu avec lui, répéter à maintes reprises qu'il était son indic. "Je suis le tonton de personne. La cocaïne a bien été sortie par Jonathan Guyot. Je l'ai mis en relation avec des trafiquants, j'ai joué l'intermédiaire et j'ai touché un peu d'argent, voilà", avait alors lancé Farid Kharraki, très énervé, depuis le box où il se trouve depuis mardi au côté de l'ex-brigadier des stups. 

Après ces aveux rares, le président de la 14e chambre du tribunal correctionnel de Paris avait décidé de suspendre, jusqu'à ce jeudi, l'audience. Aujourd'hui, c'est donc Farid Kharraki, dit Robert, qui a repris la parole à 13h30, au procès où il est jugé avec neuf autres personnes pour le vol à l'été 2014 d'une cinquantaine de kilos de cocaïne dans une salle des scellés du mythique quai des Orfèvres à Paris. Et après avoir accusé Guyot d'être le voleur de poudre blanche, Farid Kharraki n'en est pas resté là et a chargé la police. 

"Pour ma sécurité, je ne peux pas aller plus loin"

Farid Kharraki  a ainsi raconté comment il en était venu à traiter avec le policier de la brigade des stupéfiants. Il a expliqué qu'il voulait se venger d'une équipe de trafiquants qui l'avait "volé". Mais l'affaire "n'a pas abouti", car, selon lui, cette équipe de trafiquants "travaillait" avec l'Ocrtis (Office central pour la répression du trafic illicite des stupéfiants).  

Le prévenu a ensuite indiqué avoir d'abord trafiqué du cannabis fourni par Jonathan Guyot entre 2013 et 2014. "C'était comme si on se fournissait chez un grossiste", précise-t-il. Au total, 90 kg en "six mois", sur lesquels il a "pris 100.000 euros" et par ailleurs donné 50.000 à Jonathan Guyot. "Faut bien le payer!", a fait remarqué "Robert. "Vous avez fait quoi des 90 kg de cannabis, vous n'avez pas tout fumé quand même ?", l'a interrogé le président. "Ah non, je ne fume pas !" a-t-il répondu, sourire aux lèvres. 

Puis, à l'été 2014, est arrivée la cocaïne du 36. En tant  "qu'intermédiaire", Farid Kharraki a reconnu avoir touché 200.000 euros de commission pour avoir "fait son travail".  "Pourquoi avoir attendu treize jours pour trouver un acheteur ?", l'a questionné le président.  "C'est pas facile de trouver quelqu'un qui achète 50 kilos !", a lancé le prévenu, précisant que le le tarif avait été négocié à l'avance à "25.000 euros le kilo de cocaïne" pour l'acheteur. Il a par ailleurs assuré ne pas connaître pas les deux personnes qui lui ont remis la poudre blanche le soir du vol. Il n'en dira pas plus non plus sur l'acheteur : "Pour ma sécurité, je ne peux pas aller plus loin". 

"L'argent, c'est celui de Kharraki"

Pour Me Burman, avocat de l'ancien brigadier des stups, les "révélations de Farid Kharraki, d'hier comme d'aujourd'hui, "sont exclusivement dans son propre intérêt, pour faire croire qu'il n'était pas un indic mais un simple trafiquant". 

Jonathan Guyot est sur la même ligne : à la barre, il a dit "comprendre la tactique" de Farid Kharraki. Il veut "changer son image et assurer sa sécurité en sortant" de prison, "mais de là à dire autant de conneries...", a commenté l'ancien brigadier. Avant de lâcher : "Moi aussi, je vais faire une révélation : l'argent, c'était celui de Kharraki". 

Moi, c'est à cause de la police que je suis ici
Farid Kharraki

"Est-ce que c'est vraiment sérieux, Monsieur Guyot ?", a alors demandé l'une des magistrates du parquet, sceptique, soulignant que Farid Kharraki avait une "filière de blanchiment" au Maroc et pouvait se passer des services du policier à cet égard. 

Sa collègue a renchéri : "Ce que dit Farid Kharraki, ce n'est peut-être pas la vérité, mais c'est plus cohérent." Un peu plus tôt dans la journée, Farid Kharraki avait déclaré :"Moi, c'est à cause de la police que je suis ici. Il faut se calmer maintenant. Je travaille pas au 36. Il n'y a que des policiers dans la procédure,  c'est eux qui ont volé la marchandise !". Puis il avait ajouté connaître les "pratiques" et les "méthodes illicites des policiers". 

Alors que le procès doit se poursuivre jusqu'au 17 mars, "Robert" n'a peut-être pas dit son dernier mot à ce sujet.


Aurélie SARROT

Tout
TF1 Info