Raphaël Maillant, l'ombre d'un "doute" devant la Cour de révision

par Maud VALLEREAU
Publié le 17 juin 2015 à 19h02
Raphaël Maillant, l'ombre d'un "doute" devant la Cour de révision

JUSTICE - Il y a 18 ans, Raphaël Maillant était condamné pour le meurtre de son ex-petit amie Valérie Bechtel. Il a toujours clamé son innocence et espère faire annuler sa condamnation. Sa requête est examinée jeudi par la Cour de révision.

C'est une audience capitale. Celle qui peut de nouveau faire basculer la vie d'un homme, condamné dix-huit ans plus tôt pour un crime qu'il a toujours nié. Jeudi, la Cour de révision examine le recours de Raphaël Maillant, 44 ans, reconnu en 1997 par la cour d'assises des Vosges "coupable" du meurtre de son ex-petite amie. Ce formateur d'éducateurs sportifs espère aujourd'hui la révision de son procès.

Le 12 août 1991, le corps nu de Valérie Bechtel, 20 ans, est retrouvé dans un fossé de la forêt domaniale de Thaon-les-Vosges. Autour de son cou, le torchon de cuisine qui a servi à l'étouffer. Sur son dos, 49 petites plaies, stigmates d'un instrument non identifié, "pointu et piquant", selon le légiste. Aucun aveu, aucune preuve matérielle mais un témoignage à charge emportera l'intime conviction des jurés. Celui de Yann Bello qui, au cours de sa garde à vue, a balancé son meilleur ami. Il affirme qu'avec Raphaël, ils ont voulu commettre un cambriolage chez les Bechtel, censés être absents ce jour-là. Mais ils ont été surpris par Valérie. Raphaël Maillant l'aurait alors tuée et les deux amis auraient ensemble transporté le corps dans la forêt. L'accusé nie en bloc, il prend 17 ans. Le dénonciateur, deux, pour recel de cadavre.

Un meurtrier qui en cache un autre ?

Après neuf ans derrière les barreaux, Raphaël Maillant est libéré sous condition. Débute alors un long combat pour prouver son innocence. Par deux fois, la révision de son procès est rejetée : les faits nouveaux qu'il présente ne sont pas de nature à faire naître "un doute". Jusqu'à ce rebondissement en 2011 : Yann Bello est accusé d'avoir tué sa propre épouse, Charlène. Meurtre pour lequel il écope de 25 ans de réclusion criminelle. Cette fois, la troisième demande en révision est instruite. "Le mode opératoire similaire du crime de Charlène et Valérie" ne peut être considéré comme une macabre coïncidence, fait valoir l'avocate de Raphaël Maillant, Me Noachovitch : les deux femmes ont été violemment frappées, retrouvées nues et étranglées avec un linge. Le psychiatre qui a expertisé Yann Bello a également pointé du doigt "sa violence" et sa facilité à recourir "à la falsification et à la déformation de la réalité".

Entre-temps, un témoin surprise est venu s'ajouter à l'affaire. Il affirme que Yann Bello, avec qui il était incarcéré en 2011, lui a confié avoir tué Valérie Bechtel et qu'un autre "a payé à sa place". "Le dossier est vide, mon client a été condamné sur la foi d'une parole... Et quelle parole ! Demain, nous apporterons des éléments matériels concrets qui ont tant fait défaut à ce dossier", résume l'avocate. La Cour de révision peut rejeter la requête, annuler la condamnation ou demander un renvoi devant la cour d’assises. Depuis 1945, seuls onze condamnés ont été acquittés au terme de cette rarissime procédure. "Raphaël Maillant veut y croire, commente Me Noachovitch. C'est son dernier espoir. Le doute simple est un critère de révision. Aujourd'hui, on n'est plus face au doute mais à une certitude".

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Maud VALLEREAU

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