Torturé à mort sous les yeux de sa mère, qui est restée passive : Julien, 8 mois, pourrait faire changer le droit

Anaïs Condomines
Publié le 30 mars 2016 à 10h40
Torturé à mort sous les yeux de sa mère, qui est restée passive : Julien, 8 mois, pourrait faire changer le droit

JUSTICE - Cette semaine s'est ouvert aux assises du Gard le procès des parents du petit Julien, huit mois, longtemps victime de violences avant d’être tué par son père… sous les yeux de sa mère. Cette dernière encourt 5 ans de prison maximum. L’avocat des parties civiles souhaite aujourd’hui faire évoluer le droit pour punir davantage la passivité d’un parent. Il explique sa démarche à "metronews".

Il a vécu l’enfer. Julien est âgé d’à peine 8 mois lorsqu’on le retrouve inanimé, le 13 mars 2013, au domicile de ses parents dans un village du Gard. A l’urgentiste qui arrive rapidement sur les lieux, le jeune couple soutient d’abord que leur bébé s’est noyé dans la baignoire. Mais très vite, les nombreuses lésions apparentes sur le corps du nourrisson ne laissent guère de place au doute : Julien est décédé des suites d’un épisode de violences extrêmes.

Près de trois ans après les faits, le procès des deux parents s’est ouvert cette semaine aux assises du Gard. Jonas Barral, le père, âgé de 26 ans, est poursuivi pour "meurtre avec acte de tortures et de barbarie". Car sur le corps de son fils ont été retrouvées pas moins de 72 lésions, plus ou moins anciennes, dont il a reconnu être l’auteur. Depuis sa naissance, Julien était régulièrement frappé à la tête, dans le dos, sur le thorax, les bras, les jambes, sur les fesses et l’appareil génital. Comble de l’horreur, un "traumatisme anal grave" prouve également que le petit a été victime d’une "pénétration intra-rectale violente". Et la maman dans tout ça ? Selon les éléments de l’enquête, elle a été le témoin privilégié de ces scènes de torture... et n’aurait rien fait pour y mettre fin. Aujourd’hui, elle comparaît libre, accusée de "non dénonciation et omission de porter secours". Si son compagnon, qui "ne supportait pas les pleurs de l'enfant", pourrait être condamné à la perpétuité, elle risque aujourd'hui 5 ans de prison au maximum.

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"Ne rien faire, c'est presque encore plus grave!"

Et cinq ans, "c’est bien trop faible", juge Yves Crespin, avocat de l’association "L’Enfant bleu" qui s’est portée partie civile dans cette affaire. Contacté par metronews, il détaille : "Nous sommes interpellés par la légèreté de la peine encourue. Je considère la mère moralement aussi responsable que le père. Même s’il est vrai qu’elle n’a pas eu de geste violent en direction de l’enfant, c’est clair qu’elle avait la possibilité de faire quelque chose. La mort de Julien, elle est aussi la conséquence de la passivité de cette mère !"

A affaire exceptionnelle, mesure exceptionnelle. En effet, de l’examen de ce dossier en amont du procès est née la volonté de faire changer le droit. "Nous voudrions créer une circonstance aggravante à la non-assistance à personne en danger lorsque celle-ci a lieu dans le milieu familial" nous précise encore Yves Crespin. Et l’avocat de tempérer, au nom de l’association de défense de l’enfance : "Nous ne sommes pas des répressifs à tout crin. Mais quand un parent n’intervient pas en cas de risque de mort d’un bébé, c’est presque encore plus grave que l’acte violent en question." Pour l’heure, cette proposition de modification du droit est à peine "dans les tuyaux". Elle pourrait porter la peine encourue à 10 ans de prison, et non plus à 5. Le verdit, prévu jeudi, pourrait rapidement placer cette question au cœur des débats.

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Anaïs Condomines

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