Victime d'exhibition sexuelle dans le RER, elle dénonce la lenteur du service d'urgence, la SNCF conteste

par Charlotte ANGLADE
Publié le 3 juillet 2018 à 16h09, mis à jour le 6 juillet 2018 à 14h03
Victime d'exhibition sexuelle dans le RER, elle dénonce la lenteur du service d'urgence, la SNCF conteste
Source : Thinkstock

RÉCIT - Le 6 juin dernier, Ingrid a été victime d'exhibition sexuelle dans un train. Un homme se masturbait sur l'un des sièges voisins en la regardant. Sous le choc, elle contacte le service d'urgence de la SNCF et ne reçoit une réponse que treize minutes plus tard. La SNCF, de son côté, nous assure avoir réagi rapidement.

"En treize minutes, il aurait pu se passer tellement de choses". Dans une vidéo publiée sur sa page YouTube, où elle partage d’habitude avec ses abonnés des tutoriels beauté, Ingrid a cette fois choisi de raconter ce qui lui était arrivé mercredi 6 juin dernier, dans le RER D. Cette exhibition sexuelle dont elle a été la victime. Ce moment où, malgré son appel à l’aide via le numéro d’urgence de la SNCF, elle n’a, selon elle, pas du tout été assistée. La SNCF, contactée par LCI, n'est pas tout à fait d'accord.

Je m’aperçois que l’homme avait sorti son sexe
Ingrid

Tout commence lorsque la jeune femme monte dans le train. Ayant un peu chaud, Ingrid enlève son gilet et se retrouve bras nus, en débardeur. Une vue qui aurait suscité l'excitation d'un homme, monté en même temps qu’elle et assis un peu plus loin sur sa droite. "À un moment j’entends un petit peu de bruit donc je tourne la tête. J’ai eu l’impression qu’il était en train de chercher quelque chose dans son sac, donc je ne lui ai pas prêté attention plus que ça. De nouveau j’entends un bruit à ma droite, mais suffisamment fort pour que je tourne la tête. Et là, je m’aperçois que l’homme avait sorti son sexe et était en train de se masturber dans le plus grand des calmes, en me regardant", raconte-t-elle, les traits tirés, sur la vidéo.

"L’opérateur va transférer votre SMS aux services concernés. Merci"
La SNCF

Très choquée, c’est le souffle coupé qu’elle pense tout d’abord à envoyer un S.O.S. sur Twitter au compte du RER D et à celui  d’un chauffeur de la même ligne. La jeune femme envoie ensuite un SMS au numéro d’urgence de la SNCF, le 31177. "J’ai envoyé ce message à 16h48. Et là a commencé un long moment d’attente", raconte-t-elle. Le conducteur du train est le premier à lui répondre. Il lui redonne le numéro d’alerte et lui conseille, si elle est proche de la cabine du conducteur, d’aller le voir. Mais Ingrid est en queue de train. Le compte officiel du RER D, deuxième à lui répondre, lui redonne aussi les numéros d’urgence.

"Et j’attendais, j’attendais, j’attendais. Je n’ai eu une réponse de ce numéro [le 31177, ndlr.] que treize minutes plus tard. Treize minutes, c’est une éternité." Sur le message reçu de la part du service d’assistance, et dont elle montre une capture d’écran dans la vidéo, est écrit : "L’opérateur va transférer votre SMS aux services concernés. Merci". Le ton, similaire à un message envoyé automatiquement, la surprend, mais elle répond que l’homme est descendu du train à Villeneuve-Saint-Georges en continuant de se toucher. "Et mon deuxième message est resté complètement sans réponse", affirme-t-elle, en colère.

Capture YouTube - Parenthèse tutoriels

La version de la SNCF

Contactée par LCI, la SNCF assure de son côté lui avoir envoyé trois messages, dont deux sont restés sans réponse. "Elle nous a envoyé un premier SMS à 16h49 et nous lui avons répondu deux minutes plus tard, à 16h51 pour lui demander de nous préciser le profil de l’homme. Comme elle n’a pas répondu, nous avons envoyé un nouveau SMS à 17h01 pour lui dire que son alerte avait été transférée aux services concernés. Elle nous a répondu à 17h04 que l’homme était descendu à Villeneuve-Saint-Georges et nous l’avons informée à 17h06 que les services compétents avaient été avisés. Nous lui avons aussi demandé de porter plainte pour que les faits soient actés". Selon la société ferroviaire, deux équipes d’intervention ont été envoyées à la suite de son appel à l’aide. L’une au terminus du train, et l’autre à Villeneuve-Saint-Georges. Malheureusement, l’homme n’a pas été repéré. 

Ingrid n'a-t-elle pas reçu tous les messages envoyés ? La SNCF dit ne vouloir tirer aucune interprétation de ce qu'il s'est passé, assurant avoir fait tout ce qui était en son pouvoir. La jeune femme, elle, nous a simplement confirmé par écrit n'avoir reçu qu'un seul SMS de la part du 31177 et n'avoir reçu aucun appel de la part du service.

Le numéro d'urgence de la SNCF a été mis en place en 2011 pour les Transilien et en 2013 pour l'ensemble des trains. Il reçoit en moyenne 150 sollicitations par jour, SMS et appels confondus. Chacune d'elle est tracée et fait l’objet d’une fiche détaillée de l’intervention. "Mais il y a beaucoup de petits rigolos qui appellent pour n'importe quoi", précise la SNCF. En Île-de-France, cinq centres d'appels, où travaille un personnel formé pour les situations d'urgence, traitent ces appels et ces SMS. "Il y a aussi environ 2.000 personnes sur le terrain qui peuvent intervenir assez rapidement", ajoute la société.


Charlotte ANGLADE

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