Violences dans une école maternelle de Pantin : dix mois de prison avec sursis requis contre l'instituteur

Publié le 9 novembre 2016 à 21h08
Violences dans une école maternelle de Pantin : dix mois de prison avec sursis requis contre l'instituteur
Source : JS EVRARD/SIPA

Procès – Un enseignant de l'école maternelle Liberté à Pantin (Seine-Saint-Denis) était jugé ce mercredi pour violences aggravées commises dans l'enceinte de son établissement entre le 2 et le 15 septembre 2015. Le parquet a requis à son encontre dix mois de prison avec sursis avec mise à l'épreuve. Le tribunal correctionnel de Bobigny rendra sa décision le 14 décembre.

Il se dit "exigeant" mais "bienveillant envers les enfants" dont il s'occupe depuis vingt-quatre ans. Ce mercredi, pourtant, cet instituteur âgé de 61 ans devait répondre devant le tribunal correctionnel de Bobigny de violences aggravées commises à l'égard de ses très jeunes élèves à la rentrée 2015. 

 

Quatre plaintes avaient été déposées à l'époque par les parents de ces enfants âgés de 2 et 3 ans et scolarisés en première section de maternelle à l'école de Pantin (Seine-Saint-Denis). La plupart étaient présents aujourd'hui à l'audience, audience à l'issue de laquelle le procureur a requis à l'encontre de l'enseignant, aujourd'hui suspendu à titre conservatoire, dix mois d'emprisonnement assorti d'un sursis avec mise à l'épreuve assortie d'une interdiction d'exercer une activité en contact avec les mineurs et d'entrer en contact avec les victimes. 

Un témoignage-clé

 

C'est une Agent territorial spécialisé des écoles maternelles (ATSEM) qui avait alerté la sur la situation après un événement survenu le 15 septembre 2015. Ce jour-là, l'ATSEM raconte qu'elle mettait les manteaux aux enfants pour partir à la cantine quand l'instituteur, Hervé* se serait énervé sur Laurent, 2 ans et demi, qui refusait de s'assoir alors que le maître le lui avait demandé à plusieurs reprises. "Il l'a soulevé dos contre lui et l'a jeté violemment sur le sol face contre terre, l'enfant saignait. Il a pris des mouchoirs, il l'a essuyé. Mais il saignait encore. Il l'a conduit au lavabo et a mis de l'eau et a dit 'Ces enfants vont me rendre fous!'". 

 

Après l'incident, l'ATSEM accompagne tout de même les petits à la cantine. Très choquée, et face au petit Laurent qui pleure et refuse de manger, elle décide finalement d'aller voir la directrice. Un rapport d'incident est transmis à la mairie puis à l'inspection académique. Plusieurs parents sont ensuite interrogés et plusieurs faits sur la première quinzaine de la rentrée sont relatés, faits pour lesquels plusieurs enfants se sont vus prescrire entre 2 et 3 jours d'ITT pour deux d'entre eux. 

 

Une autre ATSEM raconte ainsi qu'un jour, en cours de motricité, "Hervé était très énervé" contre un enfant "agité". "Il l'a assis  tellement fort que sa tête a cogné sur le mur". Autre incident rapporté, celui de Jeanne, 3 ans, qui avait "fait une bêtise", et que l'enseignant "a assis violemment avant de la pousser dans le couloir".  Un autre témoignage raconte comment le petit Isidore, qui aurait refusé de dire "bonjour au moment de l'appel", a été "saisi violemment" et terrorisé" par l'instituteur.

Il m'a tellement agacé"
L'instituteur au sujet d'un de ses élèves

Face à la lecture des procès-verbaux, Hervé a assuré ce mercredi ne pas "être violent".  Au sujet du petit Laurent, il se justifie ainsi : "Je ne l'ai pas soulevé, je ne l'ai pas jeté. Ce n'est pas un objet, c'est un enfant. Mais il m'a tellement agacé… Je l'ai tiré par le bras, il est tombé et s'est cogné". Pour Laurent comme pour les autres victimes, le procureur estime que l'instituteur à minimiser les faits. "Cet enseignant n'est pas un tortionnaire ni un bourreau d'enfant mais il a dépassé les limites de l'acceptable" ,rappelle-t-il soulignant que les témoignages des enfants étaient corroborrées par les versions des ATSEM. 

 

Hervé a reconnu qu'à cette période il était "fatigué", "pas bien", et qu'il voulait se mettre en arrêt maladie mais après avoir "mis en route sa classe". Il a été suspendu à titre conservatoire en septembre 2015 mais ne compte pas pour sa part prendre sa retraire "avant trois ans". La décision a été mise en délibéré au mercredi 14 décembre 2016. 

 

*Tous les prénoms ont été modifiés


Aurélie SARROT

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