Violences policières à Paris : parents, élèves et profs font front commun

Publié le 11 avril 2016 à 19h00
Violences policières à Paris : parents, élèves et profs font front commun

CAUSE COMMUNE - Plusieurs dizaines de jeunes ont été interpellés depuis le 24 mars à Paris en marge des manifestations ou au cours de blocus de lycées organisés contre la loi Travail. Pour dénoncer les "abus policiers", plusieurs parents d'élèves ont décidé de se regrouper. C'est le cas au lycée Voltaire (11e).

C'est l'interpellation de Ryan, le 1er avril dernier, qui a décidé les parents à se mobiliser. Ce jour-là, comme de nombreux lycéens dans Paris opposés à la loi Travail, l'ado de 15 ans a participé au blocus de son établissement, le lycée Voltaire avenue de la République dans le 11e arrondissement de la capitale.

Dans la matinée, un élève avait mis le feu à un papier avant de le jeter dans une poubelle. "La petite flamme s’est éteinte immédiatement, avait raconté une professeur de l'établissement à L’Humanité . Il n’y a eu aucun flambage. Ça fumait juste un peu après." Selon l'enseignante, Ryan s'est "très naïvement" désigné comme l'un des auteurs du feu aux policiers arrivés quelques minutes après l'incident.

La FCPE s'indigne

Résultat : "Ryan a été arrêté et conduit au commissariat. Il a passé dix heures en garde à vue. Il a été mis en examen pour 'dégradation volontaire de bien matériel par incendie pouvant potentiellement engendrer un danger pour autrui', un délit passible de dix ans d’emprisonnement et 75 000 euros d’amende. Vous vous rendez compte ?", s'indigne auprès de Max Peppoloni, l'un des représentants FCPE du lycée Voltaire.

Avec d'autres parents, pour Ryan et pour d'autres élèves "interpellés, blessés ou maltraités" au cours des manifestations, la FCPE du lycée a décidé d'agir en créant "Le comité de soutien Lycée Voltaire contre les violences policières".

Une collecte pour aider

Composé de parents, d'enseignants et de lycéens, le comité de soutien "viendra en aide à tous les lycéens de Voltaire qui le souhaitent" et qui ont pu rencontrer des problèmes avec les forces de l'ordre. "Nous avons constitué une liste d'avocats et nous avons mis en place une collecte pour aider les familles concernées à payer leur défenseur et les frais de justice", précise Max Peppoloni. Le comité a d'ores et déjà récolté plus de 1600 euros en quelques jours.

Selon le représentant FCPE, deux autres élèves du lycée au moins auraient été victimes de violences ou d'abus policiers. "Une jeune fille a eu une côte cassée au cours d'une manifestation. Un autre élève a été interpellé et conduit au commissariat mais n'a pas été mis en examen", précise-t-il.

"Nos enfants ne sont pas des casseurs"

Pour que l'action soit encore plus importante, le comité de Voltaire souhaiterait faire front commun avec d'autres parents, enseignants et élèves d'autres lycées concernés par le sujet, comme ceux du lycée Bergson, dans le 19 arrondissement de Paris. "Bergson n'a pas de comité mais ils ne sont pas contre l'idée de faire action commune. Nos enfants sont peut-être révoltés, mais ce ne sont pas des casseurs", insiste Max Peppoloni.

Le 24 mars, Adam, 15 ans, lycéen à Bergson, justement, avait été frappé par un policier devant son établissement. Le fonctionnaire de police comparaîtra mi-mai pour ces faits. Interpellé le même jour qu'Adam, Steven avait fait 48 heures de garde à vue. Judith, asthmatique, n'avait pas obtenu l'aide des secours alors qu'elle avait du mal à respirer. Trois plaintes ont été déposées après ces incidents. Selon Gilles Bérès qui défend plusieurs familles de lycéens scolarisés à Henri-Bergson, une quatrième plainte pourrait être déposée dans les prochains jours.

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Aurélie SARROT

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