En France, à l'étranger, à la maison... voici comment vous envisagez les vacances d'été

par Sibylle LAURENT
Publié le 10 avril 2020 à 8h00, mis à jour le 10 avril 2020 à 8h24

Source : JT 20h Semaine

PROJECTION - Alors que l'incertitude est grande sur la suite du confinement, chacun commence à s'interroger sur cet été : sera-t-on déconfinés ? Où pourra-t-on aller ? LCI vous a demandé ce que vous projetiez... ou pas.

D’ordinaire, Sabrina réserve ses vacances quasiment un an à l’avance. Cette année, allez-savoir pourquoi elle a traîné. Et c’est peut-être bien tombé. "J’allais réserver des billets et une location pour la Grèce, quand le confinement a été décidé". Depuis les perspectives ont changé et tout parait bien flou. Où pourra-t-on aller ? Pourra-t-on d’ailleurs partir ? "On attend de voir.  Nous nous rabattrons sans doute sur la France. D’autant que mon compagnon qui est indépendant a vu son activité s’écrouler. On va devoir faire attention financièrement."

Le confinement levé début mai ? Fin mai ? Courant juin ? A mesure que passent les jours, les Français ont fait une croix sur les vacances de Pâques. Ils espèrent parfois encore quelques ponts en mai. Et se projettent très fort sur les vacances d’été. Ce sera là le rattrapage, la grande sortie, l’épopée. Sauf que là non plus, rien n’est sûr. Mardi, le secrétaire d'Etat aux Transports Jean-Baptiste Djebbari a comme jeté un froid : "Il y aura un après-coronavirus. Mais pour l'instant (...) je conseille aux Français la plus grande prudence sur la préparation de leurs voyages car la situation aujourd'hui est encore trop incertaine", a-t-il dit sur France Info. "Je leur dis d'attendre." 

Inquiétude et attentisme

La ministre de la Transition écologique a dû préciser pour rassurer. "Ce n'est pas le moment d'acheter un billet pour partir à l'autre bout de la planète avec toutes les incertitudes qu'on peut avoir sur ce que sera l'état de l'épidémie" en France et dans le monde, a indiqué Elisabeth Borne jeudi . Mais "on peut recommander aux Français de profiter de notre beau pays pour les prochaines vacances, ce qui aidera aussi le secteur du tourisme".

Miguel devait partir cet été à l’étranger et croise les doigts. "J'ai acheté mes billets d’avion en novembre pour rejoindre mon père en Colombie en juillet, je ne veux pas annuler mon voyage", raconte-t-il. Beaucoup attendent en croisant les doigts. Comme Elsa, qui a réservé en février à Santorin, avec Transavia, pour fin juillet ; ou Noris, qui avait prévu l’Espagne en août pour 6 personnes. "Heureusement, nous avions opté pour l'option annulation dernier moment sans engagements", explique-t-il. Ellen, elle, tient à bout de bras ses vacances au Canada à partir du 14 août. "Rien d'annulé pour le moment. Au pire, on gardera les billets d'avion, puisqu’ils sont valable 18 mois, et on partira l'été suivant. Pour les réservations sur place, on attend encore avant d'annuler."

Vacances à la maison ?

Mais il est dur, quand on est confiné, de voir se briser ses rêves d'évasion. "Notre voyage à Bali prévu en août pour trois semaines est sur le fil du rasoir je suis dégoûtée !", raconte Noémie. "Je vis très mal le confinement, grosse fatigue et déprime J’ai besoin de changer d’air et ce voyage aurait été mon oxygène pour repartir du bon pied." Toutefois, une solution bis se dessine : "Si ce n’est pas possible, on partira quand même dans la famille dans le sud de la France, car rester à la maison n'est pas envisageable." 

Pour beaucoup, la question des finances se pose. "La plupart d’entre nous se demandent déjà comment ils vont arriver à manger début mai ou juin", dit Sarah. " Sandrine devait partir avec ses deux grands ados en Vendée dans un camping 5 étoiles, piscine, discothèque. Ce sera camping à la maison une étoile, piscine comprise tout de même". "On cherche comment dire aux gosses que les vacances seront confinées à la maison cet été et que dans deux mois papa et maman n'auront peut-être même plus de travail", témoigne Alexandra.

 Vanessa a dû annuler un séjour et demander à être remboursée. "La gérante m'a répondu qu'un décret était passé et qu'il n'y aurait pas de remboursements mais des avoirs valables 18 mois." Placée en chômage partiel, Vanessa ne touche plus "que" 84% de son salaire. "On devrait avoir le droit de se faire rembourser entièrement car notre crédit et nos factures eux ne vont pas être réduits à 84%..." Bref, pas de vacances pour elle.

Vers des projets en France

Les plus sereins, - car les plus adaptables - sont ceux qui avaient misé sur la France. "J’espère de tout mon cœur faire le tour d'Alsace et la vallée du Doubs à vélo au mois de juillet ou août !", dit Marie. "Autrement je me baladerais dans mon magnifique département, l'Ardèche." Laetitia a déjà revu ses plans. "Mon mari et moi avions projeté de partir à Lisbonne, mais nous allons nous rabattre sur notre belle France", raconte-t-elle. "Depuis le temps que je veux visiter le Cap ferret !" 

Serge, projetait un demi-tour de France en camping-car, un road trip préparé avec minutie tout au long de l'année. "Nous devions partir en juin mais nous pourrons facilement décaler. La fréquentation de certains lieux prisés sera probablement très différente", dit-il. Car il s’interroge aussi sur le processus de sortie de confinement, et le comportement des gens. "On verra bien, mais je pense qu'il sera de plus en plus difficile de maintenir les Français bloqués à la maison. Je ne serai pas surpris que l'incivilité prime sur la raison et que l'explosion des sorties et déplacement rendent les autorités complètement débordées". 

Repenser notre façon de voyager
Arielle

D'autres ont le moral à zéro avait prévu une semaine à Canet en Roussillon, au milieu du mois d’août. "Elle était réservée depuis septembre 2019, pour mon chéri, notre fils et moi-même. Mais où en serons-nous de cette pandémie ?" Michel s'accroche encore à ce qu'il peut. Il a vu ses quatre jours prévus fin avril à Marseille et son "rêve de gosse au stade Vélodrome annulés", puis son week-end de camping de quatre jours avec des amis en Charente fin mai annulé, et a le "moral dans les chaussettes". "Nous avons fin juillet un séjour en Corse avec des amis pendant douze jours en attente. Tout est réservé depuis janvier. On ne sait jamais, j’ai encore un espoir… Mais cela m’a vraiment fichu un coup au moral." "Chez moi, c’est arrêt complet des projets tant que je ne sais pas quand on sort du confinement", dit Josette. 

Certains sont tout entier tournés vers la situation sanitaire. Ou très philosophes. "Je pars du principe que j'ai encore des années devant moi pour partir en vacances", dit Stéphane. "Si ce n’est pas cette année et bien tant pis, ce ne sera que partie remise." "La seule chose que je désire pour cet été, c’est de pouvoir retrouver ma famille dans le département à côté du mien", dit Justine. "Et de pouvoir savourer chaque instant avec elle." Idem pour Mélanie : "Mes vacances sont foutues et bien ce n’est pas grave… Ce sont des problèmes de riches. Le plus important c’est que mes proches soient présents l’année prochaine !"

Reste que, même en France, rien n'est sûr. "Le déconfinement se fera par région en principe. Donc si la vôtre est déconfinée et pas celle où vous allez, et vice versa ?", résume Sandro. "L’après me paraît plus compliqué que le présent !", abonde François. "Sil y a des vacances, ce sera en France, avec une réservation juste avant de partir ! Prévoir me semble impossible actuellement." Arielle, elle, voit tout un changement de paradigme : "La vie ne sera plus jamais comme avant. Il faut être naïf pour penser le contraire et ceux qui avaient l’habitude de voyager à tout va, feraient mieux de se remettre en question et repenser leur façon de voyager."


Sibylle LAURENT

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