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En plein mois de décembre, c'est ce qu'on appelle une tragédie. Aux Etats-Unis, un enseignant remplaçant dans une école primaire du New Jersey a été licencié sur le champ après avoir révélé aux 22 enfants de sa classe (moyenne d’âge, 6 ans) que le Père Noël n'existait pas - pire, il a au passage également brisé leurs croyances sur la petite souris, le lapin de Pâques et les lutins.
A la lecture de cette histoire rapportée au début du mois par les médias locaux, on pense à tous ces parents obligés un jour de consoler leur enfant confronté à la dure réalité de la vérité sur le bonhomme rouge : que faire lorsque l’on lui a brutalement vendu la mèche plus tôt que prévu ? Quel impact psychologique cette annonce peut-elle avoir chez lui ? Est-ce forcément traumatisant ?
Ce qui est sûr, c'est que vous avez été nombreux à répondre à l'appel à témoignages sur le sujet que nous avons lancé sur notre page Facebook. Preuve que la découverte de la non-existence du Père Noël reste un souvenir têtu. Les adultes actuels se rappellent ainsi que certains enfants voulaient à tout prix préserver l’esprit de Noël tout en étant au courant ("Une fois, l'un de mes camarades en primaire a sorti en pleine classe que le père Noël n'existait pas, je le savais déjà, je lui ai crié que c'était un menteur pour que mes camarades puissent y croire encore", raconte Steven). Mais ce sont souvent les parents trop désinvoltes sur la question qui révèlent involontairement le pot aux roses : "Personnellement, je l’ai su à 4-5 ans, car mes parents n'étaient pas doués dans leur mensonge", confie Liam. "Moi, je l’ai appris quand j’avais 10 ans, j’ai vu mon père disposer les cadeaux au pied du sapin", enchaîne Lynda. Et certains parents de 2018 n’échappent toujours pas aux maladresses : "Elle avait cinq ans lorsqu’elle a ouvert mon coffre de voiture rempli de cadeaux pour mettre mes courses", écrit Nadia.
Le témoignage d'Héloïse a particulièrement retenu notre attention : "J’avais 5 ans, nous étions le 24 au soir, les invités n’allaient pas tarder à arriver chez nous pour fêter Noël. Ma mère était en plein préparatifs. La veille, des camarades de classe m’avaient dit 'quoi, tu crois encore au Père Noël ??!!! La honte, il n’existe pas !!!'. Je m’approche de ma mère, qui a les mains dans la dinde, et je lui dis : "Maman, c’est vrai que le père Noël n’existe pas ?" Le couperet tombe : "Et oui, il n’existe pas, ce sont les parents qui achètent les cadeaux". LE CHOC. Je ne m’attendais pas à une telle révélation. Autant vous dire que cette année-là, la fête n’a pas eu la même saveur…"
Si chaque adulte se souvient précisément du "coup de théâtre" de cette révélation, c’est précisément parce qu’elle dessine une rupture dans son parcours, une sorte de "fin de l'innocence transie". "Avant, la notion d’impossible n’existe pas, explique à LCI le psychopédagogue Alain Sotto. C’est comme en l’An 1000 dans la tête de l’enfant, soit l'expression d'une pensée pré-magique que l’on retrouve dans les sociétés archaïques et qui précède la pensée concrète. Ainsi, avant cette révélation, l’existence du Père noël n’est absolument pas remise en cause." D'où le choc.
"Généralement, cette révélation se produit lors de la première année en primaire", note Alain Sotto. "Soit l’enfant le découvre tout seul via des copains en cour de récréation, soit les parents lui annoncent que le Père Noël n’existe pas. Quand il s’agit de la première option, les papas et mamans sont pris en flagrant délit de mensonge."
Que se passe-t-il dans la tête d'un enfant à qui un prof ou un adulte malhabile vend la mèche ? Notre psychopédagogue se veut extrêmement rassurant, affirmant au passage que "les enfants, étant de plus en plus précoces, sont amenés à apprendre cette désillusion de plus en plus tôt" : "Il n’y a pas d’effondrement psychologique suite à cette révélation. La fête continue malgré tout dans la tête de l’enfant qui, s’il ne croit plus au Père Noël, n’en adhère pas moins au rituel, très important pour lui : l’esprit familial perdure joyeusement, et c'est l'essentiel pour lui. Après, ce qu’a fait ce prof aux Etats-Unis se révèle un peu sadique, il n’avait pas à se mêler de cela, c'est uniquement aux parents de le faire. C’est un peu comme si, en tant qu'adulte, il s'autorisait à siffler la fin de la récréation et cassait la fête à laquelle tout le monde s'amusait."
Et comment réagir en tant que parent lorsque l'enfant a brutalement été confronté à cette vérité nue ? "La meilleure façon, c’est de dire la vérité, de stopper tout faux-semblant, de jouer la carte de connivence, de la complicité. En cela, je conseille aux parents de raconter à leur enfant leur histoire personnelle par rapport au Père Noël, c’est-à-dire révéler à leur tour combien de temps ils sont restés, enfants, dans cette croyance, et comment leurs propres parents leur ont annoncé ce pot aux roses. Ils peuvent même insister sur la dimension ludique, en mettant en lumière toutes les invraisemblances liées à Noël, les déguisements, les différents Père Noël croisés dans les magasins..." Et un petit frère ou une petite sœur continue d'y croire ? "Il faut inclure l'aîné dans le jeu du secret pour le responsabiliser".
Aucune raison de culpabiliser donc, c'est juste comme le réveil d'un doux rêve : "Il faut profiter de cette révélation pour le faire grandir, lui dire qu’il grandit, au moment où se profile le fameux 'âge de raison'". Pour éviter tout trauma, le psychopédagogue recommande aux parents de laisser l’enfant venir lui-même poser des questions sur cette croyance ancestrale… et ce même au-delà de ses 6 ans et plus : "Le Père Noël fonctionne exactement comme la petite souris. Quand l’enfant saisit qu’elle n'existe pas, alors il passe à autre croyance susceptible de soutenir son imaginaire. Il ne faut pas croire que cette annonce anéantira chez lui toute forme d’imaginaire."
Romain LE VERN
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