Noël en famille : et si vous faisiez des exercices d'hypnose pour éviter les conflits ?

Publié le 24 décembre 2019 à 9h00, mis à jour le 27 décembre 2019 à 18h28
Noël en famille : et si vous faisiez des exercices d'hypnose pour éviter les conflits ?
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CARPE DIEM - Pourquoi, à Noël, les réunions de famille ont-elles souvent tendance à partir en vrille ? Ces retrouvailles au goût d'enfance devraient être des moments de joie, et pourtant... ce sont autant d'occasions de régler des comptes. Pour que la bûche ne soit pas la seule chose difficile à digérer, on a demandé conseil à la philosophe et psychothérapeute Nicole Prieur. Contre toute attente, l'hypnose pourrait bien être la solution.

A Noël, les fêtes de famille sont souvent autant attendues que redoutées. La preuve avec cette enquête, menée en novembre, par le site de services à domicile O2 Care Services qui montre qu'une famille sur trois fête Noël et le Nouvel An par obligation et non par plaisir. En cause, selon les sondés, une pression trop grande pour que tout soit parfait. Mais pas que...

Le plaisir des retrouvailles est aussi parfois terni par les mêmes petites phrases assassines lancées par le grand-père râleur, ou la mère qui ne s’intéresse qu’au frère aîné, ou encore la grand-mère qui n’a d’yeux que pour les petits monstres de la sœur. Difficile de rester zen dans ces cas-là ! Résultat, chaque année on se demande si cela vaut la peine, et chaque année on recommence… Mais cette fois, c'est décidé, on ne va pas se faire avoir. Pour ce faire, on a interrogé la psychologue, Nicole Prieur, auteure de Petits règlements de compte en famille (Editions Albin Michel). Elle nous montre comment grâce à l'hypnose on peut apaiser ces tensions et retrouver nos propres forces. 

Quand on se retrouve en famille, il y a un phénomène de régression. On redevient la petite fille ou le petit garçon en culotte courte.
Nicole Prieur, psychologue

LCI - Pourquoi ça part souvent en vrille quand on se retrouve en famille le soir de Noël ?

Nicole PRIEUR - D'abord quand on se retrouve en famille, il y a un phénomène de régression. On redevient la petite fille ou le petit garçon en culotte courte. Les souffrances, les douleurs, les comptes qu'on n'a pas réglé depuis l'enfance, qui sont à fleur de peau (notamment quand on n'a pas travaillé dessus), vont être réactivés à la moindre réflexion de sa mère, ou à l'absence d'intérêt de son père,  souvent avec une charge émotionnelle restée quasiment intacte malgré les années. Par ailleurs, comme on a plusieurs identités en nous : on est l'enfant de ses parents, le frère ou la soeur dans la fratrie, mais aussi la mère ou le père de ses enfants, toutes les frustrations liées à ces différents statuts vont également émerger. C'est-à-dire qu'il y a plusieurs parties en nous qui vont revivre un certain nombre de situations anciennes douloureuses.

Il arrive parfois que ce soit des sujets anodins, par exemple le frère qui annonce qu'il est devenu végétarien, qui mettent le feu aux poudres, pour quelles raisons ?

Nicole PRIEUR - Justement, à partir de ces sujets basiques, cela réactive des tensions déjà présentes dans l'enfance. Ainsi, ce frère devenu végétarien avait peut être déjà montré des velléités de changement par le passé, qui mettaient la pagaille dans la famille, faisant enrager ses parents ou ses frères et soeurs qui n'osaient pas râler parce que c'était le chouchou. Et puis ce qui se passe, surtout à Noël, c'est qu'on a tendance à idéaliser l'image de la famille. Elle est un peu montré, notamment dans les médias, comme la valeur refuge. Du coup, on vient à ce réveillon - car on a quand même envie de venir - avec cette attente de perfection, où il suffit de s'aimer pour que tout aille bien ; et puis tout à coup, il suffit d'une simple réflexion ou d'une attitude qui ne nous convient plus pour qu'on soit déçu.

L'arme de l'humour

Alors, comment faire pour désamorcer la situation ?

Nicole PRIEUR - Déjà, on va essayer d'éviter les sujets qui fâchent. Sauf que cette année, ça risque d'être difficile, avec le débat sur les retraites. Si vous avez autour de la table, un prof, un cheminot et une profession libérale, ça risque d'être tendu. Ensuite, on se prépare mentalement à cette soirée en se disant que si on a envie d'y aller, c'est aussi parce qu'il y a du bon à prendre. Pour s'en convaincre, il faut s'imaginer que la famille est une grande scène de théâtre, où on sait par exemple que notre mère va nous lâcher la phrase assassine qu'elle a l'habitude de lancer à chaque dîner. A partir de là, il y a un petit jeu simple à faire dans sa tête : observez au bout de combien de temps votre mère vous dit que vous êtes mal coiffé(e)ou que votre père vous laisse entendre que votre métier ne présente aucun intérêt. Faites des pronostics : sont-ils dans les temps habituels ? Ont-ils été plus longs qu’usuellement ? Cette manière de prendre une certaine distance avec notre vécu d'avant, va nous permettre de se centrer sur les côtés positifs, c'est-à-dire la jolie table, le bon dessert que seule notre mère sait faire... sans être encombrés par les aspects négatifs. Et c'est là que l'hypnose rentre en jeu.

Quels types d'exercices peut-on faire en prévention ?

Nicole PRIEUR - Dans mon livre L'hypnose pour simplifier les relations familiales (Pocket), il y en a un exercice que je conseille particulièrement pour appréhender avec humour tous les piques envoyées par notre famille, c'est celui de la bulle. Vous pouvez le suivre grâce à un QR Code : il s'agit de construire autour de soi une bulle imaginaire afin de se protéger et de mettre à distance les agressions extérieures. Pour cela, on se place confortablement dans un fauteuil, on laisse le souffle de notre respiration nous apporter de la légèreté et on pense aux images qui nous inspirent et nous invitent à la légèreté : plume, oiseau, voile, feuillage... Une fois que l'on est installé dans cette bulle, on imagine que les méchancetés glissent sur les parois, que les agressions ne nous atteignent pas. Cet exercice est à refaire plusieurs fois afin de s'en imprégner et ensuite de pouvoir se mettre en condition sans cette béquille. 

Un autre conseil pratique ?

Nicole PRIEUR -  Parfois, on rencontre un autre problème, on ne trouve plus sa place dans la famille. On a l'impression qu'on est transparent, qu'on ne fait pas attention à nous. Exemple, on n'aime pas le poisson, et c'est le type de repas que propose systématiquement notre mère. Dans ces cas-là, on peut faire l'exercice de l'arbre, afin d'apprendre à garder sa consistance et sa contenance quelles que soient les situations. Il s’agit donc en premier lieu de trouver son assise, comme si on prenait ancrage en soi-même. Même si dans notre tête, on reste bouleversé, notre corps, lui, devient un arbre. Et malgré la tempête, on reste d'aplomb sur nos racines. Il faut se dire que le petit garçon face à ses parents est aussi à l'extérieur un chef d'entreprise ou un père de famille. Le but c'est que notre corps retrouve face à la famille la prestance qu'il a ailleurs. 

Et si un conflit éclate malgré tout autour de la table ?

Nicole PRIEUR - Si la bulle ou l'arbre ne sont pas suffisants, il faut apprendre à se retirer de la bataille. Il faut admettre que l'on n'arrivera pas à s'entendre sur tout et qu'on n'arrivera pas à changer les personnes en face de nous. C'est une autre façon de prendre de la distance. Parce que plus on va se mêler du conflit, plus on va être tous malheureux. Donc à un moment donné, j'admets, je prends du recul, et j'accepte mon impuissance. C'est un travail qui se fait petit à petit car les difficultés et les souffrances sont installées depuis longtemps. Et se dire en partant : ils se sont tous engueulés comme d'habitude, mais moi qu'est-ce que j'ai gagné ? C'est important de pouvoir se féliciter et de voir le chemin qu'on a parcouru. C'est aussi un fondement de l'hypnose, les changements ont toujours un effet boule de neige. 


Virginie FAUROUX

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