SEPT À HUIT - Le combat de Zoé, Noah et Capucine, ces enfants dys exclus du système scolaire

Publié le 29 avril 2019 à 14h44
SEPT À HUIT - Le combat de Zoé, Noah et Capucine, ces enfants dys exclus du système scolaire

DOCUMENT – La dyslexie, la dysgraphie et la dyspraxie touchent environ un enfant sur cinq. Un handicap parfois lourd dans l'apprentissage des élèves, qui peut mener à leur mise au banc du système éducatif. Une école aux méthodes étonnantes a toutefois trouvé la parade pour les aider.

On les appelle les enfants dys. Dyslexiques, dyspraxiques, dysgraphiques, ils éprouvent des difficultés à lire, à écrire ou à effectuer des gestes précis. Des handicaps dus à un mauvais fonctionnement du cerveau qui touchent 5 à 10 % des enfants. Souvent traités comme des cancres, beaucoup d'entre eux se retrouvent en échec scolaire faute de programmes adaptés. Zoé, Noah ou encore Capucine en font partie. 

Après une période d'errance scolaire, ils ont eu la chance d'intégrer l'école du Cerene, qui possède quatre établissements à Paris et à Lyon. Elle accueille 300 élèves porteurs de ces handicaps, du CE1 à la troisième. Hors contrat, elle est n'est pas tenue de respecter les programmes de l'éducation nationale. Les professeurs, formés à la psychologie des enfants dys avec des neuropsychologues, créent donc leurs leçons en fonction des difficultés de chacun.

Zoé et Noah, deux dyslexiques à la volonté de fer

Zoé, 10 ans, est arrivée dans cette école il y a deux mois à cause d'un très faible niveau en lecture. Elle inverse les lettres et confond les sons. Deux fois par semaine, elle quitte sa classe de CM2 pour suivre des cours d'orthophonie compris dans son emploi du temps au même titre que les maths ou le français. Dans les matières principales d'ailleurs, les cours se font sous forme de jeux. La fillette suit par exemple des cours de grammaire en musique. Car pour enseigner l'imparfait, la maîtresse a choisi une chanson de Michel Jonas. Entendre les verbes aide Zoé à les reconnaître et à les replacer dans des phrases. Si son trouble ne se guérit pas, il peut s'estomper au fil du temps et au gré des efforts.

Noah, lui, fréquente la classe de sixième de l'école Cerene. Située à trois quarts d'heure de route de chez lui, il emprunte chaque jour un taxi, remboursé par la sécurité sociale. Diagnostiqué dyslexique à 8 ans, celui qui en a désormais 11 est reconnu handicapé à 50 %. Depuis son arrivée à l'école des dys il y a deux ans, il a repris confiance en lui. "Au bout de sa première semaine, il était content de découvrir qu'il n'était pas idiot", affirme son père. "Pour avoir un fils plus âgé, je voyais très bien qu'on passait beaucoup trop de temps sur certains sujets" comme "la compréhension de mots simples, basiques. S'ils étaient sus, c'est comme si ça avait disparu la semaine d'après." Dans la salle de classe, dépourvue d'affiches pour ne pas détourner l'attention des élèves, Noah prend ses cours sur un ordinateur, comme tous ses camarades. Un outil indispensable pour lui : "Ça m'aide à écrire plus vite et je me fatigue moins, nous affirme-t-il. Les lettres sont un peu plus grosses et c'est plus lisible." Tout au long de leur scolarité ici, les enfants n'utiliseront jamais l'écriture manuelle.

Capucine, cette élève dyslexique, dysgraphique et dyspraxique

Mais à l'école des dys, certains doivent faire face à un handicap plus lourd que les troubles de la lecture. Capucine, 10 ans, en CM2, cumule troubles de l'écriture, du langage et du geste. Elle n'arrive pas à couper elle-même ses aliments et peine à s'exprimer et à écrire correctement. La petite fille est née à 5 mois et demi de grossesse. Elle ne pesait que 965 grammes. Cyril et Sabine, ses parents, tous deux professeurs au collège, ne savent pas si ses difficultés sont dues à sa grande prématurité. Refusée dans les écoles classiques, elle se retrouve d'abord dans un établissement pour sourds et muets avant d'intégrer cette école, qui constitue, en somme, son dernier recours.

Lors de ses cours particuliers avec l'ergothérapeute qui officie dans son établissement, Capucine a pour mission de trouver un moyen de communiquer sans la parole. L'un des exercices se fait sur ordinateur. Sur le clavier, elle écrit une phrase que la machine prononce à sa place. Malgré les fautes d'orthographe, l'objectif est atteint : la phrase est compréhensible. Grâce à ces petites victoires, accumulées au terme d'immenses efforts, elle compte bien finir par réaliser son rêve : devenir monitrice d'équitation.

Malgré l'aide au handicap que touchent 70 % des élèves, l'école du Cerene coûte cher : 12.000 euros l'année. Un sacrifice important pour certains parents, qui permet malgré tout à ces enfants de retrouver confiance en eux, d'être accepté des autres et de peut-être, décrocher le brevet des collèges, comme 87 % des élèves de cette école.


La rédaction de TF1info

Tout
TF1 Info