Vacances de Pâques : pas de changement de calendrier mais du soutien scolaire pour les élèves en difficulté

Publié le 30 mars 2020 à 20h06
Vacances de Pâques : pas de changement de calendrier mais du soutien scolaire pour les élèves en difficulté
Source : THOMAS SAMSON / AFP

CONGÉS - Alors que les vacances de Pâques sont censées débuter ce samedi pour la zone C, le ministère de l'Éducation a indiqué ce lundi que le calendrier ne serait pas modifié, malgré le confinement dû à l'épidémie de coronavirus. Par ailleurs, du soutien scolaire pourra être proposé aux élèves en difficulté. "Difficile de le faire à distance", répondent les syndicats d'enseignants.

Le confinement à la maison n'y changera rien : "Il faut que les vacances soient les vacances", a souligné ce lundi matin Jean-Michel Blanquer sur Europe 1. Le calendrier ne sera donc pas modifié, les élèves de la zone C (académies de Créteil, Montpellier, Paris, Toulouse, Versailles) seront en congés dès ce samedi 4 avril, suivis par la zone B (académies d'Aix-Marseille, Amiens, Caen, Lille, Nancy-Metz, Nantes, Nice, Orléans-Tours, Reims, Rennes, Rouen, Strasbourg) le samedi 11, et enfin la zone A (académies de Besançon, Bordeaux, Clermont-Ferrand, Dijon, Grenoble, Limoges, Lyon, Poitiers) le samedi 18 avril. 

"Ce sera une période de vacances classique, malgré cette parenthèse particulière que nous traversons, avec notamment des devoirs à faire pour la rentrée", a ajouté le ministère de l'Education, joint par LCI. Le ministère qui a, par ailleurs, décidé de profiter de cette pause pour tenter de cibler les élèves en difficulté, voire ceux qui ont décroché, durant ces quinze premiers jours de confinement. "Pour ces derniers, certains professeurs pourront, sur la base du volontariat, leur assurer un suivi un peu plus individualisé. L'idée c'est de mettre en place une sorte de soutien scolaire, et nous sommes en train de réfléchir pour savoir quelle forme cela pourra prendre", poursuit le ministère.

Durant cette période de confinement, il ne peut pas y avoir de continuité des apprentissages, comme le prône le ministre.
Francette Popineau, porte-parole du Snuipp-FSU

Une annonce qui n'est pas raisonnable pour Francette Popineau, porte-parole du Snuipp-FSU, le syndicat nationale des instituteurs. "Le soutien scolaire, ça ne peut pas se faire à distance, dit-elle à LCI, rappelant que les élèves décrocheurs le sont à partir du moment où on aborde des notions nouvelles. "Durant cette période de confinement, il ne peut pas y avoir de continuité des apprentissages, comme le prône le ministre. Il faut plutôt renforcer ce qu'on a fait entre septembre et mars, pour que l'enfant soit autonome et en situation de réussite. Ce sont les deux critères essentiels sinon on met tous les élèves en difficulté, même les meilleurs, car eux-aussi ont besoin d'un accompagnement et d'être rassurés, et surtout on creuse les inégalités".

"Il faut que les élèves aient un rendez-vous avec l'école et maintiennent une activité, mais ce ne peut être que de la consolidation. Je sais que les enseignants font preuve d'énormément d'imagination et proposent des cours ludiques avec des vidéos mais c'est utopique de vouloir poursuivre le programme, martèle Francette Popineau. Et pour mieux se justifier, la porte-parole décline plusieurs raisons à cela : "D'abord, parce qu'il y a des familles qui n'ont pas les outils numériques, ce qui veut dire qu'on en élimine une partie ; il y a aussi des familles qui n'ont pas les moyens intellectuels de suivre les programmes, et c'est comme ça, chacun ses compétences ; et il y a les parents qui n'ont pas le temps ou la patience d'accompagner leurs enfants". 

Résultat, le Snuipp-FSU est catégorique : "Il faut que Jean-Michel Blanquer arrête de mettre la pression sur les professeurs et sur les familles en parlant de continuité pédagogique, et désormais, en voulant mettre en place du soutien scolaire. Les vacances doivent rester des vacances. Les enseignants continueront de toute façon à garder le contact avec les familles qui en ont besoin, mais il faut qu'on leur fasse confiance. Je peux vous dire qu'il y a des parents qui reçoivent des appels tous les jours de la part des enseignants, et cela se poursuivra durant ces 15 jours de pause, mais l'activité scolaire doit, elle, être ralentie", souligne sa porte-parole.

Il faut prendre conscience qu'on ne rattrapera pas une situation normale. Et cela ne doit culpabiliser personne.
Frédérique Rolet, secrétaire nationale du SNES-FSU

Même son de cloche pour Frédérique Rolet, contactée par LCI. La secrétaire nationale et porte-parole du SNES-FSU, le syndicat national des enseignements de second degré, ne se fait pas beaucoup d'illusion sur le fait que les élèves puissent suivre le programme scolaire comme d'habitude. "La priorité c'est de maintenir à tout prix le lien, et que personne ne soit déscolarisé, dit-elle. Dans l'ensemble, la plupart des contacts ont été maintenus avec les professeurs, soit parce que les élèves assistent aux classes virtuelles et rendent leurs devoirs, soit parce que les professeurs principaux appellent les familles pour garder le lien avec tel ou tel élève en difficulté. Mais dans l'enseignement professionnel, par contre, c'est plus compliqué. Beaucoup d'enseignants n'ont plus de nouvelles de leurs élèves", reconnaît-elle.

L'idée c'est de trouver un juste équilibre entre le travail et le repos. "Aujourd'hui, les élèves comme les professeurs ont besoin d'une pause, donc ces vacances sont nécessaires, admet la porte-parole. Ce qui ne veut pas dire ne rien faire, notamment pour les élèves de troisième et de terminale, qui vont continuer à avoir un peu de travail de révision pour préparer leur brevet ou leur bac. Quant au soutien scolaire pendant cette coupure, encore faudrait-il pouvoir recenser tous les élèves qui ont décroché, et surtout connaître les causes, s'interroge Frédérique Rolet. Si c'est un problème matériel, cela ne va pas se résoudre pendant les congés ; si ce sont des élèves qui sont mal à l'aise face à une classe virtuelle, on peut éventuellement réfléchir à d'autres formes, comme un contact téléphonique, par exemple, mais il faut prendre conscience qu'on ne rattrapera pas une situation normale. Et cela ne doit culpabiliser personne".

Par ailleurs, concernant les prochaines annonces du ministre de l'Education qui donnera d'ici "à la fin de la semaine" la formule retenue pour le baccalauréat et le brevet, Frédérique Rolet préfère rassurer les familles, "le bac 2020 ne sera pas un examen au rabais. Les élèves ont travaillé durant deux trimestres, et continuent malgré tout à approfondir un certain nombre de notions. Ce ne sera pas une année fichue, il faut le dire aux élèves".


Virginie FAUROUX

Tout
TF1 Info