Cannes 2014 – Courts-métrages en compétition : plus c'est court, moins c'est bon

par Jennifer LESIEUR
Publié le 23 mai 2014 à 18h46
Cannes 2014 – Courts-métrages en compétition : plus c'est court, moins c'est bon

SELECTION OFFICIELLE – Le jury présidé par Abbas Kiarostami va devoir choisir parmi neuf films venus du monde entier quelle sera la Palme d'or du court-métrage. On leur souhaite bien de la bonne volonté, au vu de cette sélection d'une indigence stupéfiante.

Une fois, ça va. Deux fois, à la rigueur. La troisième fois qu'on regarde défiler le générique de fin d'un court-métrage raté, on se dit qu'il y a quelque chose de pourri dans le royaume de la création. "Eh ben, ils ne se sont pas foulés", murmure un spectateur pendant la projection des neufs candidats à la Palme d'or qui leur est réservée. Voyez plutôt. Une jeune Colombienne cherche son petit ami, son bébé dans les bras. Elle le trouve. Elle rentre en bus. Fin. La femme d'un prêtre géorgien veut travailler. Il ne veut pas. Fin. Le pompon revient à cinq (!) réalisateurs japonais qui se sont contentés de filmer les invités d'un mariage qui posent pendant trois plombes pour la photo de famille. Fin. Là, on a vraiment envie de se lever pour leur demander : franchement, même à cinq, vous ne pouviez vraiment pas proposer mieux que ça ?

France et Belgique, deux points. Azerbaïdjan, un point

Au milieu de cette succession de clips incompréhensibles, le court-métrage du norvégien Hallvar Witzo a enfin réveillé la salle. Son Ja vi elsker est drôle. Pas hilarant ni brillant, mais lui au moins a mérité ses applaudissements. Et aussi, allez, Sonuncu de Sergey Pikalov qui nous montre un joli bout d'Azerbaïdjan. Mais les seuls prétendants qui remplissent les conditions d'un court réussi sont Aïssa du Français Clément Trehin-Lalanne, qui montre la froideur d'un examen médical sur une jeune sans-papiers pour déterminer son âge, et Les corps étrangers de la Belge Laura Wandel, sur un photographe de guerre amputé, en pénible rééducation dans une piscine.

Ces deux films sont aussi lents que les autres, mais une idée se dessine et une émotion passe. Contrairement aux précédents, les réalisateurs ont eu l'amabilité de ne pas laisser le spectateur y deviner des profondeurs inexistantes. A la fin de la projection, on est tout de même sidéré par ce gâchis général. Un court-métrage coûte de l'argent, son format est censé offrir un instantané intense. Etaient-ce les meilleurs films à sélectionner, alors que Cannes est une vitrine exceptionnelle pour de jeunes réalisateurs bourrés d'idées ? Dans ce cas, autant passer directement au long-métrage. 


Jennifer LESIEUR

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