Cannes 2016 : Adam Driver, aussi passionnant qu'une page blanche dans "Paterson"

Publié le 16 mai 2016 à 12h05

RATAGE – On attendait beaucoup de la collaboration entre Jim Jarmusch et la nouvelle star du ciné indé Adam Driver. Mais "Paterson", récit atone présenté en compétition, déçoit autant qu’il ennuie.

Paterson, c’est une ville du New Jersey. C’est aussi le nom du chauffeur de bus joué par le bien-nommé Adam Driver dans le nouveau Jarmusch. Le réalisateur de Dead Man et Ghost dog dissèque le quotidien d’un Américain moyen sur une semaine. C’est alors un jour sans fin qui commence : son héros se réveille à côté de Laura (Golshifteh Farahani), mange ses céréales, écoute les conversations des passagers de son bus, avale le mauvais repas que lui a préparé sa dulcinée, compose avec les délires artistiques de madame (peintre, fabricante de cupcakes et chanteuse country à ses heures), va promener Marvin, le bouledogue qu’il déteste, et va finalement vider une bière au bar du coin.

Toute la semaine, c’est la même rengaine, à ceci près que notre héros est aussi poète et nous fait partager sa "riche" vie intérieure ponctuée par des vers sur des boites d’allumettes. Pourquoi pas après tout ? Mais la couleuvre que veut nous faire avaler Jarmusch nous reste en travers de la gorge. Paterson n’est ni une tranche de vie drôlatique ni une lecture poétique d’un quotidien a priori monotone. Paterson n’est qu’un collage d’images et de saynètes qui eussent tout aussi bien alimenté un court métrage ou un album photo. Le lundi, passe encore. Le mardi, on espère qu’il nous racontera une histoire. Le mercredi, on a compris que ça n’arrivera pas. Et la fin de semaine nous semble interminable.

Adam Driver en pilote automatique

Adam Driver, le Kylo Ren de Star Wars et le mec de Lena Duham dans Girls, n’y change rien : sa prestation est désincarnée (volontairement nous dira-t-on), et sa prétendue poésie intérieure, censée contraster avec sa routine, nous enflamme à peu près autant qu’un roman photo. Certes, quelques scènes imposent le sourire (une dégustation douloureuse mais polie de tarte aux choux de Bruxelles) et il n’y a pas de quoi crier au scandale. Mais il y a largement de quoi inviter à la sieste.

Mais soyons bons joueurs et accordons ceci à Jarmusch: si un prix au palmarès nous semblerait pure escroquerie, la Palm Dog, récompensant la meilleure prestation canine de la sélection, semble acquise au bouledogue Marvin, finalement bien plus attachant que ses maîtres.

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La rédaction de TF1info

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