Cannes 2016 : Avec ce "Last face" honteux, Sean Penn fait rire malgré lui

Publié le 20 mai 2016 à 12h27
Cannes 2016 : Avec ce "Last face" honteux, Sean Penn fait rire malgré lui

SCANDALEUX - Mais que fait "The Last Face" en compétition cannoise ? Un beau tapis rouge justifie-t-il de cautionner de telles obscénités ? Pourquoi ce long-métrage a-t-il même été produit ? Les questions fusent après avoir assisté à la projection du cinquième film de Sean Penn, tout simplement révoltant.

Tout commence mal. Avec cette réplique, "Il n’est d’égale à la brutalité de la guerre que la brutalité d’un amour impossible entre un homme... et une femme", le ton est donné : Sean Penn va se planter dans les grandes largeurs en mettant en parallèle une romance contrariée entre deux médecins humanitaires et la violence des guerres civiles au Liberia. Très vite, l’impression se confirme.

Le contexte (les enfants soldats, la pauvreté, les massacres...) ne sert ici que de décor, d’illustration romanesque à la love story chichiteuse qui se trame entre la blonde Charlize Theron et le latin Javier Bardem. Les visages des "pauvres petits Africains" sont filmés à hauteur d’Occidental, avec ralentis, gros plans, flous et musique sur-signifiante à la clé. Quant aux corps mutilés et autres intestins déballés, ils sont réduits aux rôles d’accessoires pour plans de coupe. Le chantre de l’engagement Sean Penn devient ainsi le VIP de la romantisation de la souffrance et de la violence et décrédibilise tout discours qu’il pourrait tenir à l’avenir sur la question.

Le pire film de la compétition cannoise

On espérait un film militant, politique. On se retrouve avec un mélo guimauve, abêtissant et sur-esthétisant. Rais de soleil, voix off mielleuse, coccinelle en goguette sur un rideau, le réalisateur de The Pledge et Into the wild se mue en Terrence Malick du pauvre pour tenter de donner corps à une passion qui, totalement désincarnée par son duo de stars, manque cruellement de souffle et de chair.

Mais qui - accordons lui ceci- aura le mérite d’avoir provoqué de gros éclats de rires dans l’assemblée. En cause, des dialogues d’une bêtise consternante. Après que Charlize aura sorti à Javier que "la pénétrer n’est pas comprendre ce qu’elle est intérieurement", Jean Reno, toubib témoin de l’amour de ses confrères, leur expliquera très sérieusement qu’il ne faut pas choper dans la vie, qu’il faut aimer ("It’s not grabing, it’s love" dans le texte). Très très embarrassant, à l’image de ce mélo bien pensant et affligeant qui transpire la prétention.

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La rédaction de TF1info

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