"Le jeune Ahmed" : les frères Dardenne bousculent Cannes avec le portrait d’un ado radicalisé

ON ADORE – Présenté ce lundi en compétition, en salles ce mercredi, "Le jeune Ahmed" voit les frères Dardenne s’attaquer au sujet brûlant du radicalisme islamiste à travers le portrait d’un adolescent monté contre les siens par un imam fondamentaliste. Un suspense psychologique étouffant où l’humain l’emporte sur la politique.
Ce sont des habitués du Festival de Cannes. Comme Pedro Almodovar ou Ken Loach cette année, Luc et Jean-Pierre Dardenne ont leur ticket assuré pour la Croisette à chaque nouveau film. Un privilège qu’ils doivent d’abord et surtout à la qualité de leur travail. Deux fois lauréats de la Palme d’or avec "Rosetta" (1999) et "L’Enfant" (2005), les frères belges nous avaient toutefois laissé sur notre faim en 2016 avec "La Fille inconnue", en dépit de la présence irradiante d’Adèle Haenel.
Présenté en compétition ce lundi, "Le jeune Ahmed" remet les pendules à l’heure. Et de fort belle manière. Issu de l’école du documentaire, le duo a toujours inscrit son cinéma dans la réalité sociale de son pays. Jamais, pourtant, il ne s’était confronté à un sujet d’actualité aussi brûlant et matière au débat, dans leur pays comme dans tout l’Europe : le radicalisme islamiste.
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Ahmed (Idir Ben Addi), c’est un garçon musulman de 13 ans qui vit dans un quartier populaire de Liège avec sa mère et ses sœurs. L’absence du père, sans doute, l’a conduit à se rapprocher d’un imam fondamentaliste dont l’emprise se fait sentir, chaque jour un peu plus. Mme Inès, son enseignante, s’alarme de son changement de comportement. Il ne lui sert plus la main, évite son regard, lui reproche de vivre avec un juif. Jusqu’au jour où il tente de la tuer…
Dès les premières secondes, on retrouve le style nerveux et épuré des frères Dardenne. La caméra, sans cesse en mouvement, épouse les déambulations d’Ahmed, emprisonné dans le système de pensée qui régit son quotidien et va l’isoler peu à peu de ceux qui l’aiment. Est-il déjà trop tard pour le sauver ? C’est la question qui se pose lorsqu’il rejoint un centre déradicalisation pour les jeunes de son âge.
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Le film bascule alors vers un suspense psychologique intense dont le spectateur ne sort pas indemne. Refusant tout manichéisme, les frères Dardenne scrutent la fuite en avant de leur jeune personnage sans jamais prendre parti. Ni pour, ni contre. Mais avec la volonté de bousculer les consciences en présentant la complexité d’un être qui échappe, nous rappellent-ils, aux clivages politiques dont l’actualité nous abreuve. Puissant.
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