"Je n'ai jamais été et ne serai jamais nazi" : Lars Von Trier s’explique avant son retour à Cannes

Publié le 20 avril 2018 à 19h13
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Source : Sujet JT LCI

ENFANT TERRIBLE – Sept ans après son éviction du Festival de Cannes suite à des propos controversés sur Hitler, le cinéaste danois Lars Von Trier reviendra sur la Croisette présenter "The House That Jack Built". Une affaire sur laquelle il est brièvement revenu lors d’une remise de prix à Copenhague.

C’est un comeback qui a éclipsé tout le reste. Jeudi, le Festival de Cannes a complété la sélection des films qui seront présentés en mai prochain dans le cadre de sa 71e édition. Parmi eux, "The House That Jack Built", un film d’horreur réalisé par Lars Von Trier, qui se présenté hors compétition durant la quinzaine. C’est la première fois qu’on reverra le cinéaste danois sur la Croisette depuis sa conférence de presse polémique en 2011, lors de la présentation de "Melancholia".

A l’époque, le lauréat de la Palme d’or en 2000 avec "Dancer in the Dark" avait choqué en se lançant dans une explication pour le moins hasardeuse sur ses origines familiales. "J'ai alors découvert que j’étais un nazi, car ma famille est allemande ", avait-il lancé. "Que puis-je dire, je comprends Hitler, mais je pense qu'il a fait beaucoup de mal. Je crois que je comprends l'homme, l'homme n'est pas intrinsèquement bon, mais je le comprends dans un sens (…) Ok, je suis un nazi."

Les conséquences épouvantables de la conférence de presse m'ont coûté des années d'angoisse
Lars Von Trier

Des propos qui lui avaient valu d’être déclaré "persona non grata" dans le plus grand festival de cinéma du monde. Avant sa réintégration cette année, sous l’impulsion de son président, Pierre Lescure. Mais qu’en pense le principal intéressé ? Heureux des hasards, Lars Von Trier recevait ce jeudi le prestigieux prix Sonnig, récompensant une personnalité de la Culture, et décerné par un jury sous l’égide de l’Université de Copenhague.

L’occasion de revenir de manière publique sur cette sombre affaire. "Je n'ai jamais été et ne serai jamais nazi", a-t-il affirmé durant son discours. "Les conséquences épouvantables de la conférence de presse m'ont coûté des années d'angoisse. Toute cette histoire m'a appris qu'il faut s'exprimer prudemment", a ajouté le cinéaste âgé de 61 ans, cité par le journal "Politiken".

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En janvier dernier, Milena Bonifacini, la présidente du prix Sonning justifiait le choix de Lars Von Trier en soulignant sa capacité "donner son interprétation personnelle de genres cinématographiques différents. En ce sens, c’est un artiste visionnaire et avant-garde qui se positionne fièrement et consciemment dans un registre très éloigné du cinéma mainstream sans cesse plus commercial. C’est cette volonté continue de casser les conventions qui rend le travail de Lars Von Trier unique et contribue à faire du cinéma européen quelque chose de spécial."

Son nouveau film marchera-t-il dans les pas de ses prédécesseurs ? Conçu à l’origine comme une série télé, "The House That Jack Built" raconte le destin sur douze années de Jack, un serial killer interprété par l’acteur américain Matt Dillon. Tourné entre mars et mai dernier au Danemark, il est également interprété par Uma Thurman, Bruno Ganz, Sofia Grabol, la star de la série danoise "The Killing" ou encore Riley Keough, la petite-fille d'Elvis Presley.

Il y a quelques mois, Lars Von Trier présentait le successeur de "Nymphomaniac" comme le film le plus brutal de sa carrière. Dans un premier teaser, dévoilé jeudi, Matt Dillon contemple la caméra, le visage recouvert de sang.  "Les vieilles cathédrales ont souvent des œuvres sublimes cachées dans les coins les plus sombres, pour que Dieu seul les voit", explique son personnage en voix-off. « La même chose vaut pour le meurtre." Brrr…


Jérôme VERMELIN

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