VIDEO - Lars Von Trier : "Il y a un serial killer en chacun d’entre nous"

par Jérôme VERMELIN à Cannes
Publié le 17 octobre 2018 à 12h50, mis à jour le 16 août 2023 à 14h49

Source : Sujet JT LCI

INTERVIEW - 7 ans après avoir été déclaré persona non grata suite à ses déclarations douteuses sur Hitler, le cinéaste danois revenait à Cannes avec nouveau film, "The House that Jack Built", avec Matt Dillon. LCI est allé à sa rencontre.

"La punition avait assez duré", expliquait en début de Festival le délégué général Thierry Frémaux à propos de la décision de bannir Lars Von Trier de la Croisette suite à ses propos dérangeants sur Hitler et les nazis, en 2011. De retour à Cannes, il a présenté "The House That Jack Built", le portrait d’un serial killer qui a secoué bien des spectateurs. LCI est allé en discuter avec lui…

Êtes-vous heureux de revenir au Festival Cannes ?

Je dois dire que j’ai été très touché par l’accueil qui m’a été fait (lundi soir – ndlr) C’était fantastique de se sentir le bienvenu. Mais ça a été dur. Tout a commencé avec la police française qui m’a menacé de cinq ans de prison pour quelque chose dont personne n’aurait parlé dans mon pays (une peine qu’il aurait encouru s’il avait été poursuivi pour apologie de crime contre l’humanité – ndlr). Ils savent que je ne suis pas un nazi. Mais les gens prennent tellement peur avec ces histoire d’Internet que le Danish Film Institute s’est désolidarisé de moi. Ils auraient juste pu dire que Lars est stupide et qu’il dit des idioties, mais qu’il n’est pas un nazi. Beaucoup de gens auraient pu me sauver et l’histoire se serait terminée là. Mais personne ne l’a fait.

Vous êtes toujours amer ?

Oui.

Dans quel état d'esprit étiez-vous en écrivant ce film ?

J’étais très heureux, c’était presque comme des vacances. C’est très libérateur d’avoir un serial killer pour personnage principal parce qu’il peut faire tout ce qu’il veut, un peu comme Superman. Il peut dire les trucs les plus stupides à la police et toujours s’en sortir.

Il y a écrire tous ces meurtres, et puis vient le moment de les mettre en scène…

Oui mais vous savez les meurtres sont pour la plupart des effets spéciaux (sic). On ne ressent rien. C’est un peu comme avec "Nymphomaniac". On ne ressent rien en regardant des gens baiser sur un plateau. D’autant plus que c’est souvent une autre équipe qui tourne ça. Alors ce n’est pas déplaisant de voir tous ces meurtres et tout ce sang. J’étais surtout content de voir Matt (Dillon) faire son truc.

Il y a beaucoup de serial killers dans les films, les séries… En quoi le votre devait-il être différent ?

C’était important pour moi de lui donner un côté humain. Parce que je crois qu’il existe un serial killer en chacun d’entre nous. Certains peuvent le contrôler, mais lui décide de ne pas le faire. Et là ça devient abusif, un peu dur à regarder. Mais pour rester honnête, je devais tout montrer.

Avez-vous parfois des envies de meurtre ?

Non (sourire).

Jack laisse entendre que pour lui le meurtre est une forme d’art. C’est ce que vous pensez ?

J’avais cette idée de parler des meurtres de masse, je l’ai écrite et il s’est trouvé que Jack a commencé à me ressembler de plus en plus. La différence c’est qu’il doit se débrouiller avec ses meurtres alors que moi je dois me débrouiller avec mes films...

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