Anigo à Valbuena : "Bien sûr que tu as le droit de jouer pour Lyon"

Jean Canesse
Publié le 25 septembre 2015 à 15h45

LETTRE OUVERTE - Mathieu Valbuena n'a pas que des ennemis. Le meneur de jeu de l'OL a été franchement bousculé pour son retour à Marseille dimanche mais il reçoit depuis ce triste événement de nombreux soutiens. Parmi ceux-là figure José Anigo, qui lui a écrit une lettre ouverte dans France Football ce jeudi.

Pour ceux qui ne s'en souviennent pas et pour les autres qui ne l'ont jamais su, Mathieu Valbuena doit beaucoup à José Anigo. C'est lui qui, il y a dix ans déjà, a permis le transfert de "Petit Vélo" vers l'OM. Le directeur sportif de l'époque était allé le repérer quand il brillait dans le championnat du National, sous les couleurs de Libourne Saint-Seurin.

Le reste du chemin vers le très haut-niveau, Valbuena l'a parcouru quasiment seul mais sans jamais baisser dans l'estime d'Anigo. C'est sans véritable surprise que le technicien de 54 ans a décidé d'écrire une lettre ouverte pour manifester son soutien à l'international tricolore, salement pris à partie par des spectateurs du Stade Vélodrome dimanche soir. Un billet comprenant deux thèmes majeurs : le droit de changer de club pour un footballeur et la bêtise de certains supporters marseillais.

"Tu aurais dû être accueilli par des applaudissements"

"Parce que tu joues désormais simplement sous un autre maillot, toi qui as si souvent fait du bien à cette équipe de l’OM mérites-tu un tel traitement ? Bien sûr que non !", a écrit Anigo en début de lettre au sujet d'un joueur qui a pendant huit ans mouillé le maillot sur le Vieux-Port, comme le veut l'expression consacrée. "Comment faire de toi une cible alors que tu es parti de l’OM adulé et en pleurs lors de ta conférence de presse ?, a-t-il poursuivi. Ok, tu avais alors dit que tu ne jouerais jamais pour un autre club en France. Et alors ? On sait bien que les carrières et les parcours échappent souvent aux intéressés. Mais ce revirement ne peut justifier de telles intimidations minables et lamentables."

Hué, ciblé par des projectiles de toutes sortes, Valbuena a également été représenté par "un mannequin suspendu à une potence infâme" dans les virages du stade marseillais. "On ne peut pas se réclamer de l’OM et traiter ainsi un de ses «fils», regrette Anigo. Bien sûr que tu as le droit de jouer pour Lyon. Tu as aussi le droit de revenir à Marseille où tu aurais dû être accueilli, avant le match, par des applaudissements. Comme ça se fait dans les grands clubs où l’on a de la mémoire plutôt que de la rancœur et de l’aigreur."

Soutien de premier choix du maître à jouer de l'équipe de France, José Anigo est dans le même temps critique envers "certains spectateurs marseillais". "Le résultat de ce match est devenu pour moi secondaire tellement j’ai été stupéfait par cette haine débile, a-t-il expliqué. Devant ma télé, j’étais abasourdi par tant de conneries ! Ces énergumènes m’ont fait honte." Si le Vélodrome représente pour l'ancien directeur sportif et entraîneur de l'OM "un public de connaisseurs", il y demeure "une petite frange de débiles inconscients qui viennent au stade non pas pour supporter leur équipe mais pour cracher leur colère, leur haine, leurs frustrations à l’encontre de n’importe qui et de n’importe quoi." Anigo estime toutefois que Mathieu Valbuena reste soutenu par de nombreux Marseillais. "Moi, je n’oublierai jamais tout ce que tu as fait pour ce club. Et je ne suis certainement pas le seul Marseillais à te souhaiter sincèrement bonne chance pour la suite, même loin de la Canebière…", a-t-il conclu. 

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