Manchester United-PSG : Old Trafford, un stade mythique... et mutique

ENCEINTE - Ce mardi soir, en huitièmes de finale aller de Ligue des champions, le PSG affronte Manchester United dans son antre d’Old Trafford. Un stade légendaire... qui cherche encore son identité.
Le plus grand attaquant de l’histoire du football anglais, et plus particulièrement de Manchester United, Sir Bobby Charlton, avait un jour surnommé Old Trafford, le stade où le PSG dispute ce mardi soir son 8e de finale aller de Ligue des champions, "le théâtre des rêves". L’expression est restée. Mais si, à l’époque, elle avait vocation à mettre en valeur les "rêves" auxquels cette arène peut donner corps, elle renvoie aujourd’hui plutôt au "théâtre", référence péjorative dans le sport, utilisée, à titre d’exemple, par Didier Deschamps après la demi-finale de la Coupe du monde 1998, pour fustiger le public du Stade de France, resté assis et silencieux tout au long de la rencontre.
Longtemps, l’archétype du supporter d’une équipe de football a été incarné par la figure anglaise : des tribunes joyeusement ivres et chantantes, remplies d’ouvriers venus en famille pour communier, encourager leur équipe, mais aussi chambrer l’adversaire, dans une odeur entêtante de houblon et de sandwichs bon marché. C’était avant que le hooliganisme ne ronge, dans les années 1980, cet esprit, provoquant une répression sans précédent des pouvoirs publics autour des stades, voulue par Margaret Thatcher. Avant, aussi, le rachat des grands clubs du Royaume par de riches investisseurs étrangers, qui a fait grimper en flèche le prix des places, et exclu de facto des travées les bourses les plus modestes.
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"La foule vient pour se divertir mais, parfois, on a besoin qu’elle nous aide pour atteindre la performance. C’est devenu trop rare et aujourd’hui on se serait cru à des funérailles", avait ainsi déploré en 2005, année (tiens, tiens) du rachat de Manchester United par l’Américain Malcolm Glazer, Sir Alex Ferguson, manager mythique des Red Devils de 1986 à 2013. C’est peu dire que les choses ne se sont pas arrangées depuis.
Il y a pile un an, José Mourinho, alors encore entraîneur de Man U (il a été démis de ses fonctions le 18 décembre dernier), s’était à son tour laissé aller à une petite pique contre ses propres supporters : "Old Trafford, ce n’est pas Portsmouth. Je me souviens de notre récent déplacement à Portsmouth, un si petit stade, mais avec une ambiance incroyable. Chez nous, l’atmosphère est un peu calme, il n’y a pas beaucoup d’engouement." Rappelons ici que, dans un match très serré, il arrive que le public, par le bruit et la fureur, ait un impact plus ou moins direct sur un résultat, ce qui en fait un bien précieux.
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En portant son dépit sur la place publique, Mourinho espérait donc faire bouger les choses. Bingo ! Sa sortie a, d’abord, provoqué une réaction des supporters eux-mêmes, regroupés dans une association globale nommée le Manchester United Supporters’ Trust (MUST), qui a alors expliqué dans un communiqué que 'le manque d’ambiance n’est pas une problématique liée à Old Trafford. Cela affecte des clubs dans tout le pays. Notre soutien dans les matchs à l’extérieur est largement reconnu, par les plus objectifs, comme le meilleur d’Angleterre. Nous pensons que l’atmosphère est principalement liée à la relation entre les clubs et les fans, y compris l’actionnariat participatif".
Une première mesure
Tant et si bien que la direction de Manchester United, bien que soucieuse de rentabiliser au mieux son enceinte, a consulté les supporters lors de plusieurs réunions pour tenter de résoudre le problème. Et a pris une première mesure l'été dernier en réduisant presque de moitié (à 324 euros) le prix des abonnements (des places réservées à l’année à un spectateur) dans une tribune, la Stretford End, pour les jeunes âgés de 18 à 25 ans. "Nous accueillons favorablement cette mesure. Même si cela concerne une petite partie du stade pour le moment, cela démontre la compréhension du fait que les groupes de jeunes gens se sentaient exclus par le passé", s’en est d’ailleurs officiellement réjoui le MUST.
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Pour autant, les Parisiens, en se rendant à Old Trafford, verront bien la statue de Sir Bobby Charlton devant le stade, mais n’auront pas à subir un boucan d’enfer d’un autre temps. Cela leur rappellera, du reste, le Parc des Princes, où la même problématique existe (des enceintes diffusant des chants de supporters ont été disposées autour du terrain samedi pour PSG-Bordeaux), et où le prix moyen des places (86,90 euros) est encore plus élevé qu’à Old Trafford (63,10 euros). Un autre théâtre.
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