Chantage à la sextape, cambriolages, arnaques... comment les footballeurs sont devenus des pigeons potentiels

Publié le 6 novembre 2015 à 14h59
Chantage à la sextape, cambriolages, arnaques... comment les footballeurs sont devenus des pigeons potentiels

OPULENCE - Jeunes, célèbres, fortunés et mal préparés à tout ça, les footballeurs sont de plus en plus souvent victimes d'arnaqueurs opportunistes ou d'un entourage mal attentionné. Bien que parfois déifiés, ils sont en fait souvent des proies faciles.

Des cibles très identifiables. S'il n'y a pas grand-chose à voir entre les déboires de Mathieu Valbuena avec sa sextape, librement et consciemment tournée au risque de la voir faire les choux gras des réseaux sociaux et de maîtres chanteurs, et les séries de "car-jacking" ou cambriolages qui frappent régulièrement les footballeurs, la gamme des problèmes, et leur fréquence, qu'ils rencontrent en dehors des terrains est en tout cas très variée.

Comme Pierre Eymerick Aubameyang, à qui on a volé son Aston Martin alors qu'il évoluait encore à Saint-Etienne, ou récemment Blaise Matuidi, cambriolé chez lui pendant qu'il jouait contre Chelsea au Parc des Princes ! "C'est d'abord, tout simplement, l'argent qui fait que les footballeurs sont des cibles privilégiées", explique à l'AFP Frank Hocquemiller, agent d'image de sportifs mais également d'artistes : "La différence entre les sportifs de haut niveau et les artistes, c'est l'âge et la formation".

"On les forme pour être des joueurs de haut niveau, moins pour devenir des hommes"

Jeunes, naïfs, les sportifs et a fortiori les footballeurs professionnels ont "tous fait des concessions sur le plan scolaire, sur l'apprentissage de la vie", poursuit Sidney Broutinovski, directeur de l'Ecole des Agents de Joueurs de Football (EAJF) et agent lui-même. "Car on ne peut pas faire des études six heures par jour, se préparer à la vie et passer six heures à faire du foot, insiste-t-il. En centres de formation, les garçons sont d'abord là pour être des joueurs de haut niveau, moins pour devenir des hommes."

"Les centres de formation n'ont pas les moyens humains et financiers pour former les joueurs à faire attention à leur image. Et les joueurs ne sont pas demandeurs", reprend Hocquemiller. Le rôle de l'agent, sportif ou d'image, du conseiller, parfois de l'entraîneur, va donc être d'inculquer le b.a.-ba en accéléré à son joueur devenu professionnel, gagnant donc des sommes démesurées pour son âge, son bagage scolaire et souvent son niveau social.

"Il faut commencer tout petit à leur dire d'éviter absolument de se faire filmer, de se trouver dans des endroits bizarres, raconte un agent dont plusieurs joueurs évoluent en L1 et à l'étranger. On ne leur parle pas de tout ça en centre de formation, or le centre de formation remplace les parents. C'est au centre d'assurer l'éducation." Et de poursuivre :  "Que tu sortes, OK, que tu t'amuses, OK. Mais que tu t'éclates la gueule à l'alcool, non, si tu en es là, si tu fais des sextapes, c'est qu'il y a un problème d'éducation à la base."

Deux signatures : une pour les autographes, l'autre pour les contrats...

Jean-Pierre Bernès, l'agent de Valbuena,  expliquait ainsi sur France Info conseiller à ses joueurs d'avoir deux signatures : l'une pour les autographes, la véritable pour les contrats. Car les sollicitations, et donc les risques d'usurpation, d'arnaque, sont innombrables. "On est dans un métier où tous les jours il y a quelqu'un pour vous vendre quelque chose, reprend Hocquemiller. Une bagnole, une maison, une défiscalisation, un contrat pub". Ce sont souvent des charlatans, parfois aussi des gens bien intentionnés. Des proches, des parents, des frères, qui vivent souvent de la seule réussite, éphémère, d'un individu, mais ne sont pas forcément de bon conseil.

Mis en examen dans l'affaire de la sextape de son coéquipier des Bleus Mathieu Valbuena, Karim Benzema paye ainsi peut-être ses anciennes fréquentations lyonnaises : en l'occurrence, c'est un ami d'enfance, de Bron, qui est soupçonné d'avoir fait le lien entre les maîtres chanteurs et le joueur... Or, en cas de dérapage, les dégâts sont irrémédiables. "Le vrai scandale tue l'image", reprend Frank Hocquemiller. Et l'image est devenue partie intégrante de la valeur d'un joueur. Autant que son talent balle au pied.

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La rédaction de TF1info

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