Pourquoi la Ligue 2 à 22 clubs est loin d'être actée

par Hamza HIZZIR
Publié le 21 mai 2020 à 9h57
Pourquoi la Ligue 2 à 22 clubs est loin d'être actée
Source : AFP

INSTANCES - L'assemblée générale de la Ligue de football professionnel (LFP) a adopté le principe d'une Ligue 2 élargie de 20 à 22 équipes la saison prochaine. Mais il devra être validé par la Fédération, ce qui n'est pas gagné.

Pendant que le débat s'intensifie en France pour savoir s'il convient d'organiser le second tour des élections municipales d'ici à la fin du mois de juin, les clubs de football, eux, votent. Mercredi 20 mai, l'assemblée générale de la Ligue de football professionnel (LFP) a ainsi adopté, à 57% des voix, le principe d'une Ligue 2 élargie de 20 à 22 équipes la saison prochaine. Une réforme devant permettre d'accueillir les promus Pau et Dunkerque, les deux premiers du National 1 (la 3e division) tout en sauvant Orléans et Le Mans, respectivement dernier et avant-dernier de L2 à l'issue d'une saison 2019-20 incomplète.

Tout le monde sait que, dans le football, la rétrogradation la plus violente est celle entre la Ligue 2 et le National
Les présidents du Mans et d'Orléans

Pourquoi cela ? "Tout le monde sait que, dans le football, la rétrogradation la plus violente est celle entre la L2 et le National", avaient récemment argué, dans un communiqué, les présidents orléanais et manceau. En effet, contrairement à la L1 et la L2, exclusivement professionnelles, le National 1 est un échelon semi-amateur. Y être relégué implique, en conséquence, de lourds sacrifices financiers. Cet élargissement à 22 clubs avait été souhaité par une majorité de pensionnaires de la L2. Mais il a fallu convaincre plusieurs équipes de L1 d'y souscrire, pour obtenir une majorité de l'assemblée générale.

Dans le même temps, la question de la répartition des droits TV a généré une grande crispation au sein de la LFP. Dans la soirée de mardi, la colère a gagné les rangs des dirigeants de L2, "irrités" par le refus de certains clubs de L1 de valider le déplafonnement des revenus télévisuels de la deuxième division (actuellement fixés à 110 millions d'euros par an). Mais, en parallèle de l'élargissement, les contours d'une conciliation ont finalement émergé mercredi, avec une enveloppe de 25 millions d'euros supplémentaires envisagée pour la L2, en plus des 110 millions réglementaires. Histoire de calmer les esprits.

L'exception qui confirme la règle ?

C'est dans ce contexte que la Fédération française de football (FFF) devra trancher. Car la réforme devra être validée par son comité exécutif pour être complètement actée. Un obstacle de taille : son président, Noël Le Graët, n'a jamais caché son hostilité face à un tel scénario. Dès la fin avril, la FFF avait d'ailleurs prévenu, en conseil d'administration de la LFP, qu'elle souhaitait "une cohérence d'ensemble entre les différentes divisions amateurs et professionnelle" et qu'elle serait "vigilante" sur cette question après avoir maintenu le principe des montées et descentes dans les catégories inférieures.

Dit autrement : une L2 à 22 clubs créerait une exception et pourrait donner des arguments juridiques à d'autres clubs mécontents de leur sort. Boulogne-sur-Mer, 3e de National 1 et pour l'heure privé de barrage d'accession, s'est déjà engouffré dans la brèche : "Il est impossible et totalement inenvisageable que seule la Ligue 2 n'ait pas de descente. Comment peut-on alors en imposer à Amiens et Toulouse ou au moindre club de quartier ?", s'indigne Reinold Delattre, le président boulonnais, auprès de l'AFP. Toulouse et Amiens, relégués de la L1 à la L2, risquent en effet eux aussi de grincer des dents. D'autant que le club picard avait publiquement appelé de ses voeux une L1 à 22 clubs pour la saison prochaine, déposant deux recours auprès du Tribunal administratif de Paris pour contester sa relégation... Le retour de la glorieuse incertitude du sport.


Hamza HIZZIR

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