Coronavirus en Italie : quand le Calcio s’arrête, c'est que l'affaire est grave

par Mélinda DAVAN-SOULAS
Publié le 10 mars 2020 à 17h16, mis à jour le 10 mars 2020 à 19h00
Le ballon de la Serie A de football
Le ballon de la Serie A de football - Source : MIGUEL MEDINA / AFP

COUP DE SIFFLET - Alors que toute l’Italie est désormais sous quarantaine, confinant 60 millions d’habitants, le gouvernement a décidé d’interdire toutes manifestations sportives jusqu’au 3 avril. Il n’y aura donc pas de Calcio le week-end prochain dans un pays où le sport est roi et qui avait résisté à pratiquement tout depuis la Première Guerre mondiale.

S’il y a bien une chose sacrée en Italie, c’est le "Calcio", le championnat de football. Alors, quand le Comité Olympique italien (CONI) recommande l’annulation de toutes les activités sportive au gouvernement et que celui-ci décide d’appliquer la mesure, c’est que la situation est grave. Il faut dire que 60 millions d’habitants sont désormais confiné chez eux. Un pays sous cloche dont le cœur sportif va cesser de battre près d’un mois.

Giuseppe Conte a décrété, lundi soir, que toutes les manifestations sportives étaient suspendues jusqu’au 3 avril. Le football italien avait déjà dû se plier au huis clos. Il se réveille avec les jambes coupées, à l’arrêt. Il n’y aura pas de Serie A le week-end prochain,  un fait rare et marquant pour les tifosi, les supporters italiens. "Il n'y a pas de raison pour que se poursuivent les matches et les manifestations sportives et je pense au championnat de football. Je suis désolé mais tous les tifosi doivent en prendre acte", a déclaré le chef du gouvernement.

La Première Guerre, la seule à faire taire les Tifosi

Véritable institution, dans les 10 principales économies du pays, le sport, et avant tout le football, est le meilleur baromètre de l’état de la Nation. Une seule fois en plus de 120 ans d’existence, le Calcio s’est tu, en mai 1915, à l’entrée de l’Italie dans la Première Guerre mondiale. Il faudra quatre ans pour que le football reparte. La Seconde Guerre n’aura, elle, pas eu totalement raison de la ferveur nationale et les matches s’étaient disputés, bon an mal an, jusqu’à la saison 1945-46 perturbée par quelques remous du fait de l’occupation américaine au nord du pays. Le championnat avait dû être disputé en deux zones géographiques avant la finale remportée par le Torino, porte-étendard du football italien de l’après-guerre.

Même l’épidémie de choléra en 1973 n’avait pas arrêté le Calcio, malgré 227 morts dans le pays, dont plus de 170 à Naples. Le coronavirus a fait de l’Italie le deuxième pays le plus touché au monde par le Covid-19 avec au moins 9.172 cas et 463 morts.

"Je reste chez moi"

Lundi soir, un seul match s'est disputé. C'était entre Sassuolo et Brescia (3-0). Sur son but, Francesco Caputo, l’attaquant de Sassuolo, a sorti une feuille avec le message "Tout ira bien. Restez à la maison." A peu de choses près, le même résumé du décret annoncé par Conte quelques heures plus tard derrière sa phrase "Je reste chez moi". 

Un message qui faisait déjà écho aux demandes du ministre des Sports dimanche dernier, mais aussi de certains joueurs dont Damiano Tommasi, président du syndicat des joueurs, ou encore Mario Balotelli qui réclamaient l'arrêt des compétitions alors que les dirigeants de club résistaient. " Arrêtons le championnat ! Que faut-il de plus ? Stop football !" , avait écrit Tommasi dès le week-end dernier.

Plusieurs autres fédérations avaient déjà pris des mesures avant même la décision gouvernementale. La natation, les sports d’hiver ou encore le rugby et le volley-ball, discipline phare dans la Botte italienne, avaient choisi de suspendre leurs compétitions.

Mais la question se pose désormais de rattraper potentiellement ces trois à quatre semaines de football. Si elle reprend le 3 avril, la Serie A aura gelé trois journées d’un calendrier déjà serré en raison de l’organisation à l’été de l’Euro 2020. De là à envisager un report ou une annulation du championnat d’Europe il n’y a qu’un pas que beaucoup imaginent déjà. Et là encore, il n’y a bien que les deux Guerres qui avaient eu raison de tels événements internationaux…

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Pas de trêve sanitaire internationale pour le football

Mais si l’interdiction entre en application immédiate pour les championnats et compétitions nationaux organisés dans la Botte, les rencontres internationales ne sont visiblement pas concernées. Les matches peuvent être disputés, mais à huis clos. Le huitième de finale retour de la prestigieuse compétition prévu mardi prochain à Turin entre la Juventus et Lyon est toujours à l’ordre du jour, tout comme Inter Milan-Getafe ce jeudi ou AS Rome-Séville la semaine suivante en Ligue Europa.

"Certains disent que le football est une question de vie ou de mort. Je pense que c’est bien plus important que ça." Cette déclaration de Bill Shankly, entraîneur emblématique de l’histoire du club anglais de Liverpool, voulait avant tout expliquer la passion qui anime les fans de football. Aujourd’hui, plus que jamais de l’autre côté des Alpes, ils doivent la prendre au pied de la lettre. Et peut-être en France aussi demain.


Mélinda DAVAN-SOULAS

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