Équipe de France : Kylian Mbappé est-il devenu trop encombrant pour Didier Deschamps ?

FOOTBALL - Dans une équipe de France où les individus sont effacés au profit du collectif, Kylian Mbappé est une anomalie. Sa folle émergence va-t-elle contraindre le sélectionneur, Didier Deschamps, à revoir ses plans ? Début de réponse ce mardi soir contre l’Allemagne en Ligue des nations.
Qui se souvient, aujourd’hui, qu’Antoine Griezmann avait porté l’équipe de France à bout de bras durant l’Euro 2016 ? Ou qu’avant cela, Paul Pogba attirait tellement l’attention que le moindre de ses gestes faisait presque passer les résultats des Bleus au second plan ? Ce culte de l’homme providentiel a historiquement fait les grandes heures du football tricolore, avec Raymond Kopa, Michel Platini et Zinedine Zidane.
Pourtant, c’est en effaçant les individualités saillantes que Didier Deschamps a remis, cet été, la France sur toit du monde. La preuve : pas moins de trois joueurs, Raphaël Varane, Antoine Griezmann et Kylian Mbappé, prétendent actuellement au Ballon d’or.
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C’est une réalité, mais aussi un trompe-l’œil. Tandis que les Bleus reçoivent l’Allemagne, mardi soir au Stade de France pour le compte de la 3e journée de la Ligue des nations, le monde n’a plus d’yeux que pour Mbappé. Cela ne vient pas de nulle part : après avoir changé de dimension durant le Mondial (sa percée à 37,5 km/h contre l’Argentine, son but en finale avec le dos en vrac), le jeune homme, adoubé au passage par Pelé, réalise un début de saison tonitruant, symbolisé par son incroyable quadruplé en 13 minutes face à l’OL (5-0) reléguant Neymar dans son ombre avec le PSG, puis son entrée en jeu pour le moins décisive jeudi contre l’Islande (2-2) avec l’équipe de France.
Dit autrement : à 19 ans, il n’incarne plus l’avenir, mais le présent. Aux yeux du public et des médias, en termes d’image (il fait la Une de l’édition internationale du prestigieux Time), et aux yeux du sélectionneur, qui ne peut plus ignorer l’importance prise par ce seul joueur, en termes de performances. Dimanche, sur le plateau de Téléfoot, il a ainsi été demandé à Deschamps si Mbappé n’était pas devenu indispensable. "Indispensable... C’est un grand mot... Mais oui, je préfère quand il est là, disponible et en pleine possession de ses moyens... Ça, c’est sûr", a-t-il répondu, quelque peu gêné aux entournures.
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Equipe de France : Mbappé, taille patron !
On rembobine. En ouverture de la Coupe du monde, face à l’Australie (2-1), le technicien avait tenté de repositionner le prodige dans l’axe de l’attaque, où il est censé donner sa pleine mesure. Le résultat fut catastrophique et Olivier Giroud prié de reprendre sa place en pointe, pour la suite que l’on sait, avec un Mbappé cantonnés aux tâches défensives sur l’aile droite. Après le quart contre l’Uruguay (0-2), la nouvelle star avait ainsi décrit sa situation (en parlant de lui à la 3e personne) : "En équipe de France de jeunes, la stratégie, c’était toujours de me passer le ballon. Aujourd’hui, Kylian est caché par le collectif."
Trois mois plus tard, l’arbre est, au contraire, devenu suffisamment imposant pour cacher la forêt. Et relancer le débat : les Bleus, pour leur bien commun, doivent-ils jouer pour lui, ou autour de ce seul homme, comme du temps de Zinedine Zidane ? Il a tout de même déjà marqué deux fois et provoqué un but contre son camp sur les quatre buts inscrits par les Bleus lors des trois matchs disputés après la Coupe du monde...
Victime annoncée d’un recentrage de Mbappé, Giroud, forcément, n’est pas très chaud : “Kylian a la qualité pour jouer sur tout le front de l’attaque. Il est à l’aise partout. Mais, à terme, est-ce que son poste, ça sera de jouer tout seul devant ? Je n’en suis pas persuadé. En tout cas, l’équipe de France a besoin d’attaquants qui ont des profils différents, avec une certaine complémentarité", plaide-t-il ce lundi dans les colonnes de L'Équipe. Un argument dont il sait d’avance qu’il séduira le sélectionneur. Mais ce dernier ne pourra pas nier l’évidence bien longtemps : à 19 ans, Lionel Messi avait marqué 20 buts en professionnel, Cristiano Ronaldo en avait mis 19, et Mbappé en est à 70.
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Dans quel cadre Deschamps peut-il donc inscrire un Mbappé qui a remonté seul deux buts à l’Islande alors que Varane, Griezmann, Hernandez, Kanté et Pogba se trouvaient sur le banc ? "Il a encore une marge de progression", affirme le sélectionneur, pour se donner du temps et le maintenir sur l’aile droite. De toute façon, l’intéressé, lui, ne revendique rien. "Le Ballon d’or, je n’y pense pas. Parce que si j’y pense, je deviens trop individualiste", a-t-il lâché jeudi sur TF1, à l’adresse d’un Griezmann qui ne parle que de cela. Avant de dire : "J’ai une belle vie, et il faut que je me donne les moyens de faire en sorte que cette belle vie continue. Et, pourquoi pas, qu’elle soit encore plus belle." Car oui, le temps aussi jouera pour lui.
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