Équipe de France : Olivier Giroud, rétrogradé avec les Blues, et bientôt avec les Bleus ?

par Hamza HIZZIR
Publié le 10 octobre 2019 à 17h41
Équipe de France : Olivier Giroud, rétrogradé avec les Blues, et bientôt avec les Bleus ?

FOOTBALL - Le sélectionneur Didier Deschamps a l'habitude d'évoquer la "bulle d'oxygène" que représente la sélection pour ses internationaux confrontés à des passages à vide en club. C'est particulièrement vrai pour Giroud, dont le statut ne tient plus qu’à un fil.

Le football de clubs et de sélections ont, de tout temps, eu des intérêts divergents. Mais avec la multiplication des matchs et l’accentuation de la pression financière (les clubs payent leurs joueurs, pas les équipes nationales), la tension s’est exacerbée. Depuis lundi, jour de rassemblement des Bleus à Clairefontaine, en amont des deux matchs capitaux à venir, vendredi en Islande et lundi face à la Turquie, pour le compte des éliminatoires de l’Euro 2020, Didier Deschamps, fortement incité par le PSG, a ainsi acté le forfait de Kylian Mbappé. En revanche, il a conversé Lucas Hernandez, touché au genou, malgré "l’irritation" publiquement exprimée par son employeur, le Bayern Munich.

Même si Olivier a un temps de jeu réduit, il peut être efficace et avec nous, il est très efficace, c'est notre meilleur buteur.
Didier Deschamps l'année dernière

Lundi, en conférence de presse, le sélectionneur a fait cette confidence, agrémentée d’une de ces pirouettes dont il a le secret, c’est-à-dire suffisamment teintée d’humour pour l’on y perçoive le fond de vrai, ou du moins le fond de sa pensée :"Frank Lampard (l’entraîneur de Chelsea, ndlr) m'a appelé pour me demander de ne pas sélectionner N’Golo Kanté (lui aussi de retour de retour de blessure), en me disant que ce serait le mieux pour lui et pour son club. Si c'est toujours dans ce sens... Je vais peut-être l'appeler pour lui dire que ça serait bien qu’il fasse jouer Olivier Giroud un petit peu."

Derrière le message pour défendre sa crèmerie, une situation devenue pour le moins problématique à l’échelle de l’équipe de France : son avant-centre titulaire, qui avait quitté Arsenal pour Chelsea en janvier 2018 dans l’idée de glaner un peu plus de temps de jeu, n’en a jamais cumulé aussi peu dans toute sa carrière. Le n°9 des Bleus cumule 18 petites minutes avec le club de Londres depuis septembre. Remplaçant de Gonzalo Higuain la saison passée, le Français n’a pas profité du départ de l’Argentin à la Juventus. Bien au contraire : alors que son club est interdit de recrutement, il est même passé n°3 dans la hiérarchie, derrière les jeunes Tammy Abraham et Michy Batshuayi.

Olivier a déjà eu des passages où il avait des temps de jeu réduits. Mais là, c'est insuffisant sur le plan athlétique. Il ne peut pas être à son meilleur niveau.
Didier Deschamps début octobre

Samedi dernier, il n’a même pas été retenu par son entraîneur pour s’asseoir sur le banc de touche, assistant depuis les tribunes à la victoire de son équipe contre Southampton (1-4). Didier Deschamps connaît la musique, lui qui a dû justifier quasiment chaque convocation d’Olivier Giroud en dépit d’un plus faible temps de jeu que nombre de ses concurrents depuis au moins trois ans. "C'est parce que j'ai confiance en lui que je le fais jouer. Il a ce caractère-là et même quand il est en difficulté dans son club, il ne lâche pas. C’est sa force mentale. Même s'il a un temps de jeu réduit, il peut être efficace et avec nous, il est très efficace, c'est notre meilleur buteur et il fait aussi partie des meilleurs buteurs français. Il fait les efforts qu'il faut", avait ainsi encore répété le sélectionneur l'an dernier, juste avant un Mondial à 0 but pour son n°9.

Sauf que la situation personnelle d’Olivier Giroud atteint désormais un degré potentiellement rédhibitoire. En témoigne le brutal changement de ton du coach dans son discours public le concernant, début octobre : "Ça m’inquiète, a-t-il en effet pour la première fois reconnu. Je n'enlève pas à Olivier ce qu'il a fait avec nous. Il reste sur de très bonnes performances. C'est le troisième meilleur buteur français en activité (36 buts en 93 sélections, ndlr)). Mais j’espère que ça va évoluer. Au-delà de cette efficacité avec nous, c'est une question de rythme aussi. Il a déjà eu des passages où il avait des temps de jeu réduits. Mais là, c'est quand même insuffisant sur le plan athlétique. Il ne peut pas être à son meilleur niveau."

Pour l’heure, l’attaquant profite de la respiration, la fameuse "bulle d'oxygène" si souvent évoquée par le sélectionneur, offerte par le rassemblement tricolore. Enthousiaste et affûté selon les témoins des dernières séances d'entraînement, il apparaît prêt à mener le combat annoncé face au bloc défensif islandais, tout en s’appuyant sur sa grande complicité, développée au fil des années, avec ses partenaires en Bleu. En revanche, à 33 ans, il sait que l’Euro 2020 figure son dernier objectif raisonnable en sélection, mais aussi que Didier Deschamps pourrait saisir l’occasion pour installer un avant-centre plus jeune, qui pousserait, lui, jusqu’à la prochaine Coupe du monde. Le voici donc à la croisée de chemins tortueux, plus que jamais privé de tout droit à l’erreur. Le début d’une quête de rédemption pour ce fervent chrétien pratiquant ? 


Hamza HIZZIR

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