"L'Armor fou" : "Les Porsche Cayenne, c'est le seul élément de foot business à Guingamp"

Publié le 3 octobre 2014 à 20h11
"L'Armor fou" : "Les Porsche Cayenne, c'est le seul élément de foot business à Guingamp"

FOOTBALL - Au surlendemain du premier succès européen de son histoire, l'En Avant de Guingamp fait l'objet d'un documentaire, "L'Armor fou", diffusé samedi à 15h20 sur France 3 Bretagne. Entretien avec ses réalisateurs, Quentin Largouët Tanguy Malibert-Le Cunff, qui ont voulu, l'espace de 52 minutes, signer un "hymne au football populaire".

Pourquoi avoir décidé de s'intéresser à Guingamp plutôt qu'à Auxerre ou Gueugnon, qui sont d'autres clubs atypiques du football français ?
Quentin Largouët : Nos racines bretonnes ont énormément joué et on a toujours eu une énorme sympathie pour ce club. On savait qu'en creusant par là-bas, on allait trouver des personnages atypiques, une ferveur populaire, tout ce qui fait que l'on aime ce sport.

Vos attentes ont-elles été comblées ?
Quentin Largouët :
On ne s'imaginait pas à quel point c'est une grande famille, où tout le monde se côtoie, se connaît, se respecte. Le microcosme guingampais est bluffant avec ce côté village sans barrières. Il y a beaucoup de cohésion, tout le monde est concerné. On ne s'attendait pas à ce qu'il y ait autant de liens et d'humanité dans ce club et cette ville.
Tanguy Malibert-Le Cunff : Quand on voit que le président du club et le leader des supporters se "check"... C'est ce qu'on a envie de voir, du vrai foot populaire.

EN SAVOIR + >> Ligue Europa : Guingamp fait sensation

En arrivant de Paris avec vos caméras, cela n'a-t-il pas été trop compliqué de se faire une place dans cet univers ?
Quentin Largouët : On a eu une chance : Christophe Gautier, le responsable de la communication de l'En Avant de Guingamp (EAG), a été rapidement séduit par le projet. Au club, ils ont vu qu'on n'était pas des arrivistes qui étaient là parce que Guingamp faisait la une en remontant en Ligue 1. Ils ont compris l'intérêt qu'on avait pour ce club depuis un moment. Entre Bretons et passionnés de foot, on s'entend forcément bien. On a été très bien accueillis et tout le monde a joué le jeu dès le début.

Vous avez en plus eu la chance de tomber à une période faste pour l'EAG, de la remontée dans l'élite jusqu'à la victoire en Coupe de France...
Quentin Largouët : On est arrivé dans un contexte où l'ambiance était bonne et la confiance présente. Tomber l'année où ils gagnent la Coupe de France... c'est un exploit considérable et un gros coup de bol ! Il y a quand même un artisan majeur dans ces succès, Jocelyn Gourvennec.

"Drogba et Malouda ? Ils sont quand même venus fêter les cent ans du club à une semaine d'une finale de Ligue des champions !"

Justement, qu'est-ce qui vous a le plus marqué chez l'entraîneur de l'EAG ?
Tanguy Malibert-Le Cunff :
Son calme, dans les bons comme dans les mauvais moments. Il n'y a pas d'excès ici : on ne stresse pas quand ça perd, on ne s'emballe pas quand ça gagne. Il est l'image du club : sérieux, rigoureux, mais n'oublie pas d'aller serrer la main de celui qui vient assister à l'entraînement. La proximité reste malgré son sérieux ultime.
Quentin Largouët : Il est exigeant avec tout le monde, mais il discutait facilement avec nous. C'est peut-être le personnage qui nous a le plus impressionnés.

Quelles sont les autres personnalités liées au club qui vous ont fait forte impression ?
Quentin Largouët :
Ça a été génial de rencontrer Stéphane Guivarc'h, Claude Michel, Lionel Rouxel, mais aussi des joueurs qu'on ne connaissait pas forcément avant, comme Yvon Schmitt. Evoquer des souvenirs avec tous ces gens-là, mêler travail et passion, c'est un bonheur.

Est-ce que vous avez sollicité deux autres illustres anciens Guingampais, Didier Drogba et Florent Malouda ?
Quentin Largouët :
C'était trop dur d'accès avec leur exil en Turquie et on n'a malheureusement pas eu la chance de les rencontrer. Mais on leur consacre un petit moment du documentaire. Ils sont quand même venus fêter les cent ans du club à une semaine d'une finale de Ligue des champions qu'ils ont gagnée avec Chelsea contre le Bayern Munich (en 2012, ndlr) !

"Roudourou, c'est totalement disproportionné"

Ça représente quoi l'En Avant à Guingamp ?
Tanguy Malibert-Le Cunff :
Dans le film, Jocelyn Gourvennec compare Guingamp à Marseille en disant que 90% de la population est concernée par le club de football. C'est révélateur : même ceux qui n'aiment pas spécialement le foot suivent l'EAG, ça rythme la ville.
Quentin Largouët : Ça fait aussi marcher le business, il ne faut pas se le cacher. Mais c'est avant tout une énorme fierté. Il suffit d'aller au stade pour se rendre compte que tout le monde est concerné, petits et grands. Ça dépasse Guingamp avec des gens qui viennent d'Ile-et-Vilaine, du Finistère. L'En Avant fédère. Le côté petit village qui résiste, c'est presque une devise, ça plaît aux gens, aux Français.

L'En Avant est indissociable de son stade, le Roudourou. Qu'est-ce que cette enceinte a de particulier ?
Quentin Largouët :
Ce stade est une espèce de mirage au pied de la ville, totalement disproportionné. Il y a quand même 18000 places ! On a eu la chance de tourner au bord du terrain et donc de voir le Kop Rouge à l'œuvre. L'ambiance est incroyable. C'est un public respectueux, qui chante de la première à la dernière minute, tout le temps présent, que ce soit en National ou en Ligue 1.

Est-ce que vous avez réussi à percer le secret de la réussite guingampaise ?
Tanguy Malibert-Le Cunff :
Ils n'oublient pas d'où ils viennent, l'identité du club. Les gens nous l'ont dit : les rares fois où ils ont oublié d'où ils venaient, qu'ils se sont pris pour d'autres, ils ont vécu de grandes déconvenues.
Quentin Largouët : Une des clés de la réussite réside également dans la capacité des joueurs à adhérer ou non au projet. Les mecs vivent bien ensemble, s'amusent tout en travaillant, sans avoir la grosse tête. La clé de la réussite, c'est le travail et l'humilité avec un soupçon d'ambition.

L'image du footballeur est souvent bling-bling. Cela ne détonne pas trop dans une ville de 7000 habitants ?
Quentin Largouët :
Ça se fond très bien dans le décor. Comme il n'y a pas de barrières entre les gens, ce n'est pas pointé du doigt. Ça fait partie du village. Les gens respectent la place de chacun. Les Porsche Cayenne, c'est peut-être le seul élément du foot business à Guingamp.

"L'Armor fou" , un film de Quentin Largouët et Tanguy Malibert-Le Cunff, samedi 4 octobre à 15h20 sur France 3 Bretagne.


La rédaction de TF1info

Tout
TF1 Info