FOOTBALL - Plus fort que le huis clos et le coronavirus, le PSG, défait 2-1 à l'aller, a renversé Dortmund (2-0) ce mercredi au retour pour retrouver les quarts de finale de la Ligue des champions. Malgré l'absence de ses supporters. Ou plutôt grâce à elle.
C'est une de ces soirées dont les supporters parisiens parleront à leurs petits-enfants, dans plusieurs décennies, le soir au coin du feu. Parce que rien, dans son déroulé, n'a été habituel. Frappé par une poisse monumentale depuis sa défaite (2-1) du 18 février en Allemagne, le PSG n'en menait pas large au moment de recevoir Dortmund ce mercredi soir en 8e de finale retour de la Ligue des champions. Les désillusions des trois dernières années, la blessure de Thiago Silva, l'angine de Kylian Mbappé... Mais surtout ce huis clos qui le privait de ses supporters, la faute au coronavirus. Et finalement, ce coup du sort aura été un mal pour un bien. Voire l'impulsion qui aura permis aux Parisiens de renverser la vapeur, et de conjurer la malédiction des 8es.
En effet, ce qui a frappé dans la performance des hommes de Thomas Tuchel, au-delà des buts de Neymar et Juan Bernat, au-delà de la maestria de Presnel Kimpembe, de la justesse d'Angel Di Maria ou du soudain retour en grâce de Leandro Paredes, c'est son caractère fondamentalement collectif. Cette solidarité dans les courses de repli défensif qui leur avaient cruellement fait défaut au match aller. Et les supporters, par leur réaction à leur mise à l'écart, l'ont sans doute provoquée, du moins accompagnée. Il faut dire qu'eux aussi avaient sorti le grand jeu.
Les larmes de Neymar
Cela a commencé par un accueil dantesque du car des joueurs à son arrivée au Parc des Princes. Des gens réunis par milliers (faisant fi des consignes du gouvernement), des chants, des fumigènes. Et puis, durant l'échauffement, les images et le son de leurs encouragements projetés en direct sur les écrans géants du stade, tandis que des feux d'artifices (!) s'élevaient au-dessus du toit pour illuminer la pelouse. Déjà, le ton singulier était donné.
#PSGBVB #PSG Cette ambiance de fou au passage du bus des joueurs 😍⚽ pic.twitter.com/hiT2x3Db1f — Ouest-France Sports (@sports_ouest) March 11, 2020
Pendant le match, ils ont d'ailleurs continué à chanter depuis l'extérieur. Et ils ont été entendus. "C'était du jamais vu, je n'avais jamais connu quelque chose comme ça, s'en est ému Marquinhos, capitaine d'un soir, au micro de RMC. C'est dans la difficulté qu'on retient les valeurs et la passion du foot. Le foot c'est ça, les amoureux et la passion. C'est pour ça qu'on est là. On joue aussi pour notre passion, pour notre famille et pour ceux qui sont toujours avec nous."
🗣 "On a montré qu'on avait des valeurs et de la personnalité pour surmonter tout ça" 👉 La réaction du capitaine Marquinhos au micro de RMC Sport après la qualification du PSG pour les quarts de finale de la C1. 💫 #UCL #ChampionsLeague #PSGBVB pic.twitter.com/WXReLQ0Uph — RMC Sport (@RMCsport) March 11, 2020
Signe qui ne trompe pas : dès le coup de siflet final, les joueurs ont grimpé quatre à quatre les marches des escaliers menant à un balcon donnant sur l'arrière du virage Auteuil, à l'extérieur du stade. Là, ils ont longuement communié avec ce public, Neymar allant jusqu'à verser quelques larmes... "Tout ce bruit, ça nous a donné beaucoup de motivation, de force et je crois qu'il fallait qu'on partage avec eux cette victoire, on a pu le voir dehors. Il y a un lien très fort entre nous les joueurs et le public", confirmera, après coup, Juan Bernat. Comme Thilo Kehrer, lâchant : "Ce que les supporters ont fait aujourd'hui, c'est incroyable. Ça nous donne encore plus d'esprit (sic), plus d'énergie. C'est un moment fantastique."
🇫🇷 #PSGBVB 🇩🇪 🌟 La communion des joueurs et de leurs supporters, au balcon du Parc des Princes, alors que Neymar est en pleurs. Très grand moment ce soir ! 💫 #PSGBVB #UCL #ChampionsLeague pic.twitter.com/bvhMVFD7d0 — RMC Sport (@RMCsport) March 11, 2020
"On a commencé par la rage, on termine avec la joie et la communion", a, de son côté, synthétisé un Presnel Kimpembe dont le frère avait insulté Thomas Tuchel sur Instagram à l'issue du match aller... Un incident déjà oublié par l'entraîneur qui a, lui, souligné : "Honnêtement, quand on était dans le bus, qu'on est arrivé au stade et qu'on a vu les ultras, ça a créé une bonne atmosphère dans le groupe. Une atmosphère spéciale. On a chanté tous ensemble. C'était exactement l'état d'esprit avec lequel je voulais que nous jouions. Normalement, le foot, c'est une relation entre les spectateurs et l'équipe. Et l'équipe a été formidable. Le foot, c'est pour le public. C'était beau, qu'ils nous attendent en continuant de chanter."
Nos supporters sont vraiment très importants, on a besoin d'eux, ce sont les meilleurs au monde.
Nasser Al-Khelaïfi, président du PSG
Enfin, le président, Nasser Al-Khelaïfi, dont la parole était devenu rare dernièrement, a lui aussi tenu à rendre ce vibrant hommage : "Les supporters n'étaient pas là, ils étaient à l'extérieur du stade mais ils étaient dans notre coeur. Ils ont vraiment fait du bruit, on les a sentis. C'est un match pour eux aussi, ils ont toujours été derrière nous. Ils sont vraiment très importants pour le club, on a besoin d'eux, ce sont les meilleurs au monde. On a vraiment les meilleurs supporters au monde, je suis très fier d'eux. On a fait un grand match pour eux."