PSG-Atalanta ce mercredi soir : Bergame, un cadeau empoisonné ?

Publié le 12 août 2020 à 7h32, mis à jour le 15 août 2020 à 21h42
L'Atalanta Bergame de Gian Piero Gasperini a empilé les buts et les records cette saison en Serie A.
L'Atalanta Bergame de Gian Piero Gasperini a empilé les buts et les records cette saison en Serie A. - Source : MIGUEL MEDINA / AFP

OUTSIDER - Opposée au PSG mercredi 12 août en Ligue des champions, l'Atalanta Bergame s'avance avec des arguments pour le premier quart de son histoire. Avec l'ambition de faire souffrir Paris, et même plus si possible.

"La plus belle définition de l'Atalanta, c'est celle de (Pep) Guardiola : jouer (contre eux), c'est comme aller chez le dentiste. Tu peux t'en tirer mais tu vas sentir la douleur." Empruntée au coach de Manchester City par Maurizio Sarri, relevé de ses fonctions au lendemain de l'élimination de la Juventus Turin par Lyon (1-0, 2-1) dès les huitièmes de finale de Ligue des champions, cette métaphore est plutôt une bonne synthèse du défi capital qui attend le PSG, avant son quart face à "La Dea", mercredi 12 août (à 21h, en live commenté sur LCI). À savoir : être bousculé, et peut-être souffrir, ce dont Paris n'a que trop peu l'habitude. 

Invitée surprise du "Final 8", le tournoi à élimination directe, délocalisé du 12 au 23 août à Lisbonne, qui désignera le vainqueur de la Ligue des champions, l'Atalanta ne cesse d'impressionner d'année en année. Depuis l'arrivée sur le banc de Gian Piero Gasperini en 2016, l'équipe pensionnaire de Bergame, ville martyre du coronavirus en Italie, a brisé le plafond de verre qui l'empêchait de voir plus haut. En quatre ans, la formation lombarde - dont les seuls faits d'armes remontent à une Coupe d'Italie remportée en 1963 et une demi-finale de Coupe des Coupes en 1988, alors qu'elle évoluait en Serie B - est devenue un club qui compte de l'autre côté des Alpes. 

Troisième du championnat d'Italie l'an passé, après avoir terminé 4e en 2017 et 7e en 2018, les joueurs du président-milliardaire Antonio Percassi ont découvert la Ligue des champions cet automne. Une première participation à la C1 après 112 ans d'existence qu'ils ont croquée à pleines dents en s'invitant dans ce "Final 8" improvisé par l'UEFA en pleine crise du Covid-19. "Ce sont des géants en Italie. Ce ne sont plus des nouveaux venus", analysait fin juillet Antonio Conte, l'entraîneur de l'Inter Milan, qui aura ferraillé cette saison, jusqu'à la dernière journée, pour conserver la 2e place de Serie A. Il faut dire que l'Atalanta ne lui aura pas facilité les choses avec neuf victoires, trois nuls et une seule défaite (contre... Milan) depuis la reprise. 

Le danger peut venir de partout

Reconnue pour son style et ses principes de jeu très offensifs (meilleure attaque d'Italie avec 98 buts, loin devant la Juve et l'Inter, 76 et 81 buts marqués), l'équipe de Gian Piero Gasperini est divine à regarder évoluer. Elle développe un jeu débridé, l'un des plus séduisants en Europe, et se révèle d'une redoutable efficacité. Pour la décrire, la presse italienne emploie l'expression "machine à buts", et c'est loin d'être exagéré. Cette saison, toutes compétitions confondues, les Lombards ont fait trembler les filets adverses 119 fois. Car, outre la vista de Luis Muriel, la puissance de Duvan Zapata et le flair de Josip Iličić, rentré en Slovénie pour raisons personnelles et qui sera absent contre le PSG, à l'Atalanta, le danger peut venir de partout. 

Avec sa puissance et sa vitesse, Duvan Zapata est un danger permanent pour les défenses.
Avec sa puissance et sa vitesse, Duvan Zapata est un danger permanent pour les défenses. - MARCO BERTORELLO / AFP

Dans le schéma en 3-4-1-2 de l'architecte Gasperini, l'Atalanta est une véritable "coopérative du but", avec 14 buteurs différents en Serie A. En Italie, seul l'Inter Milan fait mieux (18), avec une meilleure profondeur de banc. Dans cette équipe, où même les remplaçants ont une partition à jouer, en chaque joueur se cache un potentiel buteur, à l'image du latéral gauche allemand Robin Gosens (10 buts et 8 passes décisives). Mais ce qui ressort de ce club, c'est la force du collectif. Il n'y a pas une tête qui dépasse. "On vient tous d'en bas. Il n'y a pas de champions ici. Ici, il n'y a que du travail et du sacrifice", avait résumé le capitaine "Papu" Gomez en décembre dernier, après la qualification historique de "La Dea", sortie des poules de la C1.

Imprévisible mais pas infaillible

Et c'est cette force qui la rend si particulière. Car, à Bergame, la star c'est l'équipe. Du coup, on se bat l'un pour l'autre et tout le monde fait le sale boulot. "C'est une équipe qui vous fait courir d'un bout à l'autre du terrain, qui est très physique, très puissante. Leurs joueurs savent mettre en difficulté l'équipe adverse en l'agressant lorsqu'elle a le ballon", prévenait récemment dans France Football Mauro Icardi, qui a marqué sept fois en 11 matches face à l'Atalanta lors de ses années italiennes à Gênes et Milan. "Ils sont habitués à courir sans s'arrêter durant 90 minutes, à multiplier les allers-retours d'une surface à l'autre. Avec l'Inter, on a souvent eu du mal face à eux car c'est une équipe qui vous asphyxie et on n'est pas habitués à ce genre de jeu."

Mais l'équipe de Gian Piero Gasperini a beau être imprévisible, elle n'est pas infaillible. "La Dea", sans expérience européenne, est la plus perméable des formations encore en lice avec 16 buts concédés, soit une moyenne de deux buts encaissés par matches, contre quatre au total pour le PSG. Le jeu vertical qu'elle propose, porté vers l'attaque, avec des transitions rapides et des dédoublements avec deux latéraux très offensifs, engendre des déséquilibres. À la perte du ballon, les espaces se créent. De quoi ravir la bande à Neymar, deuxième meilleure attaque de la compétition avec 20 buts, derrière le Bayern Munich (31 buts), qui se fera un plaisir à chaque fois qu'elle en aura l'occasion d'aller perforer cette défense poreuse.


Yohan ROBLIN

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