On en sait plus sur la prochaine formule de la Ligue des champions (et elle inquiète beaucoup les clubs de Ligue 1)

par Hamza HIZZIR
Publié le 5 avril 2019 à 13h17
On en sait plus sur la prochaine formule de la Ligue des champions (et elle inquiète beaucoup les clubs de Ligue 1)
Source : VALERY HACHE / AFP

CHANGEMENTS – À l’horizon 2024 (au plus tard), la Ligue des champions, compétition-reine du sport-roi, prendra une nouvelle forme, appelée à chambouler les championnats nationaux.

Si le grand public connaît, au moins de nom, la Fifa (la Fédération internationale de football) et l’UEFA (l’Union des associations européennes de football), instances régissant respectivement le football mondial et européen, il en sait généralement beaucoup moins concernant l’ECA. C’est un tort, car l’European Club Association, regroupant les clubs les plus puissants du Vieux Continent (et donc du monde), pèse de tout son poids dans la gouvernance du sport-roi. 

C’est dans son sillage, en effet, que se sont opérés, ces dernières décennies, chacun des changements de format de la Ligue des champions, tournoi le plus prestigieux et le plus lucratif qui soit. Et c’est encore l'ECA qu’on retrouve à la manœuvre, avec l’assentiment tacite de l’UEFA, pour mener la prochaine réforme de la compétition-reine, prévue pour 2024.

L’idée de base reste la même que celle de tous les changements de formule depuis 1992 : restreindre le risque de non-participation et multiplier le nombre de matchs, pour ainsi multiplier les recettes. Sauf que cette fois, le Bayern Munich et la Juventus de Turin, qui viennent de se passer la main à la tête de l’ECA, y vont fort, avec des nouveautés qui impacteront directement, et durablement, les championnats nationaux, dont la Ligue 1.

Quels changements exactement ?

La réforme à venir a une première fois été discutée lors d’une réunion (presque) secrète au siège de l’UEFA le 19 mars dernier. Il en est ressorti que l’ECA veut maintenir le nombre actuel d’équipes participantes à la phase finale (après les tours préliminaires et les barrages qualificatifs), à savoir 32. En revanche, elles ne seraient plus réparties dans huit groupes de quatre équipes, mais dans quatre groupes de huit équipes, qui s’affronteraient toujours sous la forme de matchs aller-retour.

À l’issue de ces 14 rencontres (contre 6 dans la formule actuelle), les quatre premiers de chaque groupe atteindraient les 8es de finale, et auraient alors la garantie de disputer de nouveau la Ligue des champions la saison suivante (seul le vainqueur a ce privilège aujourd'hui). Le 5e de chaque groupe bénéficierait aussi de ce ticket, tandis que les 6es et 7es devraient, eux, disputer des playoffs pour conserver leur place. En conséquence de quoi, seules les quatre équipes classées 8es de leurs groupes sortiraient du tableau.

Dit autrement : 24 équipes sur 32 seraient certaines de revenir empocher le pactole de la phase de groupes d’une année à l’autre. Et en tout et pour tout, jusqu’à la finale, 224 matchs seraient joués au lieu de 96 actuellement, soit 128 rencontres supplémentaires ! Ce qui, selon les estimations, pourrait faire augmenter le montant des droits TV de plus de 40%... Enfin, toujours selon la volonté de l’ECA, les matchs européens ne se joueraient plus en milieu de semaine mais le week-end, habituelle chasse gardée des championnats nationaux.

Quel impact sur la Ligue 1 exactement ?

Signe que ce projet inquiète le football français : Noël Le Graët, président de la Fédération française de football (FFF), a réuni mercredi au siège de l’instance des représentants de la Ligue de football professionnel (LFP, en charge de l’organisation de la Ligue 1), du PSG, de l’OL, de l’OM et quelques autres dirigeants de clubs, pour évoquer ce tremblement de terre à venir.

Premier motif de tracas : si les droits TV de la Ligue des champions augmentent fortement, qui plus est pour des matchs disputés le week-end, cela se répercutera mécaniquement par une baisse de ceux de la Ligue 1, principale manne financière des clubs professionnels français aujourd’hui. En outre, si le championnat n’offre plus d’accessit à la Ligue des champions comme cela a toujours été le cas, cela impacterait à la fois les finances de nombreux clubs et l’intérêt sportif même de la L1, où la course à l’Europe est souvent bien plus palpitante que la lutte pour le titre (quand il y a lutte)...

Dernier écueil, mais il est de taille : comment organiser le calendrier des rencontres avec autant de contraintes, surtout les années de Coupe du monde et d’Euro ? Et comment éviter que les clubs engagés en Ligue des champions (sans crainte de ne pas y revenir) ne délaissent du coup leurs championnats domestiques ?

Plusieurs options sont déjà sur la table, comme le retour d’une Ligue 1 à 18 clubs (au lieu de 20 actuellement) ou la suppression de la Coupe de la Ligue, mais le chantier s’annonce vaste... "Cette réforme ne sera pas simple à faire passer, avec le risque de diminuer l’intérêt des championnats", juge ainsi Noël Le Graët dans Le Parisien. Avant de préciser : "Du côté de la Ligue 1, les trois plus grands clubs trouvent cela formidable. Ils sont toujours prêts à gagner plus d’argent et à jouer tous les jours s’ils le pouvaient. Les dix-sept-autres, eux, estiment que c’est nul." Ce qui, on s’en doute, ne chagrinera guère l’ECA.


Hamza HIZZIR

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