Pourquoi les Français ont lamentablement échoué aux Mondiaux de cyclisme

par Hamza HIZZIR
Publié le 16 octobre 2016 à 18h16
Pourquoi les Français ont lamentablement échoué aux Mondiaux de cyclisme
Source : LIONEL BONAVENTURE / AFP

ANALYSE – Si William Bonnet est parvenu à déjouer les pronostics en décrochant une belle 8e place aux Championnats du monde de cyclisme hommes qui se tenaient ce dimanche à Doha (Qatar), son exploit cache mal la déception générale de l’équipe de France. Dont la stratégie pose question.

C’est un bel arc-en-ciel qui a continué de s’étendre sur le maillot de Peter Sagan : sous l’azur limpide surplombant Doha, le Slovaque a décroché, au terme d’un final épique ce dimanche, son second titre de champion du monde de cyclisme de rang, devant Mark Cavendish (Grande-Bretagne) et Tom Boonen (Belgique). Le premier Français, lui, a terminé 8e. Il s’agit de William Bonnet, tout heureux après son exploit en solitaire. Derrière lui ? Le désert ! L’équipe de France avait tout misé sur ses deux plus belles chances de médailles, à savoir les sprinteurs Arnaud Démare et Nacer Bouhanni. Lesquels, on le sait, ne s’apprécient guère. Du coup, leur rivalité, conjuguée aux fortes bourrasques, a fait exploser le peloton français...

"Je ne crois pas aux deux trains. Il doit y avoir une répartition des tâches, un plan, c’est la seule façon de cadrer les choses. Il faut faire un choix, établir avant la course qui sera le leader", avait pourtant prévenu, avant la course, Christian Guiberteau, directeur sportif de Cofidis, l’équipe rejointe par Nacer Bouhanni, pour cause d'incompatibilité d’humeur avec Arnaud Démare chez FDJ. Problème : la stratégie consistait justement à mettre cette fois les deux hommes sur un pied d’égalité. Et ni l’un ni l’autre ne sont finalement parvenus à prendre place dans la première bordure (une séparation du peloton provoquée par le vent, ndlr)… à 180 km de l’arrivée.

 "On a été mauvais, c'est sûr, a reconnu Arnaud Démare après coup. On a été piégés par les grosses nations, on a manqué de solidarité. Tu vois le truc se faire, tu te retrouves dans le vent et en deux minutes, tu vois bien que tout est fini. C'est une désillusion totale. Ça frottait beaucoup, ce n'était pas évident de rester ensemble, peut-être qu'on n'était pas assez forts pour rester devant, qu'on n'avait pas le bon timing. On a peut-être aussi été trop patients pour essayer de revenir sur le premier groupe. Au moment où on pète, on était quasiment roue dans roue avec les autres, mais on a quand même pété, les uns après les autres. Sur le retour, j'étais assommé, puis sur le circuit, ça allait mieux. Je ne suis même pas super fatigué, c'est ça qui est décevant." Un constat ironique, sachant que le coureur tricolore préparait cette course depuis le mois de juin...

De son côté, Nacer Bouhanni a lui aussi pointé un dispersement des forces tricolores pour expliquer son échec : "J'ai été un des derniers à péter dans la première bordure. Avec Greipel on a fait un gros sprint pour revenir, mais quand je suis arrivé, j'ai explosé, et la bordure s'est fermée, c'était fini. C'est une grosse déception. Quand je me suis retrouvé dans la deuxième bordure, je savais que ça n'allait pas le faire, il n'y avait que les Allemands qui roulaient. C'est ça notre erreur tactique, il aurait fallu qu'on soit plusieurs dans la deuxième bordure. On n'était pas assez représentés. Ça s'est joué à rien, mais il fallait nous emmener comme si c'était un sprint pour pouvoir rester dans le premier groupe. À partir de là, c'était voué à l'échec. »À partir de là, ou avant même le départ de la course ? La réponse est dans la question.


Hamza HIZZIR

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