PSG-OM : Mario Balotelli, Marseillais pur jus ?

par Hamza HIZZIR
Publié le 15 mars 2019 à 17h33

Source : Sujet TF1 Info

LIGUE 1 – À l’approche du Clasico à Paris, ce dimanche (21h), Mario Balotelli surfe sur la vague de sa popularité grandissante à Marseille, qui ne vient pas que de ses (nombreux) buts.

Derrière ses airs de bad boy, sa nonchalance sur le terrain, ses gestes spectaculaires et son sourire de gamin espiègle, Mario Balotelli cache un autre aspect non négligeable de sa personnalité, à distinguer du personnage médiatique construit au fil des années : c’est un petit futé. Car si l’attaquant italien est si vite devenu une idole à l’OM, qui affronte le PSG ce dimanche dans un "Clasico" des plus attendus, ce n’est pas seulement parce qu’il vient d’inscrire quatre buts en cinq matchs, relançant ainsi quasiment à lui seul son équipe dans la lutte pour le podium de la Ligue 1.

Mario Balotelli est aussi fada que moi !
Bengous

Non, si l’ex-Niçois, débarqué durant le dernier mercato hivernal au bout d’un feuilleton de plus de six mois, s’est mis facilement l’exigeant public marseillais dans sa poche, y compris les supporters les plus méfiants, c’est parce qu’il a saisi ce qui fait l’essence de l’identité phocéenne. À savoir un mélange d’excès dans la passion et de singularité développée pour se différencier du reste du monde, par fierté, par légèreté et, disons-le, dans le but spécifique d’attirer l’attention.

Ainsi, Mario Balotelli ne se contente pas de marquer, il le fait avec panache (en témoigne sa volée acrobatique sur corner lors du match couperet face à Saint-Étienne). Surtout, il célèbre chacune de ses réalisations avec une originalité exubérante : c’est le chifoumi contre Nice dimanche dernier (déclenchant la colère de ses ex-partenaires), l’imitation d’une démarche boitillante toujours avec Florian Thauvin, l’autre star de l’équipe (un duo on ne peut plus emblématique), ou, bien sûr, le fameux selfie posté sur Instagram en plein match face aux Verts, que personne n'avait jamais osé.

"Dès que je fais quelque chose, ça fait le tour du monde", avait-il alors commenté avec une morgue toute marseillaise. Cette célébration selfie lui avait d’ailleurs valu cette raillerie du rappeur Booba, supporter du PSG : "Il va faire quoi quand ils vont être premiers, il va se foutre à poil ? On dirait qu’ils ont gagné le championnat." La réplique de l’intéressé a fusé, encore sur Instagram : "Marseille, c’est pas pour toi ! Ne t’inquiète pas..." Comprendre : si tu ne peux pas te passionner pour un simple match de Ligue 1, tu n’es pas comme nous. Nous, les Marseillais.

Capture écran Instagram

Dans ce même ordre d’idée, mardi dernier, en plein blocus médiatique imposé par l’OM dans les jours précédant le "Clasico", l’attaquant a pris tout le monde à contre-pied en faisant irruption dans une vidéo du YouTubeur Bengous, qui a fait de son identité marseillaise, dans l’expression comme dans la gestuelle, une marque de fabrique. On y voit notamment un Mario Balotelli mort de rire en entendant le comique 2.0 lui lancer : "Je sais que tu bandes pour nous, Mario !" Séquence dans laquelle le buteur prend d’ailleurs grand soin de remercier solennellement les supporters pour leur soutien...

"J’ai tout de suite eu une affinité avec lui ! À son arrivée, j’ai fait une petite vidéo pour lui souhaiter la bienvenue. J’ai chanté l’hymne italien : c’est le chant qu’on avait fait pour Ravanelli... Je l’ai transformé pour Balotelli. Il a vu ça sur les réseaux sociaux, il a apprécié. Le feeling est bien passé entre nous et on a gardé contact. Il m’a dit que mes debriefs le faisaient rire : ça me flatte de savoir que le mec regarde mes vidéos", a ensuite raconté Bengous à 20 Minutes. Avant d’ainsi se réjouir : "J’ai fait des debriefs avec des humoristes, des rappeurs, mais je n’avais jamais fait avec un joueur. Mais Balotelli, c’est LE personnage. Il est aussi fada que moi !" Aussi fada que le Marseillais type, donc.

Autre signe qui ne trompe pas : au moment d’accorder sa première (et unique) interview en longueur depuis son arrivée à Marseille, l’Italien a soigneusement pris la peine de choisir, parmi la vingtaine de demandes qui lui étaient parvenues, le quotidien local La Provence, le plus lu par les supporters en raison d’une ligne éditoriale pro-OM assumée. Ce qui pose, au final, la question suivante : la star adopte-t-elle une posture, pour plaire, ou a-t-elle simplement trouvé chaussure à son pied ?

Même avant de venir, j’ai senti que j’étais fait pour jouer dans ce club. Ici, c’est un peu comme Naples.
Mario Balotelli

L’entretien en question, publié samedi dernier, livre quelques éléments de réponse. "Marseille, c’est un autre club, un autre niveau (que Nice, ndlr), une autre ambiance, un autre football. Ici, tout est différent. Pour moi, l’OM est le plus grand club de France", s’enflamme-t-il... Avant d’expliquer : "Même avant de venir, j’ai senti que j’étais fait pour jouer dans ce club. Ici, c’est un peu comme Naples. Quand je jouais en Italie, j’ai dit que l’unique équipe dans laquelle je pourrais jouer était Naples. À Marseille, c’est un peu la même chose. J’étais sûr que ça serait comme ça." Naples, l’insolente Méditerranéenne, si singulière aux yeux du reste du pays, et du monde...

Au sujet du stade Vélodrome, il dit : "Si on parle des supporters, de la chaleur, le Vélodrome est un peu comme les stades de Naples, Besiktas, Galatasaray... Des comme ça, il y en a très peu, trois ou quatre dans le monde. J'ai connu le Vélodrome comme adversaire et maintenant comme joueur de l’OM. Quand tu arrives en tant qu’adversaire, pff (il souffle), ce n’est pas facile de rester concentré, de jouer, de se donner à 100 %. Quand tu joues contre l’OM au Vélodrome, tu es à 11 contre 12, et quand tu y joues avec l’OM, tu es à 12 contre 11."

Le PSG n’est pas une équipe très forte, mais il y a des joueurs très forts.
Mario Balotelli

Sur la pression inhérente au rôle de n°9 de l’OM, qui en a accablé plus d'un : "Un poids ? Non ! C’est mon travail, ce n’est pas un poids. Si tu veux être l’un des meilleurs joueurs, tu dois jouer dans les meilleures équipes. C’est une responsabilité que j’apprécie. J’ai dû avoir trois fois la pression dans ma vie, et deux fois ça n’avait rien à voir avec le foot." Et enfin sur le PSG : "Le PSG est une équipe très forte... Non, ce n’est pas une équipe très forte, mais il y a des joueurs très forts, c’est différent. Je n’ai rien contre eux, et j’aime bien City, mais je suis content que United ait gagné ! J’aime bien jouer contre Paris, même si c’est difficile. Mais là c’est dommage qu’on ne joue pas à Marseille." Chez lui, donc.


Hamza HIZZIR

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