Quentin Westberg (Luzenac) : "On va aller pointer à Pôle Emploi"

Publié le 10 septembre 2014 à 21h41

FOOTBALL - Il y a cinq mois, les joueurs de Luzenac croyaient bien qu'ils allaient connaître les joies de la L2. Depuis mercredi, ils savent désormais que l'avenir du LAP se jouera finalement en DHR, la 7e division... Un crève-coeur doublé d'un vrai sentiment d'injustice comme nous l'a expliqué Quentin Westberg, le gardien du petit club ariégeois.

Que vous dites-vous maintenant que vous êtes sûrs de ne jouer ni en L2 ni en National ?
Que la LFP a complètement négligé l'aspect humain. Ça n'embête personne d'envoyer 35 personnes au chômage. Et maintenant, on fait quoi ? Nos enfants sont inscrits dans les écoles, on déménage pour aller où ?... On entend souvent parler des fermetures d'usines et là, c'est de la fermeture d'un club de façon totalement arbitraire qu'il s'agit.

Quelle est l'ambiance chez les joueurs ?
Maintenant, au moins, on est fixés. Et on peut se dire que ça a été une mort lente même s'il y a eu un enchainement de mauvaises nouvelles, ces derniers mois, qui nous laissaient imaginer que la fin ne serait pas forcément heureuse. Cette histoire reste impensable.

Quel sentiment prédomine ?
Ni dégoût, ni colère, mais de l'écoeurement.  On est des footballeurs professionnels, du bas de l'échelle certes, et c'est la passion qui nous anime. Après cinq mois, il y a un préjudice sportif, financier (parce qu'un joueur en National ou en L2, ce n'est pas la même rémunération) et enfin un préjudice social. Et c'est peut-être celui-là le pire. L'histoire aurait pu être belle : plus de la moitié de l'effectif allait signer pro pour la première fois de sa vie. Et finalement, on leur dit quoi à ces personnes qui, sur le terrain, ont gagné cette récompense ? Que pour des raisons administratives, ils ne joueront pas en L2. Quand tu vois que le système de relégation et d'accession, sur lequel reposent tous les sports collectifs, ne fonctionne pas, il y a de quoi se dire qu'on marche sur la tête.

Désormais, qu'allez-vous faire ?
A partir d'aujourd'hui, l'équipe I est celle qui évolue en DHR. Tous les joueurs sous contrats sont donc libérés. On va aller pointer à Pôle Emploi. Nous arrivons sur le marché le 10 septembre, en tant que joueurs libres, on peut être recrutés demain, même si le mercato est terminé (depuis le 1er septembre, ndlr). Reste que le marché est déjà compliqué en juin alors au mois de septembre, c'est encore pire.

Durant cette période de flottements, vous parveniez à vous occuper de votre avenir ?
Dans ce feuilleton, il y a eu beaucoup de rebondissements : la DNCG retoque le dossier financier une première fois, puis finalement le valide, le CNOSF donne un avis défavorable puis favorable... même si à chaque fois, le Conseil d'administration de la LFP nous a barrés, il y a quand même eu des moments où on s'est vus en L2. Ça a clairement commencé à sentir le roussi quand le Conseil d'administration de la Ligue nous a refusé l'accession pour la 2e fois. A ce moment, on s'est sérieusement posé la question de l'après. 

Durant ces cinq mois, vous êtes vous dit : on dérange ?
Au début, on y pensait un peu. Puis avec le temps, c'est tout simplement devenu évident. Que tout n'ait pas été carré au début je veux bien l'entendre mais si Luzenac avait été le bienvenu en L2, il y aurait toujours eu moyen de s'arranger. Pas besoin d'être dans les hautes sphères pour le comprendre. Mais l'ironie de l'histoire, c'est que finalement, on dérange aussi les clubs de National qui vont, à l'avenir, bénéficier de notre histoire et qui ont aussi tout fait pour qu'on ne soit pas réintégrer... On dérange à tous les étages. On retiendra quand même que l'on a reçu énormément de soutiens, de la part des supporters de partout, des joueurs... du foot d'en bas finalement, et ça, on en sera toujours hyper-reconnaissants. Je suis simplement enragé parce que je ressens une forme d'injustice sociale et sportive.


La rédaction de TF1info

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