Sa relation avec les joueurs, son adaptation au PSG, son attitude... : les passionnantes confidences d'Emery

par Adrien CHANTEGRELET
Publié le 29 novembre 2016 à 18h22
Sa relation avec les joueurs, son adaptation au PSG, son attitude... : les passionnantes confidences d'Emery

FOOTBALL – Dans un entretien accordé au journal espagnol El Pais, Unai Emery s’est longuement confié sur son adaptation au PSG, sa relation avec les joueurs ou encore sa façon de concevoir le football. Morceaux choisis de cette passionnante interview.

Petit à petit, la patte Emery commence à se faire ressentir. Près de cinq mois après son arrivée sur le banc du Paris Saint-Germain, le coach basque parvient à faire assimiler ses principes de jeu à ses joueurs avec qui il entretient une relation particulière comme il l’explique dans un entretien accordé au journal espagnol El Pais et traduit en intégralité par le site CulturePSG. L’entraîneur du club de la capitale en a également profité pour évoquer les coulisses de sa nomination, son comportement, le football français... Extraits.

Sa nomination au PSG :

"J’ai demandé à Nasser : "Pourquoi tu veux me faire signer ? Que cherches-tu en moi ?". Et il m’a répondu : "Parce que tu es sur une trajectoire ascendante, tu as gagné 3 fois l’Europa League. Ce n’est pas comme la Ligue des Champions, mais le faire avec une équipe comme Séville, c’est très difficile. Tu as un gène de vainqueur. Et nous sommes une équipe habituée à gagner mais qui doit améliorer des détails. Ici nous ne pouvons pas faire un changement…"

Marco Verratti :

"Il aime toucher le ballon, et il aime le toucher souvent. Mais il a parfois du mal à regarder vers l’avant. Il en est à 2 buts en L1 cette saison et je crois que c’est son record à ce stade de la compétition. Mon objectif est de mettre en place ces détails. Que Verratti soit capable de jouer placé, avec le ballon, et de regarder vers le but adverse. C’est ce qu’a fait à son époque Iniesta. Et avant lui, Xavi. Xavi a commencé sa carrière comme milieu défensif avant de passer relayeur. Qui pouvait dire qu’il allait marquer quasi 100 buts durant sa carrière ? Il a appris. Et c’est mon travail ici. Faire en sorte que certains joueurs apprennent. Il est jeune et très impulsif, et c’est ce qui fait de lui un bon joueur. Il joue avec beaucoup de cœur."

Edinson Cavani :

"L’une des choses qui m’a le plus marqué quand je suis arrivé a été la 1ère fois que je l’ai eu au téléphone. Il m’a dit : "J’aime le football". Quand un joueur te dit cela, la moindre des choses c’est de lui montrer du respect. Parce qu’il y a peu de joueurs qui te disent qu’ils aiment le football. Cavani est en train de le montrer. Et je n’oublie pas cette phrase. Nous devons lui donner toute notre confiance. Je parle beaucoup avec lui : il se crée beaucoup d’occasions, il marque beaucoup, mais il peut faire encore davantage. Je lui dis : « Edi, nous disons tous que nous devons être humbles mais quand tu es dans une équipe comme le PSG, l’humilité tu dois l’avoir constamment avec toi. Edi, tu es humble et tu dois améliorer certaines choses. Tu dois avoir l’humilité de reconnaître que tu dois faire davantage !"

Les joueurs sont les premiers à te juger. Je sais qu’ils m’ont à l’œil.
Unai Emery

Le football français :

"Il y a une culture française du jeu individuel. Un joueur va te dire : "Je fais ce que je dois faire. Tu me dis que je marque tel joueur et je reste sur ce joueur". Non. Tu as une zone de marquage attitrée dans un système et tu dois marquer un homme. Mais il peut y avoir un mouvement et il se peut que tu sois en supériorité numérique ou un changement de position. Le joueur que tu marques n'est donc plus le même. En France, tout part des duels. Même pour récupérer le ballon chacun reste dans sa zone.  Il faut apprendre à mieux jouer !"

Son comportement sur le banc :

"Il y a une chose qui nous pousse, nous les entraîneurs qui voulons aller de l’avant, et qui est la passion. S’il y a quelque chose que transmettent Guardiola, Simeone… c’est la passion. J’ai lu qu’on me critiquait en disant : "les entraîneurs qui gesticulent beaucoup rendent nerveux les joueurs !". Cela s’appelle de l’ignorance. Si ceux qui gesticulent transmettent de la nervosité je n’aurais pas gagné ce que j’ai gagné. Et regarde si Guardiola et Simeone ne gesticulent pas…

Sa relation avec les joueurs du PSG :

"Le PSG est une équipe assez responsable, assez mature, exigeante. Ce qu’il faut faire davantage ici, c’est gérer les joueurs en leur donnant constamment de la confiance et en leur montrant de la considération. Je n’agis pas systématiquement de la même manière. J’analyse d’abord le joueur et la personne, et ensuite j’agis. J’analyse le groupe au niveau personnel, tactique et humain, et à partir de là j’essaye de le gérer. Je dois faire mes preuves ! Je viens ici pour aider les joueurs, pour travailler, pour renforcer tout ce qui a été fait de bien – il y en a beaucoup – et voir là où on peut s’améliorer. Dans ces équipes peuplées de joueurs qui ont tant gagné, les joueurs observent beaucoup l’entraîneur. Ce sont les premiers à te juger. Je sais qu’ils m’ont à l’œil. Je ne m’occupe pas vraiment de l’extérieur, mais de l’intérieur. Ce qui m’importe, c’est d’être crédible face aux joueurs. Que pour eux, je sois un professeur, qui leur enseigne des choses. J’apprends beaucoup des joueurs."


Adrien CHANTEGRELET

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