Une boulette ce week-end, 7 buts encaissés mercredi... Faut-il s’inquiéter pour Hugo Lloris ?

par Hamza HIZZIR
Publié le 2 octobre 2019 à 17h16
Une boulette ce week-end, 7 buts encaissés mercredi... Faut-il s’inquiéter pour Hugo Lloris ?
Source : Glyn KIRK / IKIMAGES / AFP

FOOTBALL – Trois jours après une bourde embarrassante contre Southampton, Hugo Lloris a vécu une soirée cauchemardesque face au Bayern Munich, encaissant 7 buts ce mardi soir en Ligue des champions. Le début du déclin pour le gardien et capitaine des Bleus ?

À l’échelle du football, le gardien de but est un extra-terrestre. Le seul à porter un maillot différent de celui des dix autres joueurs de son équipe. Le seul à pouvoir utiliser ses mains. Le seul, aussi, devant son but quand un tir fuse ou que les défenseurs sont dépassés. Littéralement le dernier rempart, et donc celui vers qui les regards se tournent spontanément après un but encaissé. Ce qui fait de ce poste une corporation à part entière. Mais il est rare, pourtant, qu’ils s’expriment publiquement sur leurs confrères, la faute à une rivalité à distance ne disant pas son nom dans un marché très fermé. Manuel Neuer l’a fait, mardi 1er octobre, au sortir de la victoire (2-7) du Bayern Munich à Tottenham : "Je suis vraiment désolé pour Hugo Lloris. Il ne pouvait rien faire et il a encaissé sept buts à domicile. C’est dur."

Ici, la compassion confine à la pitié, expliquant l'initiative du gardien allemand. Lequel n’ignorait sans doute pas que son homologue français avait commis une énorme bourde trois jours auparavant, finalement sans conséquence, lors d’un match du championnat anglais face à Southampton qui a vu les Spurs s’imposer 2-1 après avoir concédé une embarrassante ouverture du score, sur laquelle le gardien tricolore a quasiment reproduit à l’identique sa boulette de la finale de la Coupe du monde 2018, à savoir un dribble audacieux, au pied, et complètement raté, devant un attaquant adverse.

Durant les dix dernières minutes du match, je me sentais vraiment mal... Surtout pour les supporters, parce que nous avons renoncé trop facilement.
Hugo Lloris mardi soir

Une fébrilité qui interpelle quand on connaît la carrière d’Hugo Lloris, de Nice à Tottenham en passant par Lyon et les Bleus, soit près de quinze ans de professionnalisme sans qu’on puisse lui adresser le moindre véritable reproche. Désormais âgé de 32 ans, le gardien est-il aux prises avec un déclin physique et/ou psychologique ? Pour son actuel entraîneur en club, Mauricio Pochettino, il ne s’agissait, samedi, que d’une de ces bévues qui arrivent à tout le monde : "C'est comme quand un attaquant rate un penalty, un but ou une passe. Les erreurs font partie du football. J'ai été joueur professionnel et je sais ce qui se passe sur un terrain", a en effet plaidé le coach argentin.

L’intéressé, lui, avait voulu retenir la victoire finale ce jour-là, lâchant : "Je suis furieux contre moi-même. Mais la réaction était plus importante, et je suis vraiment heureux de ma performance en seconde période." Et après les sept buts encaissés mardi ? "Ils (les joueurs du Bayern Munich) nous ont respectés, c’est la marque des grandes équipes, quand ils en ont l’occasion, ils vous tuent, a-t-il réagi, sans fuir, comme d'autres, les micros se tendant devant lui après la rencontre. Durant les dix dernières minutes du match, je me sentais vraiment mal... Surtout pour les supporters, parce que nous avons renoncé trop facilement. C’est une soirée qui nous affecte beaucoup. Maintenant, ça devient une question de caractère. Il faut se nettoyer l’esprit et aller de l’avant pour gagner samedi."

Ça lui arrive de faire des erreurs, mais si on fait le bilan des points qu’il rapporte...
Didier Deschamps sur Hugo Lloris le 2 septembre

Une déclaration fondamentale pour saisir son point de vue : aussi loin qu’on s’en souvienne, et même durant le Mondial 2018, compétition où il aura pour le moins brillé par ses arrêts déterminants, Hugo Lloris a toujours refusé avec acharnement de commenter ses propres prestations. Son prime de gardien est exclusivement collectif, refusant de s’isoler des dix joueurs de champ. Ce qui renvoie logiquement au début de saison de Tottenham, finaliste de la dernière Ligue des champions, incapable depuis la reprise, début août, d’aligner deux victoires de rang, quels que soient les joueurs alignés, et avant même que le gardien lui-même ne soit contaminé par cette fébrilité ambiante.

Chez les Bleus, du reste, Hugo Lloris n’a affiché aucune faiblesse lors des matchs de septembre, ce qui interdit toute remise en cause prématurée de son statut. Interrogé il y a pile un mois sur le manque de reconnaissance dont pourrait souffrir son capitaine, voici ce qu’avait répondu le sélectionneur, Didier Deschamps, presque prémonitoire sur ce coup : "Hugo est un très, très bon gardien. Ça lui arrive de faire des erreurs, mais si on fait le bilan des points qu’il rapporte...  Il enchaîne les saisons avec le même professionnalisme, la même exigence, et il garde son niveau. Il n’est pas expansif, il ne recherche pas la lumière, mais en qualité pure il fait partie des meilleurs du monde." Une hypothèse peut, du reste, expliquer sa méforme actuelle : le champion du monde est devenu papa pour la 3e fois il y a à peine deux semaines, ce qui raccourcit sans doute ses nuits.


Hamza HIZZIR

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