Ajaccio-Le Havre : bus attaqué, insultes et bagarre, retour sur ce grand n'importe quoi

Publié le 21 mai 2018 à 12h02, mis à jour le 21 mai 2018 à 15h03
Ajaccio-Le Havre : bus attaqué, insultes et bagarre, retour sur ce grand n'importe quoi

FIASCO - Dimanche soir, l'AC Ajaccio s'est qualifié au bout du suspense pour le match de barrage de Ligue 1, après sa victoire sur Le Havre (2-2, 5 t.a.b à 3). Mais deux jours après l'attaque du bus du HAC par des pseudo-supporters corses, cette rencontre déterminante a de nouveau été émaillée d'incidents sur et en dehors de la pelouse.

Le football français n'en est pas ressorti grandi. Deux jours après le report du match initial, programmé vendredi, en raison d'incidents à proximité du stade François-Coty, l'AC Ajaccio a finalement remporté aux tirs au but (2-2, 5 t.a.b à 3) le barrage de Ligue 2, ce dimanche 20 mai, face à l'équipe du Havre. Les Corses affronteront Toulouse, 18e de Ligue 1, dès mercredi pour retrouver l'élite, quatre ans après leur relégation. Mais plus que tout, on retiendra que le play-off a tourné au pugilat, comme on le redoutait. La rencontre a basculé dans le n'importe quoi (quatre cartons rouges), les deux équipes terminant à 9 contre 9 dans un climat délétère. Autant d'éléments qui interrogent sur la gestion du match par la Ligue de football professionnel (LFP).

Une célébration qui fait basculer la rencontre

Dimanche soir, les deux formations, à égalité (1-1), disputent la prolongation du pré-barrage d'accession à la Ligue 1. On joue alors la 108e minute lorsque tout dégénère. Bousculé avec véhémence par Mathieu Coutadeur, l'arbitre Frank Schneider exclut le Corse et siffle un penalty en faveur du Havre, comme l'y autorise le règlement, l'action s'étant déroulée dans les 16 mètres ajacciens. Jean-Philippe Mateta, l'attaquant du HAC, le transforme, puis s'en va chambrer le public corse, en réaction à des insultes venus des tribunes. Dès lors, une bagarre éclate entre les deux équipes. Des coups sont échangés et des supporters envahissent la pelouse. Dépassé, M. Schneider sort trois cartons rouges coup sur coup. Mateta, et son coéquipier Bain, sont finalement renvoyés au vestiaire, tout comme Sainati pour Ajaccio.

La fin de match est houleuse entre les deux formations, réduites à neuf. La nervosité est contagieuse. Finalement, au bout du temps additionnel, à la 126e minute, c'est Mohamed Mady Camara d'une demi-volée puissante depuis l'entrée de la surface qui remet les deux équipes à égalité (126e, 2-2) et arrache les tirs au but pour Ajaccio. À ce moment-là, François-Coty chavire de nouveau. Les supporters, fous de joie, craquent des fumigènes et envahissent partiellement la pelouse. Quelques minutes seulement avant la séance décisive. Grâce à un arrêt de Jean-Louis Leca, c'est finalement l'ACA qui empoche la qualification pour le barrage.

Un résultat, deux ambiances

Un épilogue final que ne digère pas Oswald Tanchot, l'entraîneur du HAC. "Je suis fier de mes joueurs et dégoûté du football. Et triste car l'équipe qui devait passer a été éliminée. Je suis triste pour mes joueurs qui ont été au bout d'eux-mêmes dans les conditions que vous connaissez. Ils ont réussi un exploit jusqu'à ce dernier ballon. On n'a pas été arbitré correctement sur le but de Jean-Philippe Mateta. Il a l'habitude de célébrer ses buts comme Memphis Depay (l'attaquant de Lyon, ndlr) qui est son ami. Il lui a rendu hommage et termine avec un carton rouge", regrette-il, amer. "C'était sans doute mieux que ce match se termine par une victoire de l'AC Ajaccio. On s'est déplacé deux fois en 48 heures. Il n'y pas eu d'équité dans ce match." 

Du côté de l'ACA, Olivier Pantaloni préfère retenir la qualification miraculeuse plutôt que les incidents qui ont émaillé le pré-barrage d’accession en Ligue 1. "C'est le plus beau moment de ma carrière", avoue le coach d'Ajaccio. "Avec un scénario assez particulier, des décisions qu'on a eu du mal à comprendre. On a retrouvé, à l'image de certains matches de cette saison, l'énergie nécessaire pour renverser la vapeur et aller chercher cette victoire. Tout le monde voulait réaliser quelque chose de grand. On avait travaillé les penalties. Cette équipe est très puissante et dispose d'atouts physiques. Ils ont eu 48 heures de plus pour venir, ils étaient frais. Ce match a été compliqué, l'égalisation est un coup de massue. On n'a jamais renoncé."

La gestion du match par la Ligue interroge

Il n'empêche qu'après l'accueil réservé par les pseudo-supporters corses aux Havrais vendredi, entre chants racistes et jets de bombes agricoles causant le report de la rencontre, ce match de pré-barrage d'accession à la Ligue 1 reprogrammé ce dimanche soir a de nouveau entaché l'image du foot. Les conditions étaient tout sauf optimales pour jouer ce match couperet.

PASCAL POCHARD-CASABIANCA / AFP

De fait, après les incidents survenus deux jours plus tôt, on peut s'interroger sur les raisons qui ont poussé la Ligue à privilégier un report du match à Ajaccio, et non de le disputer sur terrain neutre. Pourquoi une telle décision ? Sur le terrain, ensuite, le chambrage de Mateta, réponse inutile aux insultes venues des tribunes, a été logiquement sanctionné. Mais des coups ont été portés à son encontre, par Gimbert notamment, sans aucune sanction. Comment l'expliquer ? L'attaquant de l'ACA a par ailleurs donné la victoire aux Ajacciens en transformant le dernier tir au but. Enfin, qu'en est-il d'Olivier Pantaloni, l'entraîneur corse exclu à la 85e minute mais revenu sur la pelouse, sous le nez des délégués et des arbitres, pour la séance de tirs au but ? Cela est pourtant strictement interdit par le règlement. Bref, tout n'a pas tourné rond dimanche soir en Corse. Reste à savoir quelle suite, s'il y a, la LFP donnera à ce simulacre de football.


Yohan ROBLIN

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