Grand Prix de France au Castellet : pourquoi ce retour de la F1 sur le circuit Paul Ricard est historique

par Romain LE VERN Romain Le Vern
Publié le 24 juin 2018 à 14h43, mis à jour le 17 juin 2022 à 13h49

Source : JT 13h Semaine

ÉVÉNEMENT - Après dix ans d'absence, le Grand Prix de France de Formule 1 revient, et pas n'importe où : sur le mythique circuit Paul Ricard du Castellet, dans le Var. Ce qui n'était pas arrivé depuis 1990 ! Des retrouvailles programmées ce dimanche (en direct sur TF1 à partir de 15h50) et qui ravivent de nombreux souvenirs de F1 aux férus de sport.

Tout simplement historique. 28 ans après avoir hébergé la dernière fois en 1990 sur sa piste le Grand Prix de France - et 10 ans après l'exil de ce dernier à l'étranger -, le circuit Paul Ricard du Castellet retrouve enfin les faveurs de la Fédération Internationale de l'Automobile (FIA), organisatrice du championnat du monde de F1. Et les courbes dessinées sur le plateau de Signes de redevenir l'écrin français pour abriter un "Grand Prix de France nouvelle génération". De quoi redorer le blason de ce bastion historique. 

Car, oui, le Grand Prix de France au Paul Ricard, c'était il y a fort longtemps, entre 1971 et 1990 donc, pour un total de quatorze éditions menées en alternance avec le circuit de Dijon-Prenois entre 1974 et 1984. Des éditions essentiellement marquées par les succès des écuries françaises Renault et Ligier et toutes remportées par des pilotes de légende, dont 80% des champions du monde de l'époque.

Temple de l'automobile créé par l'inventeur du Pastis

Ce circuit a évidemment toute une histoire : sis en pleine garrigue provençale, à une trentaine de kilomètres de Toulon, près de la commune de Signes, il a été créé en 1969 par l'industriel marseillais Paul Ricard (incroyable mécène, inventeur du Pastis !), qui a transformé avec un flair de génie un millier d'hectares caillouteux sur les hauts du Castellet en temple de l'automobile. Au fil des années, ce haut-lieu deviendra réputé pour la qualité de ses infrastructures cornaquées par l’ingénieur Charles Deutsch. En dépit d'une première édition douloureuse (Ricard était alors à deux doigts de jeter l'éponge !), le Grand Prix de France au Castellet deviendra une réussite, à la fois sportive, économique, populaire - tous les Grand Prix étant retransmis en direct à la télévision. 

Surnommé "Monsieur 4 victoires au Castellet" (1983, 1988, 1989, 1990), Alain Prost demeure le dernier gagnant de l'édition courue au Paul-Ricard -il était alors chez Ferrari. Mais il n'est pas le seul pilote français à avoir marqué les esprits.  Jean-Pierre Beltoise, Jean-Pierre Jabouille, Jacques Laffitte, Patrick Depailler, René Arnoux, Didier Pironi, Patrick Tambay ou encore Jean Alesi ont, eux aussi, été révélés là-bas. L'année 1982 demeure encore notamment bien vivace dans les mémoires pour le triomphe tricolore (René Arnoux et Alain Prost devançant Didier Pironi et Patrick Tambay sur Ferrari). 

Estrosi à l'origine du come-back

Alors, pourquoi autant d'absence ? Pourquoi tout s'est-il arrêté en 1990 ? Le circuit Paul Ricard a tout simplement laissé la place à un autre circuit, celui de Magny-Cours dans la Nièvre, département dit-on cher au président de la République d'alors François Mitterrand et à son Premier ministre Pierre Bérégovoy. Mais insatisfaisant à bien des endroits, le circuit de Nevers a souffert de la concurrence à l'étranger. Et le divorce entre la France et  la Formule 1 en 2009, après 102 ans de présence, de couler dans le plomb tout espoir de renaissance du circuit Paul Ricard pour le Grand Prix de France. Du moins, le pense-t-on...

A l'initiative de ce come-back au Castellet, se cache Christian Estrosi, naguère champion moto concourant sur les circuits Paul Ricard et Magny-Cours. Après avoir cédé son poste de président de la PACA, il a pris la tête du GIP "Grand Prix de France - Le Castellet". Et, en tablant sur des retombées touristiques allant des Bouches-du-Rhône jusqu'aux Alpes-Maritimes, il a convaincu le milliardaire britannique Bernie Ecclestone, alors propriétaire du circuit depuis 1999 (il l'a depuis cédé à son ex-épouse Slavica Radic après un divorce), de mettre en place de grands travaux.

66.000 spectateurs

Le dessein ? Trouver des arguments suffisamment forts et éloquents pour retrouver la grandeur d'antan, ramener le Grand Prix en France et très précisément sur le circuit Paul Ricard et ainsi raviver la liesse. Dans cette optique, il a demandé, entre autres, la création de nouvelles zones de dépassement sur la piste. Un nouveau tracé afin de dynamiser les enjeux (ce sera moins ardu pour dépasser, en d'autres termes) et redonner le goût de ce spectacle dont le budget total est estimé à 32 millions d’euros. 

Avec 66.000 spectateurs attendus par la course de dimanche, de prospères retombées économiques (estimées pour l'heure à 65 millions d'euros) sont espérées pour ce qui reste l'un des événements sportifs les plus suivis de la planète. 


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