Affaire de l'agent de sécurité de l'aéroport de Nice : radicalisation ou islamophobie ?

Publié le 21 janvier 2014 à 17h46
Affaire de l'agent de sécurité de l'aéroport de Nice : radicalisation ou islamophobie ?

JUSTICE – C’est sur la base d’une enquête des services de renseignements que le préfet des Alpes-Maritimes a retiré son habilitation à l'agent de sûreté travaillant à l’aéroport de Nice Côte d’Azur. La préfecture a justifié cette décision ce mardi devant le tribunal administratif de Nice.

Avec ses cheveux ras, sa courte barbe et ses lunettes élégantes, Sofiene, un Français de confession musulmane, âgé de 25 ans, n’attire sans doute pas l’attention dans les rues de Nice. Il n’en va pas de même sur son lieu de travail : la très sensible et hautement sécurisée "zone réservée" de l’aéroport de Nice. Agent de sûreté affecté au contrôle des bagages en soute, il est suspecté de radicalisation religieuse. Il n’en fallait pas plus pour convaincre le préfet des Alpes-Maritimes de lui retirer de son titre de circulation et d’habilitation pour l’accès en "zone réservée" . Sans ce sésame, il ne peut plus travailler et réclame donc au tribunal administratif de Nice qu'il suspende la décision du préfet.

L’affaire est prise très au sérieux par la préfecture, qui a dépêché ce mardi après-midi le directeur de cabinet du préfet en personne au tribunal. "Nous avons agi à titre conservatoire car la police aux frontières a été avisée qu’un personnel pouvait avoir un comportement particulier", indique Jehan-Eric-Winckler, avare de détails. Le juge des référés réclame des précisions. "Il y a eu une enquête de la Direction départementale des renseignements intérieurs. Il ne présente pas les garanties requises au regard de la sécurité publique…"

"Il faut stopper cette cabale"

Le jeune salarié a montré "un renfermement sur lui-même", ne fait "pas la bise aux femmes", "répond en arabe à certains de ses interlocuteurs", fait savoir qu’il faut "appliquer les règles strictes de l’Islam pur", et n’a pas montré "de répulsion sur des actions terroristes commises en France" développe Jehan-Eric-Winckler. Un faisceau de présomptions de radicalisme religieux a conduit le préfet à écarter le jeune homme de la "zone réservée" de l’aéroport. "La radicalisation n’est pas une vue de l’esprit, elle existe : deux cellules islamistes ont été démantelées à Cannes" souligne le représentant du préfet.

Son avocat, Me Sefen Guez Guez, conteste. Il ne fait pas de bise aux femmes ? "On a le droit d’être un peu vieux jeu ou réservé". Il adresse un "as-salam alaykum" à ses collègues arabes ? "Cela veut dire ‘Que la paix soit sur vous’, on est loin du cri de guerre ! Soit c’est l’usage de l’Arabe qui pose problème et il faut proscrire l’usage des langues étrangères des aéroports, soit c’est le fait qu’il soit musulman et nous sommes face à un cas flagrant d’islamophobie !" Pour l’avocat, "cette situation ubuesque part d’une simple dénonciation calomnieuse. Il faut stopper cette cabale menée contre quelqu’un de populaire auprès de ses collègues, délégué syndical CGT et élu au CHSCT (comité d'hygiène, de sécurité et des conditions de travail), qui provoque des jalousies".

La décision du tribunal a été mise en délibéré.


La rédaction de TF1info

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