Démonstration de force des taxis contre l’arrivée d’Uber à Marseille

Publié le 8 juin 2015 à 13h36

TRANSPORT – Une centaine de taxis marseillais ont manifesté lundi matin devant un hôtel du 6e arrondissement de la ville où une réunion avec des responsables d’Uber devait se tenir.

La réplique ne s’est pas fait attendre. Dès l’annonce de l’arrivée du service UberPOP de la compagnie californienne Uber à Marseille, les taxis se sont aussitôt mobilisés pour empêcher une séance de recrutement dans les salons de l’hôtel Mama Shelter , situé dans le VIe arrondissement de la ville.

Une vingtaine, une cinquantaine puis, rapidement, une centaine d’artisans se sont ainsi retrouvés dans le hall de l’établissement pour exprimer leur colère. "Il n'y aura pas d’embrouilles mais on veut juste voir les responsables d’Uber", lâche, déterminé, un chauffeur au directeur adjoint de l’hôtel, qui redoute que la situation ne dégénère.

Pas dans l’immédiat. Muni d’un mégaphone, Rachid Boumedja a rapidement réussi à calmer les esprits mais le secrétaire général adjoint du Syndicat des taxis Marseillais reste déterminé. "Notre but est d’empêcher les recrutements. On attend de voir si des candidats viennent, prévient le syndicaliste, appelant les pouvoirs publics à réagir. On travaille entre douze et quinze heures par jour pour un salaire à peine plus élevé que le SMIC et on devrait maintenant faire face à une concurrence déloyale".

Uber condamné mais serein

Contre toute attente, Uber, leader mondial des voitures de transport avec chauffeur (VTC) dans plusieurs villes de France, a annoncé lundi son arrivée à Marseille, Strasbourg et Nantes, affirmant poursuivre "sereinement" son développement malgré les controverses et ennuis judiciaires.

Le géant californien, qui capitalise sur sa populaire application mobile mettant en relation passagers et chauffeurs, a en outre décidé d'aborder ces trois nouveaux marchés avec son service à prix cassés UberPOP, controversé car les conducteurs ne sont pas des professionnels mais de simples particuliers.

"Je crains le pire"

Sur le terrain juridique, la compagnie a été condamnée à 100 000 euros d'amende par le tribunal correctionnel de Paris fin 2014. La société a fait appel. Le préfet du Nord l'a interdit fin mai pour "concurrence déloyale" vis-à-vis des VTC et taxis, une profession ulcérée par le développement de cette activité, à l’image de Gilles, chauffeur depuis douze ans à Marseille.

"Ras-le-bol ! Déjà que c’est dur, il faut maintenant se battre quotidiennement pour continuer notre métier", déplore l’artisan prêt à en découdre. Et avec la manière s’il le faut. "Quand les taxis-motos sont arrivés, on a mis des cadenas aux roues pour les bloquer. On a bien fait comprendre aux autres VTC qu’ils n’étaient pas les bienvenus. Si je vois un chauffeur d’Uber, franchement, ça risque de mal se passer", assure-t-il.

"Je crains le pire pour plus tard, redoute Rachid Boumedja. Pour l’instant, il faut que tout le monde garde son sang-froid", lance le syndicaliste, interpellant avant tout les autorités. "C’est à eux d’agir et le préfet en premier. Dans le Nord, il a interdit cette concurrence déloyale, je n’attends pas moins de lui ici".

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La rédaction de TF1info

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