"Des exigences délirantes" : les propriétaires montent au front contre la nouvelle taxe énergétique envisagée par Hulot

Publié le 4 octobre 2017 à 17h20, mis à jour le 4 octobre 2017 à 17h30
"Des exigences délirantes" : les propriétaires montent au front contre la nouvelle taxe énergétique envisagée par Hulot

POLÉMIQUE - Le gouvernement veut en finir avec les "passoires thermiques". Dans cette optique, Nicolas Hulot envisage, à plus ou moins long terme, de contraindre les propriétaires à rénover leurs logements anciens. Une idée qui passe mal, même si le gouvernement tente de temporiser et de relativiser l'impact de son projet.

Leurs réactions n'ont pas tardé. Comme on pouvait s'en douter, les propriétaires ont rapidement dénoncé ce mercredi le document du ministère de la Transition écologique paru dans Le Parisien. Ce document propose de taxer les propriétaires de logements anciens, classés F ou G pour leurs mauvaises performances énergétiques, s'ils ne mettent pas leur habitation aux normes.

Si être propriétaire n'a plus de valeur, plus personne ne voudra investir, et de plus en plus de logements resteront vacants.
Jean Perrin, président de l'UNPI

Une annonce qui a d'ores et déjà fait bondir l'Union Nationale des Propriétaires Immobiliers (UNPI). Forte de ses 120 chambres syndicales et ses 300.000 adhérents, elle a vivement réagi par la voix de son président : "’Il s’agit une nouvelle fois de mettre à contribution les propriétaires en imposant de nouvelles obligations lourdes et cela sans aucune concertation", s'emporte Jean Perrin, que nous avons interrogé.

"La rentabilité immobilière pour le bailleur diminue de jour en jour : IFI (impôt sur la fortune immobilière), hausse de la CSG, augmentation des taxes foncières, diagnostics … Si être propriétaire n'a plus de valeur, plus personne ne voudra investir, et de plus en plus de logements resteront vacants", poursuit-il. "Tous les propriétaires ne sont pas riches, il est donc inacceptable d’imposer des mesures coercitives qui vont une nouvelle fois venir bloquer le marché. Il faut en revanche maintenir des systèmes incitatifs, comme les crédits d'impôts", conseille-t-il.

Rénovation dès 2022 de la moitié des "logements-passoires"

"Rien n'est arrêté", répond  de son côté à LCI le cabinet de Nicolas Hulot. "Nous sommes dans une logique d'incitation, pas de coercition", affirme-t-il.  "L'idée, c'est d'accompagner les propriétaires qui souhaitent faire des travaux par des dispositifs d'aide, mais aussi de dire clairement que les propriétaires ont la responsabilité de faire des travaux", précise le ministère, qui rappelle que la rénovation, dès 2022, de la moitié des "logements-passoires occupés par des propriétaires précaires", tout comme "l'interdiction des passoires énergétiques à la location à compter de 2025", font partie des projets du président de la République.

Alors pour éviter une "double-peine" aux familles les plus modestes qui n'ont pas d'autres choix que d'acheter ces fameux "logements-passoires", il est envisagé de transformer en 2019 le crédit d’impôt pour la transition écologique en prime. "Contrairement au crédit d’impôt, qui est versé tardivement, après la réalisation des travaux, en général à la fin de l’année suivante, la prime sera versée dès les travaux achevés. Cela permettra aux ménages de ne pas avancer les fonds", se félicite le ministère. Autre piste,  l’aide au remplacement d’une vieille chaudière au fioul par une chaudière utilisant des énergies renouvelables (pompe à chaleur, chaudière bois) sera renforcée pour les ménages aux revenus modestes et très modestes. 

Une concertation avant la fin de l'année

Le gouvernement reste toutefois lucide : "Il est bien entendu inenvisageable de retirer du marché de la location les passoires thermiques" (soit quelque sept millions de logements en France) "car cela accentuerait le manque de logements que l'on connaît", note encore le ministère de la Transition écologique. "Nous travaillons à trouver la piste la plus acceptable, et la plus 

solidaire, qui permette aux locataires de ne plus habiter dans les passoires, à terme. Une concertation avec le secteur sera lancée d'ici la fin de l'année". 


Virginie FAUROUX

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