"Des mesures homéopathiques"

Publié le 29 janvier 2012 à 22h31
"Des mesures homéopathiques"

Après l'intervention du chef de l'Etat dimanche soir, Nicolas Bouzou, économiste au sein du cabinet Astérès, répond aux questions de Metro.

Apprentissage, logement, TVA sociale... Quel peut être l'impact sur l'emploi et la croissance des mesures annoncées par Nicolas Sarkozy ?
Globalement, ces mesures extrêmement différentes les unes des autres vont dans le bon sens, mais elles ne sont pas très spectaculaires. En terme d'ampleur, on est quand même sur des choses homéopathiques.

Vous êtes un partisan de longue date de l'idée controversée de "TVA sociale". Comment jugez-vous le dispositif mis en place ?
Justement, un peu faible. Si on fait une TVA sociale, il faut la faire complètement, c'est-à-dire baisser les charges non pas de 15 milliards, comme avec cette augmentation de 1,6 point de la TVA, mais de 30 ou 40 milliards. C'est là que vous allez avoir un impact sur l'emploi. J'ai peur qu'avec ce type de demi-mesure, on braque les gens contre un dispositif qui aurait pu donner de bons résultats si on l'avait fait de façon plus complète. Après, je suis pragmatique. Je sais bien que les considérations économiques s'entrechoquent avec des considérations plus politiques : le fait que Nicolas Sarkozy veuille se représenter est une difficulté du point de vue économique.

C'est-à-dire ?
S'il ne se représentait pas, ça permettrait de faire des réformes beaucoup plus efficaces. Là, on voit bien que la volonté de remonter dans les sondages le contraint dans ses mesures.

La hausse de TVA n'interviendra qu'en octobre. Quel effet ça peut avoir sur la consommation ?
Beaucoup de gens vont l'anticiper et donc faire de gros achats avant le mois d'octobre et, j'imagine, le Président espère avant la fin du quinquennat. En revanche, on aura une baisse de la consommation transitoire mais assez nette à la fin de l'année. C'est évidemment un petit coup politique : c'est bon pour le gouvernement en place mais très embêtant pour celui qui sera là à la fin de l'année. Il aura mécaniquement moins de croissance.

Y a-t-il une mesure qui vous a surpris dimanche soir ?
L'idée qui consiste à dire qu'on permet aux communes d'augmenter les surfaces constructibles de 30% me paraît excellente. Elle ne coûte rien et c'est vraiment en construisant plus qu'on va régler le problème du logement et faire baisser les prix. En plus, c'est bien d'encourager le secteur de la construction. Cela génère des emplois qui ne sont pas forcément très qualifiés.


La rédaction de TF1info

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