DUO - Farid Benyettou, ancien leader de la "filière des Buttes-Chaumont", a décidé de s'associer avec Dounia Bouzar, anthropologue aux méthodes parfois controversées, dans la lutte anti-radicalisation. Une équipe insolite désapprouvée par le ministère de l'Intérieur.
Elle fut la première à lutter contre l’embrigadement djihadiste. C'était en 2014. Dounia Bouzar, anthropologue aux méthodes parfois controversées, était mandatée jusqu'à cet été par l'Etat pour former des équipes "anti-radicalité" au sein des préfectures.
De son côté, Farid Benyettou a été condamné en 2008 à cinq ans de prison pour "association de malfaiteurs en vue de préparer des actes terroristes". Il était à la tête de la "filière des Buttes-Chaumont", une filière djihadiste qui, en 2004 et 2005, proposait des départs pour combattre les troupes américaines en Irak. L'"émir", comme on le surnomme, prêchait le wahhabisme dans le XIXe arrondissement de Paris. Parmi ses élèves, un certain Chérif Kouachi qui, accompagné de son frère aîné Saïd, a commis en janvier 2015 l’attentat contre Charlie Hebdo.
Incarcéré à Osny (Val-d’Oise), il va alors "se déradicaliser" en prison, comme il l’expliquait en janvier au site Mediapart : "Auparavant, ma vie se résumait à la mosquée et à mes amis fondamentalistes comme moi. J’avais arrêté mes études en seconde. Je fonctionnais en vase clos".
J'ai discuté avec Farid pendant six mois avant de lui faire pleinement confiance
Dounia Bouzar
Selon Libération qui révèle l'information, c’est Farid Benyettou qui aurait pris l’initiative du rapprochement avec Dounia Bouzar. "J'ai discuté avec Farid pendant six mois avant de lui faire pleinement confiance", explique Dounia Bouzar au quotidien. Après être intervenu bénévolement dans des ateliers de déradicalisation organisés par l'anthropologue, il a été embauché en CDD au centre de prévention contre les dérives sectaires liées à l'Islam (CPDSI), qu'elle dirige.
Au grand dam du ministère de l'Intérieur qui s'est toujours opposé à l'intervention de Farid Benyettou dans ces ateliers, ne le considérant pas comme un "partenaire de confiance". Dounia Bouzar n'en a cure. Depuis la fin du mois d'août, l'activité du CPDSI est, en effet, financée par le cabinet Bouzar Expertises et ne dépend plus de l'Etat.
Dounia Bouzar assure dans Libération que le "formateur" a "sauvé une trentaine" de jeunes en voie de radicalisation. Des résultats toutefois invérifiables. "Il faut laisser un espace aux repentis, sinon ils en crèvent", se justifie-t-elle, balayant les critiques quant au passé trouble de Farid Benyettou.
Mais la sincérité de l'amendement de Farid Benyettou questionne. Pourrait-il pratiquer la taqya, cette technique islamiste consistant à dissimuler sa radicalité ? Les internautes se sont posés la question et ont vivement réagi sur Twitter face à ce binôme sulfureux.
Le djihadiste "repenti" pratiquerait-il la taqya, cette technique islamiste consistant à dissimuler sa radicalité ? https://t.co/aUyKQeOYkj — Arthur Berdah (@arthurberdah) 20 octobre 2016
Irresponsabilité d'apprentie-sorcière : Bouzar permet à Benyettou qui a endoctrine les Kouachi et cie à "déradicaliser" On est chez les fous — Mohamed Sifaoui (@Sifaoui) 19 octobre 2016
@BCazeneuve Farid Benyettou terroriste islamiste recruteur va devenir l'ami de Bernard Cazeneuve grâce à Dounia Bouzar. Quelle folie ! — patsunny (@patsunny) 20 octobre 2016