"Il y a moins de Toulousains partis faire le djihad que de Strasbourgeois"

Publié le 20 janvier 2014 à 19h38
"Il y a moins de Toulousains partis faire le djihad que de Strasbourgeois"

TERRORISME - Mathieu Guidere, professeur d'islamologie à l'université Toulouse-Le Mirail revient sur le départ de deux jeunes lycéens toulousains faire le djihad en Syrie début janvier.

Comment expliquez-vous le type de départ des deux jeunes lycéens toulousains ?
Ce départ bénéficie d'un double prisme. Le conflit syrien est vécu comme une guerre spécifique : on se bat contre un dictateur et un régime. Il y a aussi la proximité du terrain : il est facile d'accéder à la Syrie en raison de la continuité territoriale. Contrairement au Mail ou à la Libye où il faut traverser le Sahara ou la Méditerranée. Le second aspect est l'autendoctrinement via le Web. Aujourd'hui il n'y a plus de cellules de recrutements comme c'était le cas dans les années 2000. Actuellement, les jeunes sont obsédés par une grande quantité de vidéos montrant le conflit syrien. Ils sont marqués par ces images d'horreur, auxquelles ils ne sont pas habitués, ils n'arrivent plus à dormir. Ils font une fixation sur cette guerre et sont tentés par le départ.

Cette affaire est-elle spécifique à Toulouse ?
Non braquer les projecteurs sur Toulouse et la région Midi-Pyrénées est une focalisation artificielle. Le ministre de l’Intérieur a parlé de 250 Français impliqués dans le conflit syrien. L es gens qui partent de Toulouse vers la Syrie sont moins nombreux que ceux du Nord, de Rhône-Alpes ou de Strasbourg. En quantité il n'y a pas de spécificité toulousaine.

Quelle influence peut avoir l'affaire Merah dans ce dossier ?
L'historique de l'affaire Merah est de s'être fait connaître par des vidéos. Mohamed Merah a utilisé des films pour laisser une trace médiatique. Cette façon de faire est restée dans l'imaginaire de la jeunesse radicale en Midi-Pyrénées. Dans les autres régions, ceux qui partent sont plus discrets, ne racontent pas ce qu'ils font, ils n'appellent pas leurs parents, et ne postent pas de vidéos sur YouTube ou Facebook.


La rédaction de TF1info

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